Pourquoi la France a supprimé le service militaire obligatoire en 1997, et pourquoi son retour ressurgit aujourd’hui dans le débat public. Entre professionnalisation de l’armée, enjeux géopolitiques et projet de service volontaire, retour clair, contextuel, et sans nostalgie sur une décision historique majeure.
La question du service militaire revient régulièrement dans le débat public, surtout dans un contexte international marqué par une instabilité croissante. Depuis quelques jours, des rumeurs évoquent la possibilité qu’Emmanuel Macron annonce prochainement la mise en place d’un service militaire volontaire. Une idée qui ravive une interrogation récurrente : pourquoi la France a-t-elle mis fin au service militaire obligatoire en 1997 ?

La fin d’un pilier historique de la République
C’est le 28 mai 1996 que Jacques Chirac, alors président de la République, annonce lors d’une allocution télévisée sa volonté de supprimer le service militaire obligatoire. Cette décision marque une rupture avec une tradition instituée le 5 septembre 1798, qui imposait à tous les hommes français âgés de 20 à 25 ans de servir sous les drapeaux.
La loi du 28 octobre 1997 officialise cette décision en prononçant la « suspension » du service national. Le choix est clair : il ne s’agit pas d’un simple ajustement, mais d’un changement de modèle profond. L’objectif affiché est la professionnalisation de l’armée française, jugée plus adaptée aux nouveaux enjeux géopolitiques et aux formes modernes de conflits.
Une armée tournée vers la professionnalisation
En supprimant la conscription, l’État français opte pour une armée composée exclusivement de militaires engagés, formés sur la durée et spécialisés. Cette évolution vise à renforcer l’efficacité opérationnelle, la réactivité et la capacité d’intervention internationale des forces françaises.
Le service militaire, autrefois perçu comme un rite de passage citoyen, est remplacé par la Journée d’appel de préparation à la défense (JAPD), rebaptisée en 2011 « Journée défense et citoyenneté ». Ce dispositif reste obligatoire pour les jeunes de 16 à 25 ans, mais il ne constitue plus un engagement militaire, seulement un temps d’information et de sensibilisation aux enjeux de défense.
Vers un retour sous une forme volontaire ?
Dans un contexte de tensions géopolitiques, notamment avec la guerre aux portes de l’Europe, l’idée d’un service militaire fait son retour dans le discours politique. Emmanuel Macron envisage la création d’un dispositif volontaire, présenté comme une réponse à la nécessité de renforcer la résilience nationale.
Lors du sommet du G20 à Johannesburg, le chef de l’État a évoqué la nécessité d’un « sursaut collectif » pour garantir la sécurité du pays, insistant sur l’importance d’une nation capable de se mobiliser face aux menaces contemporaines.
Ce service volontaire, déjà évoqué le 13 juillet devant des hauts gradés, pourrait durer environ 10 mois et offrir une rémunération de plusieurs centaines d’euros. Il viserait à compléter les effectifs actuels, composés d’environ 200 000 militaires d’active et 47 000 réservistes, avec un objectif de 210 000 militaires et 80 000 réservistes à l’horizon 2030.
Selon le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, la mobilisation volontaire d’une partie d’une classe d’âge permettrait d’« acquérir la masse » nécessaire pour faire face à un conflit de longue durée.
Un débat entre sécurité, citoyenneté et modernité
Le retour du service militaire, même sous une forme volontaire, pose une question fondamentale : comment concilier engagement citoyen, efficacité militaire et réalités contemporaines ? Si le service obligatoire incarnait un creuset républicain, sa suppression répondait à une logique pragmatique et stratégique.
Aujourd’hui, la France se retrouve à la croisée des chemins entre mémoire d’un modèle passé et adaptation nécessaire à un monde instable. Le débat ne relève plus seulement de la nostalgie, mais d’un choix de société lucide, ancré dans les enjeux réels de défense, de cohésion nationale, et de souveraineté.
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