A HOUSE OF DYNAMITE – Efficace dans son genre


Un missile de provenance inconnue est lancé vers les États-Unis. Dix-huit minutes avant l’impact, la panique s’installe dans les plus hautes sphères du pouvoir. Avec A House of Dynamite, Kathryn Bigelow signe un retour à la tension pure, entre thriller géopolitique et drame humain, dans la continuité de Démineurs et Zero Dark Thirty.

Quand les États-Unis se retrouvent face à l’impensable !

Réalisé par Kathryn Bigelow et écrit par Noah Oppenheim, A House of Dynamite se déroule en temps réel, à travers trois lieux clés du dispositif américain : Fort Greely en Alaska, le STRATCOM et la salle de crise de la Maison-Blanche. La réalisatrice y orchestre une mécanique dramatique millimétrée où chaque décision peut déclencher la fin du monde.

Idris Elba incarne le président des États-Unis, figure calme face à l’impossible. Jared Harris joue le secrétaire à la Défense, plus rationnel que cynique. Rebecca Ferguson, dans le rôle du commandant Olivia Walker, symbolise la rigueur et l’humanité d’une femme plongée dans l’absurde bureaucratie du nucléaire. Tracy Letts campe un général habité par le devoir, tandis que Jonah Hauer-King, Anthony Ramos, Gabriel Basso, Greta Lee et Moses Ingram complètent un casting d’une rare cohérence.

A House Of Dynamite © Netflix

Un thriller chronométré

Kathryn Bigelow signe ici un film d’une précision redoutable, entièrement structuré autour d’un compte à rebours : dix-huit minutes. En partant de cette donnée factuelle, la réalisatrice construit une tension organique où chaque respiration, chaque silence, devient une question de vie ou de mort. A House of Dynamite n’est pas un film de guerre au sens classique du terme : il interroge la logique des protocoles, la mécanique du pouvoir et la fragilité de l’humain pris dans un système conçu pour provoquer sa propre destruction.

Le scénario de Noah Oppenheim, ancien journaliste à la Maison-Blanche, se nourrit d’un réalisme glaçant. Les dialogues sont rapides, précis, dépourvus d’artifice : le spectateur n’est jamais pris par la main. Les personnages s’expriment comme des professionnels du renseignement, contraints de décider sans toutes les données. La réalisatrice filme cette panique silencieuse avec une intensité quasi documentaire, épaulée par le chef opérateur Barry Ackroyd (Démineurs), dont la caméra tremble, se faufile, capte les visages, la sueur, les gestes mécaniques.

Le film adopte une structure en trois actes, chacun rejouant les mêmes dix-huit minutes selon un angle différent : celui du terrain, du commandement militaire, puis du président. Cette construction vertigineuse révèle l’absurdité d’un système pyramidal où la décision ultime repose sur des hommes et des femmes isolés, prisonniers de leurs propres procédures. Sans effets pyrotechniques, sans images d’apocalypse, Kathryn Bigelow mise sur le choc psychologique et l’angoisse du réel.


Un tournage sous le regard d’experts de la défense et de l’armement

Le tournage de A House of Dynamite a mobilisé une armée d’experts pour garantir son authenticité. La réalisatrice a travaillé main dans la main avec d’anciens hauts gradés du STRATCOM et de la Maison-Blanche, dont le lieutenant-général Daniel Karbler, le diplomate Doug Lute et Larry Pfeiffer, ancien directeur de la salle de crise présidentielle. Les acteurs ont été encadrés par ces conseillers militaires pour reproduire avec exactitude les protocoles de défense, jusqu’à la position des mains ou le ton des ordres.

La production a reconstitué trois décors simultanés dans le New Jersey : le STRATCOM, Fort Greely et la salle de crise. Les tournages se sont déroulés en parallèle, une prouesse logistique supervisée par le producteur Greg Shapiro. Barry Ackroyd a filmé avec quatre caméras en mouvement constant, sans marques au sol, pour capturer la spontanéité. Rebecca Ferguson raconte avoir glissé un dinosaure en plastique dans une scène clé, clin d’œil à son fils dans le film : un détail improvisé que la cinéaste a gardé, symbole d’humanité dans un monde de protocoles.

Le montage de Kirk Baxter (The Social Network) épouse la nervosité du récit, tandis que la musique du compositeur Volker Bertelmann (À l’Ouest rien de nouveau) fusionne design sonore et tension orchestrale. Le résultat est une expérience immersive où le silence a autant de poids que les explosions.

Présenté à la Mostra de Venise 2025, le film a reçu une ovation de treize minutes avant d’être acquis par Netflix pour une sortie mondiale le 24 octobre. Pour Kathryn Bigelow, A House of Dynamite clôt une trilogie officieuse sur le pouvoir et la peur, amorcée avec Démineurs et Zero Dark Thirty. Un cinéma qui ne cherche pas à plaire, mais à réveiller les consciences.


Notre avis sur ce film explosif

Un film à voir sur grand écran ou dans une pièce au casque. L’adrénaline est au rdv, mais pour profiter de ce huis-clos anxiogène, on doit y mettre la forme et le cadre. Après ce type de film, ça passe où ça casse. Beaucoup de code, beaucoup de tension uniquement basée sur un compte à rebours et le jeu d’un acteur. Il y a un public adepte du genre, mais la condition de visionnage contribue au succès d’adhésion au film. Il est dommage de choisir une sortie sur une plateforme, le film mérite d’être vécu dans une salle afin que le spectateur puisse vivre une expérience sans stimuli extérieurs.

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Note : 3 sur 5.

24 octobre 2025 sur Netflix | 1h 52min | Thriller
De Kathryn Bigelow | 
Par Noah Oppenheim
Avec Rebecca Ferguson, Idris Elba, Greta Lee


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