Les Braises, Thomas Kruithof offre à Virginie Efira et Arieh Worthalter un drame contemporain bouleversant et vrai !


Les Braises de Thomas Kruithof réunit Virginie Efira et Arieh Worthalter dans une fresque intime sur la France d’aujourd’hui. À travers Karine et Jimmy, couple soudé fissuré par l’engagement des Gilets jaunes, le film explore amour, colère et quête de dignité.


Dans Les Braises, Thomas Kruithof réunit Virginie Efira et Arieh Worthalter dans une fresque intime et politique sur fond de fractures sociales contemporaines. Karine, ouvrière, et Jimmy, chauffeur routier, vivent une relation solide jusqu’à ce que la crise des Gilets jaunes s’invite dans leur quotidien. En s’engageant dans le mouvement, Karine découvre une parole, une force collective, une foi nouvelle. Mais à mesure que la lutte s’intensifie, l’équilibre du couple se fissure, révélant les contradictions d’un amour traversé par la colère, la fatigue et la quête de sens. Le film s’ancre dans une France rurale, laborieuse, où le politique s’éprouve au contact du réel.


La France face à la fracture

Karine et Jimmy s’aiment depuis vingt ans. Elle travaille à l’usine, lui tente de faire prospérer sa petite entreprise de transport. Leur vie, simple et rythmée par les gestes du quotidien, vacille lorsque Karine rejoint un groupe de Gilets jaunes. Ce collectif devient pour elle une nouvelle famille, un espace d’émancipation et de parole. Jimmy, lui, regarde cette transformation avec tendresse, puis inquiétude. Son envie de bâtir pour les siens se heurte à l’engagement militant de sa compagne. Virginie Efira incarne avec finesse cette femme qui se découvre un rôle, une voix, une responsabilité, tandis qu’Arieh Worthalter prête à Jimmy une humanité désarmée, partagée entre admiration et peur de perdre l’amour de sa vie. Autour d’eux gravitent leurs enfants, témoins silencieux d’un monde qui change et d’un couple qui se redéfinit.


La France des gens qui travaillent et à bout de souffle

Ce que Thomas Kruithof filme avant tout, c’est la France qui tient debout malgré tout. Celle des corps fatigués, des horaires à rallonge, des factures qui s’empilent, mais aussi des solidarités retrouvées autour d’un brasero. Le film dépeint une humanité concrète, celle des gens qui se lèvent tôt, bricolent leur maison, espèrent des lendemains un peu meilleurs. Chaque plan respire le réel : l’usine, le bitume, les gestes du travail. En choisissant de tourner dans des lieux de production et d’intégrer de véritables ouvriers et militants, le réalisateur ancre sa mise en scène dans une vérité sensorielle.

Le couple formé par Karine et Jimmy concentre ces contradictions contemporaines. Elle s’élève par la parole collective, il s’accroche à la valeur du labeur individuel. Elle croit encore à la possibilité du changement, il doute du pouvoir de la foule. Entre eux, la politique s’invite à table, dans le silence ou la tendresse, mais jamais dans le mépris. Le cinéaste observe sans juger, préférant montrer comment la fatigue sociale se répercute sur les sentiments. La lutte devient le miroir de l’amour, les slogans remplacent parfois les mots doux, et pourtant, il reste dans leurs gestes une tendresse intacte.

Dans Les Braises, le social et l’intime ne s’opposent pas, ils se mêlent, se contaminent. Le film parle du courage de celles et ceux qui continuent à aimer, à travailler, à espérer, même quand tout semble vaciller. C’est une ode à la dignité, à la résilience, à la flamme qui persiste sous la cendre.


Inspiration du film et anecdotes

L’idée de Les Braises est née d’une volonté de raconter l’engagement sans idéologie, à hauteur d’humains. Après Les Promesses, Thomas Kruithof souhaitait aborder la politique non pas comme un métier, mais comme une expérience intime. Avec Jean-Baptiste Delafon, il a rencontré des Gilets jaunes à Limoges, Angoulême ou en Bretagne. Ces échanges ont nourri l’écriture, donnant au film une justesse rare.

Chaque détail de mise en scène traduit cette recherche d’authenticité : le format scope pour magnifier la foule et les cuisines, la palette de couleurs vibrantes pour sortir du gris médiatique, la présence réelle du travail à l’écran. Virginie Efira a tourné dans une véritable usine agroalimentaire, tandis qu’Arieh Worthalter a appris à conduire un poids lourd. Autour d’eux, une trentaine de participants issus du mouvement ont pris part aux scènes de groupe, insufflant leur énergie et leurs souvenirs.

Le réalisateur évoque aussi une dimension plus sentimentale. Le film raconte une passion mise à l’épreuve, un couple qui cherche à se comprendre sans se trahir. La scène du repas de Noël en est le cœur battant : un moment suspendu où l’amour se raconte par le souvenir plutôt que par la dispute.
Enfin, le titre, Les Braises, symbolise cet entre-deux : la chaleur qui reste après la tempête, la colère qui couve encore sous la cendre, la possibilité que quelque chose renaisse. À travers Karine et Jimmy, Thomas Kruithof signe une œuvre sur la fragilité du lien, la foi dans l’autre, et la puissance de l’espoir collectif.


Notre avis : Une belle surprise ce film tant dans sa manière de montrer les choses que dans le développement.

La famille ici représente la société et ses fractures, ses incapacités entre les différentes classes de se comprendre et de communiquer.
Une femme investie qui veut changer le monde, un chef de famille qui est propriétaire une entreprise moyenne, qui se bat au quotidien et comprend que le problème est mondiale et qu’un combat isolé ne mènera à rien. Une fille qui est broyée par un système dans lequel une moindre erreur remet en cause toute sa vie et ses projets, un fils voulant devenir ingénieur, en soi l’opposé du cadre socioprofessionnel de toute sa famille. Chacun essaie d’échanger, mais ils ne parlent pas le même langage et ne comprennent pas le mal-être de l’autre. On attend tous quelque chose de son voisin, mais lui aussi en attend toujours autant de nous. Un dialogue de sourd plaqué à la réalité sociale.

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Note : 5 sur 5.

5 novembre 2025 en salle | 1h 42min | Drame
De Thomas Kruithof | 
Par Thomas Kruithof, Jean-Baptiste Delafon
Avec Virginie Efira, Arieh Worthalter, Mama Prassinos


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