GOHAR – No Saint


GOHAR signe un morceau frontal et sensible, qui renverse les injonctions faites aux femmes trop libres, trop sensibles, trop fortes. No Saint est un miroir tendu aux attentes superficielles et un hymne à l’affirmation de soi.

Avec No Saint, GOHAR trace une ligne claire entre ce qu’on attend d’elle et ce qu’elle est réellement. Dans cette chanson à la fois directe et émotionnelle, elle refuse les rôles préfabriqués, les masques et les silences forcés. Elle se livre sans filtre, mais avec une précision poétique. Loin des figures figées de la douceur féminine, l’artiste revendique sa complexité, son intensité et surtout son humanité. Ce morceau est une claque douce, mais nécessaire.

GOHAR est née en Arménie et vit aujourd’hui en Autriche. Formée au très exigeant Mozarteum de Salzbourg, elle semblait destinée à une carrière dans l’opéra. Pourtant, ce monde trop codifié finit par l’étouffer. Elle quitte la scène classique pour créer une œuvre plus personnelle, au croisement de la pop, du RnB et des influences folkloriques arméniennes. C’est cette rupture intérieure, cette quête d’authenticité, qui nourrit No Saint. Elle produit elle-même ses morceaux, dans une logique artisanale qui valorise la liberté de ton et l’intime. Ce titre est à l’image de son parcours : une libération, une reconquête, un cri doux mais ferme contre les attentes oppressantes.

Prendre le contre-pied de l’image lisse

Dès les premières paroles, GOHAR évoque ce regard extérieur qui n’aime que la surface : le visage, la silhouette, les yeux. Mais à travers une écriture percutante, elle retourne ce regard contre lui-même. Ce n’est pas la colère brute qui parle ici, mais une lucidité désarmante. Le refus d’être réduite à une esthétique, le rejet des commentaires sur le maquillage ou l’attitude, traduisent une prise de distance mûrie. L’artiste ne mendie pas la compréhension, elle la dépasse. Loin d’apaiser pour séduire, elle affirme que sa vérité – imparfaite, intense, assumée – vaut bien plus que n’importe quel rôle enjolivé. C’est une réappropriation poétique de la critique : ce que d’aucuns appellent « trop », elle le nomme « force ».

L’émotion dans No Saint n’est pas une plainte, c’est un moteur. En jouant avec des répétitions puissantes, presque incantatoires (« I’m not a puppet, not your clone »), GOHAR transforme l’accusation en affirmation. Les paroles nous amènent vers une révélation claire : être trop n’est pas une faute, mais un état d’être entier. Ce cheminement intérieur, entre rejet et affirmation, débouche sur une lucidité irréversible. Elle ne rentrera plus dans aucun moule, et ce refus devient le cœur de sa liberté artistique. La chanson capte ce moment précieux où la douleur se change en conscience. Et cette conscience, chez GOHAR, est musicale, viscérale, inaltérable. Le morceau est moins une dénonciation qu’un manifeste intime.


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