Quand l’amour devient poison, Nurko signe avec I Want You une plongée électronique dans le chaos des sentiments. Entre lucidité et dépendance, une chanson poignante où l’émotion ne se laisse jamais dompter.
Avec I Want You, Nurko explore le paradoxe d’un attachement toxique, d’un lien qu’on voudrait fuir mais auquel on revient toujours. Derrière les pulsations électroniques se cache un cri de détresse et d’amour mêlés, porté par une voix hantée, suspendue entre fuite et abandon.
Né Jack Leech, Nurko grandit dans un environnement artistique à New Jersey, entre héritage familial et passion précoce pour la musique. Dès l’enfance, il apprend la batterie et le piano, des instruments qui nourrissent son approche très mélodique de l’électro. À l’université, il approfondit sa connaissance du solfège et de l’harmonie, qu’il applique ensuite dans la production de genres variés, du moombahton à la trap, avant d’aboutir à une signature sonore hybride. Son style puise autant chez Flume que dans les textures cinématographiques d’Amon Tobin. Depuis son premier succès Goodbye en 2015 jusqu’à Let Me Go ou Your Embrace, il tisse une œuvre fondée sur la recherche de résonance émotionnelle. Avec I Want You, il confirme cette ligne intime, en livrant une chanson qui conjugue vulnérabilité et puissance, comme une confession faite à minuit, les yeux rivés sur le néon d’un passé qu’on n’arrive pas à éteindre.
Une chanson de dépendance affective qui ne cherche pas d’excuse
Dans I Want You, le duo formé avec iann dior pousse la voix du désarroi à l’extrême. Loin des romances édulcorées, la chanson parle d’un amour qui détruit, mais auquel on revient, par réflexe, par manque ou par faiblesse. Le choix des paroles est chargé d’images percutantes : l’alcool trop fort, les cigarettes trop longues, la paranoïa… Chaque mot agit comme un symptôme d’un malaise plus profond. On est dans une ambiance nocturne, troublée, presque étouffante. Loin de juger, Nurko choisit de montrer sans commenter. Ce qui rend la chanson puissante, c’est justement cette absence de morale : la lucidité n’efface pas l’envie. En cela, l’émotion n’est pas un simple effet, mais une matière brute, non maîtrisée. Elle guide, elle piège. Et c’est là que l’écoute devient perturbante : on comprend trop bien ce que le chanteur ressent, et on s’y reconnaît peut-être un peu trop.
Finalement avec cette chanson, l’émotion devient révélation, mais pas délivrance ! La structure même du morceau épouse le ressac émotionnel. Les montées et chutes de la production suivent les spirales mentales de quelqu’un qui sait que cette relation l’abîme, mais qui la choisit quand même. L’expression “I’m picking poison and I want you” revient comme une litanie. Le poison, c’est l’autre, mais aussi soi-même, l’envie de sombrer parce qu’on n’a rien trouvé de plus fort. Nurko use d’une forme de simplicité mélodique qui rend les sentiments encore plus directs, presque cruels. L’émotion ici n’amène pas la paix ou la guérison. Elle agit comme un miroir cassé : on y voit une part de soi, mais sans savoir quoi en faire. Cette chanson ne guérit pas, elle révèle. Et c’est justement cette révélation douloureuse, sans solution, qui touche en plein cœur. Loin des promesses de renouveau, I Want You parle de l’après, de ce qui reste quand tout a déjà brûlé, et qu’on choisit de marcher dans les cendres.
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