Un raton-laveur filou, un blaireau rancunier, et un train lancé à pleine vitesse : bienvenue dans Falcon Express, le blockbuster ferroviaire made in Toulouse qui n’a pas peur de sauter les rails !
Signé par le duo Benoît Daffis et Jean-Christian Tassy – cinéphiles pur jus et enfants des vidéoclubs –, ce film d’animation embarque toute une ménagerie attachante dans une aventure survitaminée, drôle, et furieusement référencée. Entre hommage aux classiques d’action et satire douce-amère du monde moderne, Falcon Express pose ses valises sur les terres d’un Pixar à la française, mais avec l’accent du Sud et la Neuvième Symphonie de Beethoven en version guitare électrique.
Quand un film d’animation familial assume ses références et ses ambitions
Dans le paysage de l’animation française, Falcon Express débarque comme un train fou en bout de quai, et ce n’est pas une métaphore. Le dernier-né du studio TAT s’inscrit dans la lignée des films d’action à l’ancienne, à mi-chemin entre Speed, Runaway Train et Piège de cristal, tout en proposant une aventure familiale à plusieurs niveaux de lecture. Mêlant satire sociale, humour pop, personnages hauts en couleur et scènes d’action haletantes, ce long-métrage signé Benoît Daffis et Jean-Christian Tassy revendique son ADN populaire, avec un petit supplément d’âme bienvenu.
Produite par TAT Productions (déjà à l’origine des As de la jungle) et distribué par Apollo Films, l’œuvre assume pleinement son ambition de divertir tout en réfléchissant. Porté par une animation made in Toulouse et un budget de 12,5 millions d’euros, le film démontre que l’on peut jouer dans la cour des grands tout en gardant un regard singulier sur le monde qui nous entoure.

Des personnages bien écrits et un rythme qui ne faiblit jamais
Ce qui saute aux yeux — et surtout au cœur — dans Falcon Express, c’est la richesse de ses personnages. Loin du schéma classique centré sur un héros unique, le film développe un véritable récit choral. Falcon, le raton-laveur filou et attachant, Rex, le vieux chien flic rigide, Maguy, la jeune ocelot débrouillarde, ou encore Victor, lévrier maniéré, tous trouvent leur place, avec un caractère bien trempé et une utilité narrative réelle. Même les seconds rôles comme Croquette le chat grincheux ou le duo Coco et Judy gagnent en relief et émotion.
Le film bénéficie également d’un rythme soutenu, digne d’un bon blockbuster ferroviaire : les péripéties s’enchaînent sans temps mort, et chaque minute compte. Le train lancé à pleine vitesse devient le décor unique d’une course contre-la-montre, brillamment mise en scène grâce à un découpage dynamique et une tension savamment dosée. Le climax, une scène de combat entre Falcon et le blaireau Hans sur fond de Neuvième Symphonie de Beethoven à la guitare électrique, est un moment fort qui illustre l’inventivité visuelle du film.
Une satire pop et sociale assumée, malgré quelques limites
Au-delà du divertissement pur, Falcon Express propose plusieurs niveaux de lecture. Le film glisse avec malice des clins d’œil à la pop culture – influenceurs ridiculisés, perroquet complotiste, bande de rats façon Chuck Norris – tout en abordant des thématiques contemporaines. La superficialité des réseaux sociaux, les inégalités de classes (entre animaux de luxe et marginaux), la solitude masquée par le buzz : tout y passe, sans alourdir le récit.
Cependant, la critique note quelques limites. Le scénario, bien qu’efficace, reste balisé, recyclant certaines mécaniques vues dans d’autres films du genre. Et si l’ambition est là, la production souffre parfois de son inégalité : certaines séquences manquent un peu de finition, héritage d’un studio qui alterne réussites solides et essais plus timides. L’humour, quant à lui, fonctionne bien mais peut sembler trop ciblé : les références adultes échappent aux enfants, tandis que certains gags enfantins paraissent appuyés aux yeux des parents.
Enfin, malgré sa sincérité et sa générosité, Falcon Express peine encore à rivaliser, en ampleur visuelle et force narrative, avec les grands noms américains du secteur. Une comparaison cruelle, mais inévitable dans un marché mondialisé.
🎙️ Un casting vocal haut en couleur
Pour faire vibrer ce train de l’impossible, Falcon Express s’appuie sur un casting voix aussi dynamique que ses personnages. Le rôle-titre de Falcon est confié à Damien Ferrette, dont le timbre espiègle colle parfaitement au raton-laveur filou au grand cœur. À ses côtés, Hervé Jolly, voix française officielle de Clint Eastwood, incarne le rigide et loyal Rex, apportant une autorité naturelle et une touche cinéphile. La jeune Kaycie Chase prête sa voix à l’intrépide Maguy, tandis que Frantz Confiac campe Hans, le blaireau stratège et revanchard. Le tandem Emmanuel Garijo (Randy et Jimi) et Stéphane Ronchewski (Victor) enrichit encore cette galerie d’animaux aussi drôles que touchants. Sébastien Desjours double quant à lui Croquette et Coco, ajoutant une note grinçante et timide à l’ensemble. Un casting qui, à lui seul, donne le ton : énergie, justesse et personnalité.

Une étape de plus dans le parcours singulier de TAT
Falcon Express n’est peut-être pas un chef-d’œuvre révolutionnaire, mais c’est un film généreux, rythmé et étonnamment audacieux. TAT continue d’y construire une identité propre, entre amour du cinéma de genre et envie de rassembler toutes les générations. Si le film n’évite pas quelques zones de turbulence, il reste un voyage familial joyeux et intelligent, porté par un souffle sincère. Et dans un train lancé à toute allure, ce n’est déjà pas si mal.
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2 juillet 2025 en salle | 1h 26min | Animation
De Benoît Daffis, Jean-Christian Tassy |
Par David Alaux, Eric Tosti
Avec Damien Ferrette, Herve Jolly, Kaycie Chase
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