The Phoenician Scheme : Wes Anderson, entre héritage et rédemption


Avec The Phoenician Scheme, Wes Anderson prolonge son amour du formalisme européen en filmant, au cordeau, une odyssée paternelle entre infrastructures pharaoniques et rédemption intime. Dans un univers de lettres peintes, de noirs et blancs hérités de Pasolini, le cinéaste orchestre une partition sur le pouvoir, le legs et le pardon.

The Phoenician Scheme © 2025 TPS Productions, LLC. All Rights Reserved.
The Phoenician Scheme © 2025 TPS Productions, LLC. All Rights Reserved.

Un conte moral aux allures de fresque industrielle européenne

Wes Anderson nous revient avec un film hybride, à la croisée du thriller industriel et du conte moral, porté par un Benicio del Toro fascinant. The Phoenician Scheme suit Zsa-zsa Korda, industriel cynique et collectionneur obsessionnel, dans sa quête d’un successeur : sa fille devenue nonne. Ce film, visuellement ciselé, offre à la fois un vertige esthétique et une méditation sur l’héritage, le pouvoir, et les fantômes du passé.

Avec ce film​, le réalisateur américain montre une fois de plus son ancrage dans un cinéma européen. Ses séquences en Noir et Blanc le rapproche à Pasolini et le cinéma Italien, tout en conservant son identité forgée entre ses inspirations de la Nouvelle Vague et Jacques Tati. Avec une place importante des lettrines, des polices dans les décors rappelant une époque, celle des Peintre en lettres. 

On aime dans ses plans ce côté maniéré et bien pensé, pour dévoiler encore le récit d’un homme en recherche de sens et d’héritier. Derrière cela, se cache également une réflexion sur le pardon, la rédemption et notre aptitude à changer après une épreuve de la vie. Le tout avec un art de manier le récit et les conjonctures idéologiques de chacun de ses personnages. Le cinéma de Wes montre l’affrontement de conviction sociale et convictions personnelles où les protagonistes vont malgré-eux devoir céder et avancer pour ne pas sombrer.

The Phoenician Scheme © 2025 TPS Productions, LLC. All Rights Reserved.
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Sélectionné en Compétition officielle au Festival de Cannes 2025, The Phoenician Scheme confirme l’inscription de Wes Anderson parmi les grands maîtres du cinéma d’auteur contemporain. Une fresque singulière, attendue avec ferveur.

Pour aller plus loin dans le film

« Notre projet de départ, c’était d’inventer une histoire autour de l’une de ces grandes figures de l’industrie européenne des années 1950 », confie Wes Anderson. Inspiré par des personnalités comme Árpád Plesch ou Calouste Gulbenkian, le personnage de Zsa-zsa est né du désir de créer une figure à la fois charismatique, amorale et inclassable. Cette création a aussi été nourrie d’une source personnelle : le père de Juman Malouf, Fouad Malouf, homme d’affaires libanais, dont la légende familiale a directement influencé l’écriture du film. L’histoire, conçue avec Roman Coppola, s’est progressivement orientée vers un duo central : un père et une fille liés par l’intérêt, puis par le pardon.


📌 Pourquoi Wes Anderson a-t-il choisi Benicio del Toro pour le rôle principal ?

Le rôle de Zsa-zsa a été pensé dès le départ pour Benicio del Toro. Anderson l’a approché dès Cannes 2021 avec cette idée en tête, et n’imaginait personne d’autre. Il décrit Del Toro comme un héritier d’Anthony Quinn ou de Jean Gabin.


📌 Le film est-il une fable politique ou un drame familial ?

Les deux. Sous ses airs de satire sur le capitalisme européen d’après-guerre, le film cache une histoire intime de réconciliation. L’obsession de Zsa-zsa pour son « Gap » économique masque une faille bien plus profonde : la perte de sa fille.


📌 Pourquoi la Phénicie ?

La Grande Phénicie Indépendante Moderne est une invention poétique qui permet à Wes Anderson d’ancrer son récit dans un territoire fictif à la géopolitique mouvante. C’est un espace propice aux mythes, à la négociation, et aux utopies mortes-nées.

📌 Le choix des acteurs sans exceptions

Wes Anderson a conçu chaque rôle sur mesure, sans casting ouvert pour les personnages principaux. Benicio del Toro a été choisi dès l’origine pour incarner Zsa-zsa, un personnage pensé comme un héritier moderne d’Anthony Quinn ou de Jean Gabin. Michael Cera, quant à lui, a inspiré le personnage de Bjorn, écrit spécialement pour lui, jusqu’à son accent et sa gestuelle. Pour Liesl, Mia Threapleton a été retenue après de nombreux essais internationaux : Anderson a été séduit par son mélange de stoïcisme et de légèreté. Même les rôles secondaires suivent cette logique : Scarlett Johansson, Bryan Cranston, Jeffrey Wright, ou encore Benedict Cumberbatch ont été sollicités pour leurs spécificités, correspondant à des figures réelles qui ont inspiré le film. Chaque acteur incarne une pièce précise de cette fresque minutieusement orchestrée.

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Note : 3 sur 5.

28 mai 2025 en salle | 1h 41min | Action, Comédie, Comédie dramatique, Drame, Thriller
De Wes Anderson | 
Par Wes Anderson
Avec Benicio Del Toro, Mia Threapleton, Michael Cera

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