Arco d’Ugo Bienvenu nous transporte en 2075 dans un monde où la technologie a remplacé les émotions. Quand Iris, dix ans, rencontre Arco, un garçon tombé du ciel, le futur s’éclaire d’un espoir nouveau. Film d’animation 2D somptueux produit par Félix de Givry et Sophie Mas, Arco mêle science-fiction, philosophie et tendresse enfantine. Une aventure lumineuse à découvrir sur grand écran.
En 2075, une fillette prénommée Iris voit tomber du ciel un garçon en combinaison arc-en-ciel. Il s’appelle Arco. Ce visiteur venu d’un autre temps bouleversera son monde artificiel, saturé d’hologrammes et de technologies. Arco d’Ugo Bienvenu propose un film d’animation 2D d’une rare délicatesse, produit par Félix de Givry et Sophie Mas, où la science-fiction devient poème lumineux. Derrière sa douceur graphique, le film interroge notre présent, questionne le progrès et invite à retrouver la beauté, la fragilité et la foi en un futur habitable.
L’histoire de deux enfants liés par la solitude
Iris, dix ans, vit dans un futur proche où les humains délèguent tout à leurs robots domestiques. Ses parents ne lui apparaissent plus qu’en projection holographique, la nature n’existe plus que sous surveillance artificielle. Lorsqu’Arco, un garçon venu du futur, tombe du ciel, sa présence renverse les certitudes de l’enfant. Curieuse, Iris décide de le cacher et de l’aider à rentrer chez lui. Loin des archétypes de la science-fiction apocalyptique, Arco choisit la tendresse et l’émerveillement.
Autour d’eux, gravite une galerie de personnages dessinés avec une poésie concrète : Mikki, figure parentale de transmission, Clifford le mentor scientifique, ou Dougie et Stewie, compagnons burlesques. Derrière cette aventure initiatique se tisse une réflexion sur la solitude des enfants du numérique, la nécessité de renouer avec l’imaginaire et la puissance de la rencontre.
Notre avis sur le film
Une jolie relecture poétique de Peter Pan, qui est cité plusieurs fois dans le film. On a tous les thèmes qui peuvent préoccuper un enfant vivant seul ou devant attendre d’être un peu plus grand pour suivre ses ainés. On saluera la qualité dans l’animation, les personnages sont attachants, beau et les influences mangas se ressentent, on a l’impression de revoir un Miyazaki de l’âge d’or du studio Ghibli.
On passe un bon moment cinéma, un film pour adolescent, jeune adulte et adulte.
N’oublions pas de parler de la bande originale du film. Elle est sublime, entre douceur, rêverie et évasion, contrastant avec l’ambiance du film, qui dévoile un Ycare voulant voler de ses propres ailes, — nous plongeant dans un monde futuriste dans lequel les dégâts climatiques n’ont pas trouvé d’issus favorable — Arco est une rencontre et un espoir à la fois, que quelque chose puisse changer.
Un récit d’anticipation entre futur proche et semi-dystopie
Le film se déroule dans un monde qui pourrait être le nôtre d’ici quelques décennies : hyper-connecté, saturé d’images et de données, où la réalité augmentée a remplacé la contemplation. Le réalisateur détourne les codes de la dystopie classique pour bâtir un récit d’anticipation humaniste. Ici, pas de ruines ni de guerre, mais une société anesthésiée par la technologie et la logique. Iris est le produit d’un monde où les émotions sont régulées, les relations filtrées par écran. Arco, lui, vient d’un futur apaisé, en harmonie avec la nature. En transgressant les lois du voyage temporel, il se retrouve piégé dans notre futur immédiat – celui de l’excès et du contrôle.
Le film oppose ainsi deux visions du progrès : celle, artificielle, d’une humanité coupée du vivant, et celle, sensible, d’un avenir qui réapprend la beauté. L’univers visuel, mêlant dessin réaliste et animation 2D fluide, souligne ce contraste entre illusion et authenticité. Chaque plan devient un tableau sensible, pensé comme une matière vivante où la lumière et la couleur expriment davantage que le discours. Derrière l’aventure, le réalisateur interroge la responsabilité collective : que transmettons-nous à nos enfants ? Comment réapprendre à rêver d’un monde où la poésie aurait sa place ?
Un enfant venu du futur entre Peter Pan et récit messianique
Arco est un personnage à la fois candide et mystique : un enfant-messager, témoin d’un futur possible. À travers lui, Ugo Bienvenu revisite la figure de l’enfant-sauveur, entre Peter Pan et Totoro, entre innocence et révélation. Comme les héros des contes initiatiques, Arco n’impose rien : il inspire. Son regard pur révèle à Iris la beauté du monde qu’elle croyait perdu. Cette rencontre devient une parabole – celle de la rédemption d’une humanité en quête de sens.
La dimension spirituelle du film s’incarne dans la musique d’Arnaud Toulon, mêlant chœurs orthodoxes et harmonies orchestrales. Les arcs-en-ciel deviennent alors des passages entre les mondes, des signes d’espérance et presque de miracle. La présence d’Arco, à la fois charnelle et transcendante, évoque ces figures messianiques venues rappeler aux humains leur responsabilité envers la vie, la nature et l’amour.
Comme chez Hayao Miyazaki ou Paul Grimault, Ugo Bienvenu transforme la science-fiction en poésie morale : croire encore en la possibilité d’un monde meilleur. En sortant de la salle, on ne regarde plus un arc-en-ciel de la même façon : derrière lui, on devine peut-être le regard bienveillant d’un enfant du futur.
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22 octobre 2025 en salle | 1h 29min | Animation, Aventure, Science Fiction
De Ugo Bienvenu |
Par Ugo Bienvenu, Félix de Givry
Avec Swann Arlaud, Alma Jodorowsky, Margot Ringard Oldra
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