Un titre acoustique aux allures douces, qui change de peau en cours de route et surprend par sa seconde moitié. Entre retrait et abandon, une ballade qui explore les méandres du sentiment amoureux en suspens.
Avec Time is What I’m Wasting, le duo Highet livre une chanson aussi simple que désarmante. Derrière une mélodie minimaliste en apparence, une lente bascule s’opère. D’abord douce et presque figée, la ballade se déploie progressivement vers une tension émotionnelle plus marquée. C’est un morceau de contraste, entre une patience résignée et un abandon assumé, où les silences disent autant que les accords. Une invitation à ressentir plutôt qu’à comprendre.
Formé par Nikolas et Thomas Erl, Highet est un duo canadien qui puise dans ses racines et sa géographie nordique un goût certain pour les ambiances contemplatives. Inspirés par des figures comme Dire Straits ou Neil Young, les deux complices privilégient une écriture sincère, centrée sur la guitare et les arrangements organiques. Time is What I’m Wasting s’inscrit dans cette veine : un morceau sans esbroufe, qui prend le temps d’installer un climat. Leur attachement à une création artisanale – sans recours à l’intelligence artificielle – renforce cette impression d’authenticité. Highet joue la carte du dépouillement assumé, tout en sculptant une identité sonore à part.
Les émotions comme retrait du monde
Derrière la répétition hypnotique du refrain, Highet exprime un état de veille passive, où le temps s’étire sans but précis. Loin d’être une simple attente romantique, ce retrait évoque une forme de résignation douce, presque méditative. Les paroles, volontairement épurées, traduisent l’immobilité émotionnelle d’un être suspendu au possible retour d’un lien. Ce n’est pas le drame du manque qui est chanté ici, mais la lassitude discrète d’un cœur trop longtemps laissé seul. Le vide n’est pas comblé, il est observé. Et dans cette observation calme, une forme d’acceptation naît. L’émotion devient alors un paysage intérieur plus qu’un cri ou une revendication.
Vers 2:10, un tournant s’opère : le morceau glisse vers une seconde ambiance, plus charnelle, portée par une voix rauque qui évoque Mick Jagger sur Angie. Ce basculement n’est pas qu’esthétique, il révèle un dédoublement : le sujet n’est plus simplement en attente, il commence à formuler ses désillusions. La répétition de « I really don’t care » agit comme un masque : derrière cette indifférence proclamée, perce une douleur silencieuse. Et lorsque la phrase « I will disappear » revient, elle n’est plus une menace mais une vérité. Cette évolution marque un point de rupture. L’émotion n’amène pas la réconciliation espérée, mais une prise de conscience irréversible : parfois, l’amour n’a pas de retour.
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