Avec Barren still, Vilde explore l’attente, la solitude et la mémoire comme autant de paysages intérieurs. Une chanson lente, posée, où la parole devient terrain d’écho, d’émotion et de conscience.
Dans Barren still, Vilde nous entraîne dans un espace suspendu, celui de l’après, de l’attente figée. Par touches impressionnistes, il évoque le poids du souvenir, les espoirs fanés, et l’inlassable retour à soi. La voix se mêle au silence des lieux, aux vents d’un champ vide, comme une tentative fragile de faire corps avec ce qui fut.
Derrière le nom de Vilde se cache Thomas Savage, artiste australien au parcours géographiquement éclaté mais émotionnellement cohérent. Depuis ses débuts avec Oh Mercy, en passant par l’aventure plus abrasive de Kins, jusqu’à ses explorations introspectives en solo, il façonne une œuvre éparse, minimaliste et profondément sensorielle. Chaque disque semble né d’un exil intérieur, marqué par les villes traversées – Brighton, Stockholm, Düsseldorf, Melbourne – comme autant de strates dans sa manière de composer. Pour Barren still, on sent l’influence des paysages nordiques, mêlée à une introspection à fleur de peau, presque chamanique. Le titre s’inscrit dans une lignée de chansons où le silence devient matière et où la voix n’est pas un cri, mais un écho qui s’élargit.
Une chanson sur l’abandon et le vivant figé
Barren still s’ouvre sur des images puissantes, minérales et froides. Le « stone house » et le « stone grave » ne sont pas que des lieux, ils deviennent des métaphores du repli, du passé figé. L’artiste parle du deuil sans le nommer, en laissant les éléments faire le récit : le vent, la terre, les insectes. Il y a une forme d’humilité dans ce choix – pas de grands mots, pas de drame, mais une lente désagrégation de ce qui fut une attente, un amour ou un espoir. Le vocabulaire choisi est brut, parfois abstrait, mais chaque terme résonne comme une pierre posée dans un jardin zen. L’originalité de Vilde vient de sa manière de ne jamais forcer l’émotion : il dépose ses paroles comme on dépose des cailloux sur une tombe, sans pathos, mais avec une infinie délicatesse.
Ce qui bouleverse dans Barren still, c’est la manière dont les émotions ne sont jamais hystériques, mais rampantes. L’image du corps qui s’agenouille, qui « wriggle with the centipedes », évoque une perte de dignité, un abandon au monde organique, une dissolution presque mystique. Vilde ne cherche pas à consoler, il documente un effondrement lent, intime. Pourtant, quelque chose surgit : une forme de clarté, comme si ce retour à la matière, à la poussière, ouvrait une brèche dans la perception. La dernière strophe, posée comme une question existentielle, marque une rupture : « how do you come back from the brink of unsound? » Là, tout bascule. La chanson ne donne pas de réponse, mais elle laisse entendre qu’au bord du gouffre, une conscience émerge. Et cette conscience, même douloureuse, devient salvatrice.
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