Et si être belle ou riche ne rendait pas l’amour plus facile… mais plus confus ? Dans Materialists, Céline Song interroge les faux-semblants du désir, incarnés par Dakota Johnson et Chris Evans. Entre séduction codifiée et solitude des apparences, le film soulève une question rarement traitée : comment aimer librement dans un monde obsédé par la valeur perçue ? Et surtout, que disent les études sur cette étrange difficulté à trouver l’amour… quand on semble avoir tout ?
Complexité pour les jolies femmes et les hommes riches à trouver le « vrai amour » : ce que disent les études
Materialists ne se contente pas de critiquer l’industrie des rencontres ou les diktats sociaux. Le film de Céline Song entre aussi, en creux, dans un champ rarement assumé à l’écran : la solitude paradoxale des individus perçus comme favorisés. Si le dossier de presse n’emploie pas explicitement le langage de la psychologie sociale, il aborde sans détour des mécanismes connus : la marchandisation du lien, l’obsession de la valeur perçue, le poids des projections sociales sur les choix amoureux. Lucy, incarnée par Dakota Johnson, en est l’illustration : brillante, séduisante, elle ne sait plus distinguer ses vrais désirs de ceux qu’elle valorise chez ses clients. Et l’amour devient une équation sans âme, même pour les plus désirables.
Les recherches actuelles en sociologie et en psychologie sociale confirment ce paradoxe : beauté et richesse peuvent être autant d’entraves à l’amour sincère qu’elles sont des atouts sociaux. Le « pretty privilege » offre des avantages apparents (attention, valorisation, désirabilité), mais crée aussi des relations biaisées, marquées par la superficialité et le soupçon. De leur côté, les hommes riches sont souvent perçus comme instables, moins fiables, ou trop calculateurs, ce qui fragilise la confiance. La pression de l’homogamie — rechercher un partenaire du même « niveau » — ajoute encore à la difficulté : plus on monte dans les critères, plus la solitude guette.
Céline Song, sans didactisme, parvient à mettre en scène cette dissonance intime : ce que l’on projette et ce que l’on ressent ne coïncident plus. Le film illustre avec subtilité cette souffrance moderne, souvent invisible, qui naît de l’injonction à la perfection et de l’obsession du « bon choix ». Comme le résument certaines études : plus nos standards sont élevés, plus notre cœur s’égare. Et le vrai défi n’est plus de séduire, mais de s’autoriser à être aimé sans condition.
🔍 Ce que disent vraiment les chiffres : l’amour, au-delà des apparences
Contrairement aux fantasmes modernes, ni la richesse ni la beauté ne garantissent l’amour durable. 78 % des femmes et 71 % des hommes disent pouvoir tomber amoureux d’une personne riche, mais seuls 12 % estiment que l’argent n’a aucune importance en amour (étude Yomoni, 2023). Pire encore : selon Trust My Science, l’intelligence et la gentillesse arrivent loin devant le physique dans les critères réellement recherchés.
Quant à la beauté, elle n’est pas un raccourci vers le bonheur sentimental. Le phénomène du « pretty privilege » crée un paradoxe cruel : plus on est perçu comme attirant, plus il devient difficile de savoir si l’intérêt de l’autre est sincère. Et si l’on en croit Statista, plus de 60 % des personnes belles ou aisées disent avoir déjà été confrontées à la suspicion ou au calcul dans leurs relations.
Enfin, la fameuse « homogamie » – cette tendance à vouloir un partenaire de même statut – devient un piège. Trop diplômé ? Trop belle ? Trop riche ? On réduit malgré soi ses chances de croiser l’amour, en restant prisonnier d’un algorithme social invisible mais bien réel.
La double peine : quand tous les critères deviennent des barrières
Plus surprenant encore : plus une femme cumule les attributs valorisés par la société — beauté, richesse, statut social ou intellectuel élevé — plus elle s’expose à l’isolement sentimental. Ce paradoxe, souvent observé dans les enquêtes sur l’homogamie et les attentes genrées, révèle une dure réalité : les hommes, selon de nombreuses études, sont moins enclins à se projeter avec une partenaire perçue comme « au-dessus », que ce soit en réussite professionnelle, en revenus ou en prestige social. Résultat ? Ces femmes, pourtant enviées, voient leur cercle de potentiels sincères se réduire drastiquement. Elles deviennent victimes d’une hiérarchie inversée où leurs réussites, loin d’attirer, suscitent intimidation, rejet ou soupçon d’inaccessibilité.
Materialists donne un visage humain à un phénomène bien réel : le piège doré dans lequel tombent ceux que la société juge « gagnants ». Céline Song explore les faux choix, les attentes irréalistes et le malentendu fondamental entre désir sincère et désir social. Car si aimer reste un acte de foi, il devient une épreuve dès que le regard des autres s’en mêle. Et dans ce labyrinthe de projections, le seul véritable luxe devient la sincérité.
En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.


