Une confession douce-amère portée par une voix éthérée. girls who don’t like girls s’inscrit dans l’indie pop sensible avec une mélancolie lucide, entre vulnérabilité queer et ironie assumée.
Avec girls who don’t like girls, la jeune artiste britannique Raine propose une ballade aussi délicate que désabusée. Derrière un titre faussement joueur se cache une mise à nu émotionnelle, où chaque mot laisse entrevoir un amour unilatéral, empreint de confusion et de désir silencieux. Loin des cris, c’est par le murmure que la peine s’exprime, entre ironie, sensualité et attente non partagée.
Originaire de Londres, Raine s’inscrit dans la lignée d’une génération indie qui préfère le non-dit au spectaculaire. Inspirée par Ethel Cain ou beabadoobee, elle explore une esthétique sonore feutrée, où la guitare se fait discrète et la voix plane sur des arrangements légers mais chargés d’intensité. girls who don’t like girls, son premier single, dévoile un univers personnel fait de contes modernes, de désirs ambigus et de blessures maquillées en plaisanteries. Une façon pour elle de parler du réel en l’habillant d’images teintées de douceur et d’une pointe d’ironie tendre.
L’entre-deux sentimental comme tension narrative
Plutôt que de poser un jugement, l’artiste observe et expose la complexité d’un attachement sans réciprocité. À travers l’évocation de gestes intimes, de confessions alcoolisées ou de réveils solitaires, elle installe une dynamique de trouble : le plaisir est réel, mais éphémère, et le manque s’impose toujours au matin. Cette chanson refuse de trancher entre attraction et résignation. En explorant cette zone grise, elle rend palpable ce vertige affectif que beaucoup vivent sans pouvoir le nommer. La voix, presque murmurée, accompagne cette suspension permanente. Ce n’est ni un cri de douleur ni un appel à l’aide, mais un constat lucide, et c’est cette retenue qui fait toute la force du morceau.
Plutôt que de dire, Raine préfère suggérer. Les paroles esquissent des scènes presque floues : une bouche qui se libère par un baiser, un prénom qui reste sur les lèvres au réveil, une peau frôlée sans promesse. Chaque image révèle un entre-deux, une tension entre illusion et révélation. En choisissant de répéter la formule I like girls who don’t like girls, l’artiste accentue le paradoxe du désir : attirée par celles qui ne la voient pas, ou ne veulent pas la voir. Ce refrain hypnotique agit comme une ritournelle désenchantée, presque enfantine, qui contraste avec la densité émotionnelle du propos. C’est dans cette contradiction que réside la singularité de sa plume, à la fois douce et mordante, pudique et frontale.
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