Ce film de Tyler Taormina a tout pour séduire avec son casting contrasté, composé de jeunes acteurs et actrices prometteurs comme Matilda Fleming, Elsie Fisher ou encore Michael Cera. Ses quelques séquences sublimes se déroulant en dehors des foyers trop ancrés dans les traditions et le conventionnalisme écrasant. Ces scènes de la jeunesse insouciante sont magnifiques et sont peut-être ces seules bouffées d’air frais.

Cependant, ce film choral manque d’une épice de Noël qui donnerait de l’intérêt. On ne voit que des citations de notre propre quotidien, on s’accroche malgré nous à ces quelques perles de beauté perdues dans des plans parsemés. Un film loin des comédies avec des gags et des drames faciles qui nous arrachent quelques larmes ..
Un film qui a pourtant un pitch sympathique, deux fêtes – celles de la famille et celle de la jeunesse-, un Noël qui s’annonce être le dernier avant une longue série compliquée, car il est celui de la rupture. Et cette rupture semble être la raison de ce faux semblant permanent. On fait les choses bien et de manière traditionnelle, puisqu’on ne pourra plus les faire à cause de la distance, d’un déménagement ou du nouveau cours de la vie et l’envol des ados pour la Fac.
Un portrait familial touchant si on arrive à entrer dans le récit
Un film qui plonge le spectateur dans l’intimité d’une grande famille italo-américaine réunie pour ce qui pourrait être leur dernier réveillon de Noël dans la maison familiale de Long Island. Le réalisateur Tyler Taormina nous offre une œuvre profondément personnelle, tissée de souvenirs et de traditions, où les retrouvailles hautes en couleur se mêlent aux querelles générationnelles. Au cœur de ce chaos festif, deux jeunes cousines s’échappent dans la nuit d’hiver, ajoutant une touche d’aventure à cette célébration chargée d’émotions.

Le film explore avec finesse le sentiment de rupture qui plane sur cette réunion familiale. La décision imminente de vendre la maison ancestrale, symbole tangible de leur histoire commune, pèse sur les personnages. Cette perspective soulève des questions existentielles et fait écho à un sentiment plus large de perte et de changement ressenti par de nombreux Américains, que ce soit en raison de la crise climatique ou des bouleversements sociopolitiques.
Le réalisateur capture avec justesse cette mélancolie douce-amère, transformant chaque moment en un précieux souvenir à chérir. Mais parfois, certaines personnes préfèrent s’enfuir pour créer leur propre fête, leur propre coutume, un peu comme le policier et ces jeunes qui ont quitté le cursus scolaire à une date anniversaire. Noël est une fête qui réunit, mais qui donne un grand sentiment de solitude aux gens seuls ou ayant perdu un proche, cette période de fête est celle de l’amour, de la chaleur et du partage. Chacun y voit l’occasion d’être meilleur, mais ce n’est pas toujours simple.
Une approche cinématographique unique
Tyler Taormina adopte une structure narrative non conventionnelle, privilégiant une série de vignettes à une intrigue linéaire. Cette approche s’inspire de films comme Les Vacances de M. Hulot ou Mystery Train, où l’ambiance et l’environnement priment sur la narration traditionnelle. Le réalisateur utilise la caméra comme un personnage curieux, explorant ce monde familial avec une sensibilité particulière. On a l’impression d’être un convive perdu au milieu de cette fête très particulière, on passe d’une histoire à une autre et on n’arrive pas à trouver un liant réel entre chacune des séquences. C’est au spectateur d’y ajouter un peu de lui et de sa perception de Noël !
L’esthétique du film mêle habilement des influences diverses, allant des publicités Coca-Cola des années 50 aux premiers films en couleur de Douglas Sirk et Vincente Minnelli. Cette combinaison crée une atmosphère chaleureuse et nostalgique, renforcée par une bande-son soigneusement choisie. Les chansons pop des années 60, évoquant l’esprit festif sans être explicitement des chants de Noël, ajoutent une couche émotionnelle supplémentaire au récit.

Les aspirations personnelles du réalisateur
Ce film très personnel de Tyler Taormina puise ses racines dans ses propres expériences familiales. Ayant grandi à Long Island dans une grande famille italo-américaine, le réalisateur s’est inspiré des réveillons de Noël de son enfance pour créer cette œuvre. Son parcours, qui l’a mené de l’écriture pour la télévision à la réalisation cinématographique, se reflète dans son style unique, à mi-chemin entre le Nickelodeon des années 90 et le cinéma européen des années 60.
Le réalisateur aspire à explorer les écarts générationnels et les comparaisons d’âge à travers son cinéma. Il voit le casting comme un continuum, où chaque personnage incarne une variation de lui-même à différents stades de la vie. Cette approche lui permet d’étudier les moments charnières de l’existence, en particulier l’adolescence, qu’il considère comme une période cruciale de prise de conscience du monde.
En réalisant Noël à Miller’s Point, Tyler Taormina cherche à capturer l’essence de ces moments familiaux précieux, tout en réfléchissant sur la façon dont le temps transforme nos relations et nos traditions. Son film est une célébration de la famille, de la mémoire et de la capacité à trouver de la beauté dans les changements inévitables de la vie. Malgré une approche non linéaire, le film possède quelques moments de grâces, c’est aux spectateurs de savoir être patient pour les observer, un peu comme ces jeunes enfants attendant derrière le canapé l’arrivée du Père Noël !
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11 décembre 2024 en salle | 1h 46min | Comédie, Drame
De Tyler Taormina |
Par Tyler Taormina, Eric Berger (II)
Avec Matilda Fleming, Michael Cera, Francesca Scorsese
Titre original Christmas Eve In Miller’s Point
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Une réflexion sur “Nous avons vu – NOËL A MILLER’S POINT, le film de Noël très personnel de Tyler Taormina”