Bardot, le documentaire essentiel pour mieux comprendre la femme derrière la légende


Un film documentaire précieux sur une icône nationale, étendard de l’émancipation et de la beauté féminine française. Du sex-symbol à la femme engagée, ce film offre un itinéraire engagé à l’image de son sujet.

Un film documentaire consacré à Brigitte Bardot ne peut qu’interroger ce que signifie être une icône, une femme libre et une personnalité qui a traversé les décennies en portant autant l’admiration que la controverse. Le film la montre sous un jour intime, entre ombre et lumière, en retraçant ce passage vertigineux de la célébrité absolue à la volonté farouche de disparaître du regard public. S’appuyant sur des archives inédites, la parole de Bardot et un travail visuel soigné, le documentaire éclaire le parcours d’une femme qui a constamment cherché à être elle-même dans un monde qui voulait la figer.

Le film repose sur un tissage d’archives, d’interviews et de reconstitutions qui redonnent souffle à une figure trop souvent réduite à sa silhouette ou à ses scandales. Le duo de cinéastes part d’un geste fondateur, sa décision de tout quitter en 1973 pour se consacrer à la cause animale, alors qu’elle comptait déjà plus de quarante films et soixante-dix chansons. Le film lui permet de revenir, avec recul, sur son propre mythe et ses contradictions. On la découvre à travers les souvenirs de proches, les analyses d’historiennes du cinéma, de journalistes, d’artistes contemporains, mais aussi grâce à l’accès exceptionnel aux archives de son enfance et à celles de la Fondation Bardot. Entre éclat pop des années 60-70 et récit d’une femme harcelée par les médias, l’œuvre cherche à comprendre ce que signifie être une artiste et une militante en avance sur son temps.

Itinéraire d’une jeune femme qui ignorait sa beauté

Brigitte Bardot devient rapidement une icône, surpassant toutes les autres actrices. Mais avec sa célébrité s’accompagnera la fin de sa liberté, elle devient prisonnière de sa propre vie.

Enfant, elle a du travailler dur, elle avait tout de l’anti-petite fille modèle : elle n’excellait pas à l’école et n’était pas très jolie selon les critères usuels. Elle était le contraire de sa sœur, mais rapidement, on va lui faire pratiquer la danse classique. La comédie va venir après avoir posé pour des photographes de mode et la rencontre du premier homme, qui va partager sa vie.

Brigitte Bardot s’empare du cinéma

Bardot c’est un tempérament, elle avait été giflée par Clouzot qui voulait lui imposer son rythme et sa vision du jeu, mais elle lui a rendu la pareille. Rapidement, elle devint le symbole de l’indépendance des femmes et sa franchise fit d’elle quelqu’un qui devint incontournable dans le cinéma. Toute cette iconographie et légende autour d’elle entretiennent un désir : Elle est le paradoxe entre douceur, désir et incontrôlable.

On fait du cinéma pour Bardot, on pense les films pour elle et construit tout autour d’elle.
À elle seule, elle empoche 80% des recettes des films durant son âge d’or, elle peut demander une réécriture si elle le désir, elle peut tout demander, car elle est ce pourquoi le public va se déplacer.

Le film offre une carte postale de la culture pop des années 60-70, quand Brigitte Bardot et la nouvelle vague proposaient une nouvelle image de la femme. Et les injonctions du public et des producteurs sont là. On veut BB sous tous ses angles, on veut la voir jouer, danser et enflammer tout sur son passage comme dans Et Dieu… créa la femme. Jean-Luc Godard prendra à contre-pied tout cela dans le film Le Mépris, en déclinant son corps à l’image dans une scène mythique où l’on découpe sa plastique en plusieurs éléments. Pourquoi on l’aime ? Pour elle, pour son talent ? Pour ses fesses, ses lèvres ? Et ses yeux ? Ses épaules ?

Dans cette révolution du rapport homme-femme, Brigitte aida les femmes à saisir le rôle de productrice en les poussant à assumer ce qu’elles désirent devenir. Sa doublure lumière, sa maquilleuse vont avoir son soutient, Brigitte va les aider à travailler et même bien souvent à faire plus que des métiers dit « pour femme ».  Josephine Baker et plusieurs célébrités lui doivent beaucoup.

Pourquoi et encore Brigitte Bardot

Revenir à Brigitte Bardot aujourd’hui ne relève ni de la nostalgie facile ni du fétichisme culturel, mais d’une nécessité de comprendre un symbole qui a façonné l’imaginaire collectif. Le film insiste sur ce paradoxe : une femme qui voulait être libre, mais qui a payé cette liberté au prix fort. Les différentes interviews du film rappellent qu’elle était « trop ou mal aimée », souvent incomprise, et que sa trajectoire raconte aussi les contradictions d’une époque en mutation, où la place des femmes au cinéma se transformait à grande vitesse.

Bardot incarne cette bascule, entre injonctions de la société, désir d’émancipation et violence médiatique. Le corpus documentaire et les extraits de films éclairent ce double mouvement : les réalisateurs qui l’ont façonnée, les journalistes qui l’ont scrutée sans relâche, les militantes et les artistes qui relisent aujourd’hui ce qu’elle a représenté pour l’indépendance féminine. Bardot est revenue de tout, mais n’a jamais renoncé à dire sa vérité. Sa parole dans le film, enregistrée dans un dispositif intimiste, rétablit ce que les images n’ont cessé de déformer. S’il faut encore parler d’elle, c’est parce qu’elle cristallise des tensions qui n’ont pas disparu : le droit de disposer de son corps, la liberté de carrière, la pression médiatique, la manière dont on fabrique et détruit les icônes.

Bardot est-elle une icône éternelle, une étoile filante ou un fantasme ? Le film interroge frontalement l’ambiguïté de Bardot : une étoile mondiale et, en même temps, un être humain qui a constamment tenté d’échapper au rôle qu’on lui assignait. Les images d’archives, des affiches internationales aux interviews d’époque, montrent comment la jeune femme est devenue un fantasme universel. Pourtant, les témoignages d’artistes, de psychologues, de biographes et de proches révèlent une personnalité plus complexe, marquée par le doute et par une quête de sincérité rarement entendue. Bardot n’a jamais cherché à correspondre à l’idéal qu’on projetait sur elle, et c’est précisément ce refus qui l’a transformée en icône. Le documentaire pose aussi une question essentielle : qu’est-ce qu’une icône sinon une surface où chacun vient déposer ses attentes ? Le film répond en montrant Bardot comme une femme qui a constamment dérangé l’ordre établi, que ce soit par sa liberté sexuelle, son engagement, son franc-parler ou son retrait du monde. Libre des studios, elle devient militante radicale pour la cause animale, reprenant le contrôle de son existence en quittant le star-system. La silhouette filmée en contre-jour à La Madrague, évoquée dans la note d’intention, symbolise cette icône qui se dérobe tout en continuant d’inspirer. Bardot n’est pas une image figée, mais un héritage vivant qui questionne notre rapport collectif au désir, au pouvoir et à la représentation des femmes. Elle est celle qui s’indigne et qui ose dire non. La fondation qui poursuit son combat contre la souffrance animal possède toute sa philosophie : Si on veut aimer les hommes, il faut savoir ne pas faire souffrir les animaux. Et peut-être alors, on aura apporté un peu de bonté dans l’univers ! 


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Note : 5 sur 5.

3 décembre 2025 en salle | 1h 30min | Documentaire
De Alain Berliner, Elora Thevenet | 
Par Elora Thevenet, Nicolas Bary
Avec Brigitte Bardot, Christian Ardan, Frédérique Bel


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