Maria de Pablo Larraín : une œuvre intime entre fiction et archives, Angelina Jolie bluffante


Maria, le dernier film de Pablo Larraín, offre une perspective saisissante sur la vie de Maria Callas, transcendant l’icône pour révéler la femme derrière le mythe. Cette œuvre cinématographique parvient à déconstruire l’image publique de la diva pour explorer les profondeurs de son humanité et de sa vulnérabilité.

Un jeu subtil entre réalité et fiction

Le film de Pablo Larraín joue habilement avec l’historicité, mêlant habilement reconstitutions et images d’archives. Il recrée avec minutie des séances photos emblématiques et des moments de coulisses, offrant au spectateur un regard intime sur la vie de la Callas.

Cette approche culmine dans une conclusion poignante, où le film se clôt sur des images d’archives authentiques de la cantatrice, créant un pont émouvant entre la fiction et la réalité.

Maria © Pablo Larraín
Maria © Pablo Larraín

La dualité Maria/La Callas

Au cœur du film se trouve l’exploration de la dualité entre Maria, la femme, et La Callas, l’icône. le réalisateur met en lumière les moments difficiles vécus par Maria, contrastant avec l’image mythique de La Callas adorée par le public. Cette dichotomie est particulièrement frappante dans les scènes où Maria, sous l’influence du Mandrax, revisite son passé tumultueux, révélant les côtés sombres de sa vie personnelle, notamment sa relation complexe avec Aristotle Onassis.

Les derniers jours d’une icône

Le film se concentre sur les derniers jours de Maria Callas dans son appartement parisien, offrant une immersion dans la fin de vie d’une légende. Le réalisateur dépeint avec sensibilité la souffrance d’une artiste qui a tout sacrifié pour son art, sans jamais vraiment connaître la liberté de chanter pour son propre plaisir. Cette approche permet de déconstruire le mythe pour révéler la fragilité et la solitude de la femme derrière l’icône.

Angelina Jolie : une incarnation totale

La performance d’Angelina Jolie est au cœur de la réussite du film. L’actrice disparaît littéralement dans son rôle, offrant une interprétation viscérale et profondément émouvante de Maria Callas. Sa transformation physique, notamment une perte de poids significative, contribue à cette incarnation totale. L’actrice adopte les poses et les manières caractéristiques de la Callas, effaçant complètement sa propre personnalité pour ne laisser voir que le personnage. Elle est comme possédée par l’Icône, devenant La CALLAS le temps d’un film.

Maria © Pablo Larraín
Maria © Pablo Larraín

Une œuvre cinématographique raffinée

Le biopic se distingue par sa facture visuelle élaborée. Le directeur de la photographie, Ed Lachman, utilise différents formats de film pour représenter les diverses facettes de la vie de Callas. Les longs travellings en 35 mm dans l’appartement parisien contrastent avec l’intimité des séquences en 16 mm, créant une texture visuelle riche qui reflète la complexité du personnage.

Maria de Pablo Larraín réussit à transcender l’icône de la Callas en offrant un portrait nuancé et profondément humain de la légendaire cantatrice. À travers une réalisation sophistiquée, une performance exceptionnelle d’Angelina Jolie et une exploration sensible de la dualité entre la femme et le mythe, le film parvient à révéler la véritable Maria Callas, au-delà de son image publique. Cette œuvre s’impose comme une célébration émouvante et authentique de la vie d’une des plus grandes figures de l’histoire de l’opéra. Pablo Larraín réconcilie à jamais Maria à La Callas, effaçant la particule pour n’en faire qu’un tout, Maria Callas.

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Note : 4.5 sur 5.

5 février 2025 en salle | 2h 03min | Biopic
De Pablo Larraín | 
Par Steven Knight
Avec Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher

Quelques anecdotes sur le film

Angelina Jolie a dû chanter seule devant 200 à 500 figurants pour les scènes de représentations.

Oui c’est bluffant et c’est vrai : Angelina Jolie chante réellement dans le film de Pablo Larraín. Le réalisateur l’a expliqué et a dévoilé que l’actrice a suivi une préparation intensive de 6 mois pour maîtriser le chant, travaillant notamment sur la posture, la respiration et la diction de Maria Callas.

Bien que la voix originale de Maria Callas soit utilisée pour la majorité des parties musicales, Jolie chante elle-même dans certaines scènes. Le réalisateur précise que pour les enregistrements de Callas à un âge plus avancé, presque tout le chant est interprété par Angelina Jolie.

John Warhurst, spécialiste du chant pour acteurs, a travaillé intensément avec elle pour atteindre un niveau de performance vocale remarquable. À tel point que Larraín a arrêté de lui donner des instructions après quelques semaines, tant sa maîtrise était impressionnante.

L’appartement parisien de Callas a été reconstruit à l’identique dans un immeuble désaffecté à Budapest.

Pour le film l’appartement parisien de Maria Callas au 36 avenue Georges-Mandel a été méticuleusement recréé dans un immeuble désaffecté à Budapest. Le chef décorateur Guy Hendrix Dyas s’est basé sur des recherches approfondies, incluant des visites à l’appartement réel et des croquis détaillés, pour reproduire fidèlement l’intérieur, y compris le mobilier, les œuvres d’art et même la disposition des pièces.

Le piano Steinway de Callas a été recréé en version plus petite pour le tournage

Le piano Steinway de Maria Callas a été minutieusement recréé pour le tournage du film de Pablo Larraín. Cependant, pour des raisons pratiques liées au plateau, une version légèrement plus petite a été fabriquée. Cette réplique fidèle, bien que réduite, a permis de capturer l’essence de l’instrument emblématique de la diva tout en s’adaptant aux contraintes de l’espace de tournage. Ce qui a facilité le jeur des comédiens dans les scènes où le personel de Maria Callas déplace plusieurs fois par jour le piano.

Maria © ARP FilmNation
Maria © ARP FilmNation

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