Shimoni, le premier long-métrage d’Angela Wanjiku Wamai, est une œuvre cinématographique kenyane qui explore les profondeurs de l’âme humaine et les défis de la réinsertion sociale. Le film suit Geoffrey, un ancien professeur d’anglais de 35 ans, qui tente de reconstruire sa vie dans son village natal après sept ans d’incarcération. Ce drame psychologique intense met en lumière les luttes intérieures d’un homme hanté par son passé, confronté à une communauté qu’il avait fuie et à des démons qu’il ne peut échapper. À travers une narration subtile et une mise en scène évocatrice, la réalisatrice nous plonge dans un récit poignant sur la culpabilité, la rédemption et la difficulté de se reconstruire dans un environnement hostile.
La seconde chance est-elle possible ?
Un film sombre et tellement profond sur le droit à une seconde chance, mais aussi l’incapacité à pouvoir sortir réellement de la prison une fois libérée. Elle finit par nous enfermer psychologiquement et malgré nos efforts, nous sommes sans cesse confrontés notre crime.
La brutalité de ce film colle un peu à la pessimiste vision du monde que Damien Saez citait dans God Blesse en hommage à Dostoïevski « Je voulais ne vous offrir que le crime, mais on ne le sépare jamais de son châtiment ».
Côté photographie, on met sans cesse en opposition des scènes très graphique dans la pénombre éclairée à la torche, contre ces moments solaires en extérieur. Malgré toutes ces tentatives d’aller de l’avant, le protagoniste semble peiner à se réinsérer, car il n’a pas su lui-même apaiser le poids de la culpabilité de son crime…

Quand la religion ne suffit pas à sauver les âmes
Le film illustre de manière poignante les défis de la réinsertion des anciens détenus dans la société kényane conservatrice. Geoffrey, le protagoniste, se retrouve dans un village rural après sept ans d’incarcération, confronté à un environnement hostile et à ses propres démons. L’église, censée offrir refuge et rédemption, ne parvient pas à apaiser sa conscience tourmentée.
Cette œuvre cinématographique met en lumière l’échec du système carcéral et de la société à fournir un soutien adéquat aux ex-prisonniers, les laissant lutter seuls contre la stigmatisation et les préjugés. Le contraste entre la quête de paix intérieure de Geoffrey et la réalité brutale de Shimoni souligne l’insuffisance des structures sociales et religieuses pour faciliter une véritable réinsertion.
Le film expose ainsi les tensions entre tradition et modernité, entre punition et réhabilitation. Le tout dans un Kenya en pleine mutation, mais encore ancré dans des valeurs conservatrices. Shimoni devient alors une métaphore puissante de l’enfermement psychologique et social qui persiste bien au-delà des murs de la prison. La religion tente de sauver les âmes, mais n’apaise pas la conscience. Elle devient insuffisante, notre inconscient devenant notre propre prison et purgatoire nous pourchasse à jamais comme l’œil regardant Caïn dans la tombe.

Shimoni s’impose comme une œuvre cinématographique puissante qui transcende les frontières du simple drame pour offrir une réflexion profonde sur la nature humaine et la société. Le film d’Angela Wanjiku Wamai, à travers son protagoniste torturé, nous confronte à la dure réalité de ceux qui cherchent une seconde chance dans un monde peu enclin au pardon. La mise en scène, oscillant entre ombres oppressantes et lumière crue, reflète magistralement le combat intérieur de Geoffrey, prisonnier de sa culpabilité même après sa libération. Le film nous rappelle, avec une intensité rare, que la véritable prison peut être celle que l’on porte en soi, et que le chemin vers la rédemption est souvent plus ardu que la peine elle-même.
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22 janvier 2025 en salle | 1h 37min | Drame
De Angela Wanjiku Wamai |
Par Angela Wanjiku Wamai
Avec Justin Mirichii, Daniel Njoroge, Muthoni Gathecha
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