Une part manquante, réalisé par Guillaume Senez, aborde avec sensibilité le drame des séparations parentales au Japon. Le film met en avant les performances remarquables de Romain Duris et Mei Cirne-Masuki, qui incarnent avec justesse la douleur et l’espoir de parents séparés de leurs enfants. L’intrigue suit Jay, interprété par Romain Duris, qui parcourt Tokyo à la recherche de sa fille, Lily, après neuf ans de séparation.

Le Japon, un pays complexe dans son approche de l’autorité parentale
Au Japon, la garde des enfants après une séparation est souvent attribuée au parent qui les prend en charge en premier, ce qui peut mener à des situations d’enlèvement parental. Le système juridique japonais privilégie la continuité, favorisant le parent gardien au détriment de l’autre, souvent sans recours possible pour ce dernier. Ce contexte légal complexe piège parfois des étrangers mariés à des Japonais, mais aussi des Japonais eux-mêmes qui peuvent se retrouver désavantagés dans des conflits transfrontaliers.
Le film de Guillaume Senez arrive à prendre en compte une réalité et nous dévoile le quotidien de ces parents pris au piège dans un système où celui qui n’a pas la garde est considéré comme fautif. Il entre dans une guerre sans fin et un engrenage dans lequel il faut subvenir au besoin d’un enfant, payer tout en échange d’une hypothétique chance d’obtenir un droit de visite. Si l’histoire est touchante, on note la performance remarquable de Judith Chelma. Elle se faisait rare au cinéma, mais ici prouve une fois de plus être l’un des talents les plus touchants du cinéma. Quant à Romain Duris, il détient peut-être le rôle de la maturité et chacune de ses séquences sont justes et sans faux pas. On y croit, on vibre avec son personnage dans ce chemin tortueux à la recherche de Lily.

La famille, le clan – un parent seul contre tous.
Ce qui apparaît dans ce film, c’est le bloc des beaux-parents poussant au conflit judiciaire. Ils connaissent leurs droits et vont instrumentaliser tous les évènements de la vie de l’enfant. De nombreuses familles vont dire à l’enfant que l’autre parent l’a abandonné et ne veut plus le voir, pour ainsi réduire tout contact avec lui. Imposer le divorce à des étrangers est la solution la plus radicale, car sans mariage, il renonce au peu de droits restants au parent. Menace, garde à vue, il y a quelques années, Vincent Fichot un père d’origine française, a commencé une grève de la faim dans l’idée d’obtenir gain de cause et pouvoir avoir un droit de visite. Son combat a été partagé par de nombreux médias étrangers. C’est lors d’une manifestation contre les enlèvements d’enfant en 2022 que le réalisateur a accompagné Vincent Fichot et l’idée d’un film a germé.
Ce film marque une nouvelle collaboration entre Romain Duris et le réalisateur, avec qui il était parti en promo au Japon en 2018 pour Nos Batailles. On salue également le travail de Romain avec des coachs pour pouvoir restituer les dialogues en japonais.
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13 novembre 2024 en salle | 1h 38min | Drame
De Guillaume Senez |
Par Guillaume Senez, Jean Denizot
Avec Romain Duris, Judith Chemla, Mei Cirne-Masuki
Autre surprise du film, cette version japonaise du tube de Johnny Hallyday
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2 réflexions sur “Une part manquante – Regard sur la parentalité complexe au Japon en cas de séparation”