Rocktown est née d’une conversation téléphonique anodine avec une ancienne relation, des années après la rupture. Ce simple échange a suffi à rouvrir une brèche : les souvenirs ont afflué, les émotions aussi. Ce n’était pas une envie de retour, mais le constat, doux-amer, qu’une part de ce lien restait vivace. Alors, plutôt que de l’avouer, Riley McBride a choisi d’écrire. De transformer ce manque silencieux en chanson.
RockTown de Riley McBride, l’Art de suspendre le temps
Avec Rocktown, Riley McBride touche à cette grâce rare : celle de suspendre le temps dans les détails du quotidien, tout en laissant l’émotion prendre toute la place. Ici, la mélancolie n’est pas une simple couleur, elle devient une matière première. Les souvenirs affleurent, à la fois concrets et insaisissables, comme des éclats d’images trop vivantes pour être figées. Ce qui frappe, c’est cette capacité à faire dialoguer une grande pudeur avec des sensations brutes, presque naïves. La chanson devient alors un lieu mental, une carte sensible où les symboles n’ont rien de grandiloquent — ils sont vivants, fragiles, tenaces.
Ce qui émeut profondément, c’est la manière dont Rocktown traduit l’intime dans un langage presque secret, mais jamais fermé. La production, d’une justesse épurée, laisse résonner le texte comme une confidence glissée au creux de l’oreille. Tout se joue dans une forme de chaos domestique doux, une tendresse cabossée qui colle au réel. On est dans une forme de romantisme désarmé, un peu brumeux, jamais posture. Riley McBride ne cherche pas à sublimer la douleur : il l’habite, la rend habitable, comme une pièce un peu vide mais dont chaque recoin raconte quelque chose. Une manière unique de parler des sentiments, sans les forcer.
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