Le Secret des Mésanges, Antoine Lanciaux nous entraine, une œuvre poétique


Entre légende, nature et archéologie, Le Secret des Mésanges d’Antoine Lanciaux entraîne petits et grands dans un voyage sensoriel et tendre, où chaque geste artisanal devient un acte de mémoire.

Dans Le Secret des Mésanges, Antoine Lanciaux livre une œuvre sensible et poétique où la quête de soi se mêle à la beauté du geste artisanal. Derrière l’apparente douceur du papier découpé, le film explore avec délicatesse la transmission familiale et la mémoire enfouie. Dans un village bercé par les chants d’oiseaux et les secrets du passé, une enfant découvre que les traces du cœur se lisent parfois dans la terre. Ce long-métrage, produit par Folimage et Les Armateurs, révèle une animation à la fois manuelle, incarnée et vibrante, où chaque plan respire l’émotion et l’héritage des anciens.

Un film a l’animation douce, des personnages attachants et surtout beaucoup de petites intrigues du quotidien. Le rythme est particulier : ni trop rapide, ni trop lent. Un coup de cœur pour les légendes et la musique.


Une histoire de curiosité et de patrimoine

Lucie Féart, neuf ans, rejoint sa mère Caroline à Bectoile, petit village de campagne où se déroulent des fouilles archéologiques. Ce séjour est pour elle l’occasion d’une aventure inattendue, guidée par un couple de mésanges et l’amitié d’un garçon du cru, Yann Nithard. Ensemble, ils plongent dans les ruines d’un château et réveillent un secret de famille que Caroline croyait à jamais enfoui.
Lucie, curieuse et déterminée, incarne l’élan de découverte propre à l’enfance. Passionnée par les animaux, elle observe le monde avec une tendresse lucide. Yann, adolescent rêveur, partage son temps entre la ferme de ses grands-parents et son groupe de rock improvisé dans une grange. Leurs univers se croisent dans une complicité lumineuse, faite d’humour et de maladresse.

Autour d’eux, gravitent des figures bienveillantes : Pierrot, l’archéologue mélomane, Caroline, la mère marquée par son passé, Mandrin le vieux chien fidèle, et un vieil homme silencieux vivant en lisière de forêt, sculpteur de bois et gardien d’une mémoire oubliée.
Le film s’inscrit dans la tradition du conte initiatique : la nature devient le miroir des émotions, la découverte de soi passe par le dialogue avec le monde vivant. L’enfance, ici, n’est pas idéalisée mais célébrée comme un espace d’éveil.


Un film sur la découverte d’un monde plein de richesse et d’histoire

Sous son apparente simplicité, Le Secret des Mésanges est un récit sur la réconciliation des générations. À travers les fouilles archéologiques, Caroline explore les vestiges du château de son enfance, tandis que Lucie déterre, sans le savoir, les secrets familiaux. Ce double niveau de lecture fait du film un bijou narratif où chaque découverte matérielle renvoie à une révélation intime.
La campagne de Bectoile devient un personnage à part entière. Les champs, la lumière dorée, le bruissement des arbres et les chants d’oiseaux composent un écrin sensoriel. On y sent le souffle du vent et la chaleur du papier, la texture même de l’animation artisanale. L’univers visuel, conçu par Sophie Roze et Samuel Ribeyron, mêle précision documentaire et poésie du détail : chaque pantin, chaque décor, chaque ombre est façonné à la main.
Le film s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes. Les premiers y verront une aventure drôle et tendre, peuplée d’animaux et de mystères. Les seconds y liront un voyage intérieur sur la mémoire, la filiation et la résilience. La narration, rythmée par une musique acoustique signée Didier Falk, accompagne cette quête avec pudeur.
Le réalisateur y célèbre la beauté du geste et la lenteur du regard. Le choix du papier découpé n’est pas un artifice nostalgique, c’est une métaphore de la fragilité humaine. Chaque mouvement est un acte d’amour, chaque image une trace laissée par la main. Le film rappelle que connaître son histoire, c’est aussi apprendre à réparer. Dans un monde pressé, il réhabilite la patience et la tendresse du faire, offrant une expérience sensorielle et émotionnelle rare.


Un récit personnel et un questionnement permanent du monde environnant

Le film plonge ses racines dans l’histoire personnelle d’Antoine Lanciaux. Enfant, il questionnait sans relâche sa mère, abandonnée dans sa jeunesse, pour comprendre ce passé brisé qu’elle taisait. Face à ce silence, il s’est mis à inventer des récits, à dessiner, à chercher des réponses dans la fiction. Cette démarche introspective a façonné son imaginaire et sa manière d’aborder le cinéma.
Le Secret des Mésanges naît de ce besoin de transmission, d’un désir de comprendre d’où l’on vient pour mieux se construire. Le réalisateur y raconte, à travers Lucie, sa propre quête : celle d’un enfant qui cherche la vérité de ses origines et découvre, chemin faisant, la richesse de ce qu’il croyait perdu.

Ce projet s’est nourri d’une collaboration fidèle avec Pierre-Luc Granjon et des artisans de Folimage. Ensemble, ils ont choisi de renouer avec la technique traditionnelle du papier découpé, dans l’esprit de Lotte Reiniger, afin de conserver la matérialité du cinéma d’animation. Plus de deux mille pantins ont été réalisés à la main, dans un travail d’équipe où chaque geste comptait.

Au-delà du film, Le Secret des Mésanges est une aventure humaine : celle d’artistes, de techniciens et de musiciens unis par une même conviction, celle que l’émotion passe par la sincérité. Ce lien entre artisanat, mémoire et enfance résume l’essence du cinéma d’Antoine Lanciaux. Il ne s’agit pas de raconter seulement une histoire, mais de redonner au spectateur le goût du toucher, de la contemplation et du souvenir.

En parlant de musique, elle joue un rôle central dans le film, étant à la fois intime et organique. Le réalisateur souhaitait qu’elle soit jouée par de vrais musiciens, avec des instruments acoustiques, afin de préserver la chaleur humaine au cœur du récit. Cette approche confère au film une sincérité rare, chaque mélodie résonnant comme un écho à la tendresse du geste artisanal. Le réalisateur a confié la composition à Didier Falk, qui a su traduire les émotions de Lucie et de sa famille à travers trois registres : le rêve, l’aventure et l’intimité. Le fil musical du film s’enracine dans une chanson emblématique de Georges Brassens, La Mauvaise Réputation, transmise comme un héritage entre générations. Jouée à l’harmonica puis reprise en chœur, elle devient un symbole de liberté et de mémoire, un lien invisible unissant le passé, le présent et le regard d’une enfant vers l’avenir.


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Note : 3 sur 5.

22 octobre 2025 en salle | 1h 17min | Animation, Aventure, Famille
De Antoine Lanciaux | 
Par Antoine Lanciaux, Pierre-Luc Granjon
Avec Lucie Léontiadis, Anton Souverbie-Giorgis, Marina Le Guennec


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