L’intermédiaire (Relay), une réussite dans son genre !


Thriller tendu, Relay de David Mackenzie ausculte les coulisses opaques des négociations entre lanceurs d’alerte et multinationales, où chaque silence a un prix et chaque décision fissure l’éthique. Porté par Riz Ahmed et Lily James, le film explore la mécanique fragile d’un monde sous surveillance, entre paranoïa méthodique et vertige moral.


Avec Relay (titre français : L’Intermédiaire), David Mackenzie signe un thriller contemporain tendu qui plonge au cœur des négociations secrètes entre lanceurs d’alerte et multinationales prêtes à tout pour étouffer les scandales. Porté par Riz Ahmed et Lily James, le film explore la zone grise où l’éthique se heurte au pragmatisme, dans un monde saturé de données, d’intermédiaires invisibles et de risques calculés. Entre jeu du chat et de la souris, paranoïa urbaine et intimité fragile née à distance, Relay s’impose comme un récit nerveux, hanté par la question du prix du silence et de ce qu’il reste de soi quand on a déjà trahi une fois.


Une histoire sous tension

Ash est un « fixer » de renommée mondiale, spécialiste des arrangements illégaux qui permettent aux grandes entreprises d’acheter le silence de ceux qui les menacent. Il ne laisse aucune trace, ne rencontre jamais directement ses interlocuteurs et s’impose un protocole quasi militaire qui lui garantit l’anonymat autant que la survie. Quand il est contacté par Sarah Grant, employée d’un groupe tentaculaire qui a subtilisé des documents explosifs, la mission semble d’abord familière : organiser la transaction, sécuriser l’argent, effacer les preuves.

Mais Sarah n’est pas un simple pion opportuniste. Elle est déjà traquée, sait qu’elle n’a plus rien à perdre, et refuse de se laisser réduire à une ligne de contrat. Leur relation se noue par écrans interposés, à travers des intermédiaires vocaux et des procédures codifiées, jusqu’au moment où Ash franchit ses propres limites pour la protéger. Coincé entre les intérêts de son client, la violence de ceux qui veulent récupérer les documents et la culpabilité de son passé de lanceur d’alerte déchu, il se retrouve à son tour pris dans l’étau qu’il a si souvent resserré sur les autres.


Un film sous tension où tout finit par nous surprendre

La grande force de Relay tient dans sa manière de faire naître la tension à partir de gestes minimes : un appel filtré, un micro-décalage dans un protocole, un silence au bout de la ligne suffisent à faire sentir le danger. Le réalisateur filme ce monde d’intermédiaires comme un labyrinthe de couloirs anonymes, de parkings, de hubs logistiques et de centres d’appels, où la violence est d’abord administrative avant d’être physique. Chaque déplacement d’Ash, chaque nouvelle consigne donnée à Sarah donne l’impression de resserrer un nœud qu’aucun des deux ne contrôle vraiment.

Le rythme, d’abord feutré, relève presque de l’espionnage procédural : on observe un professionnel au travail, réglant ses interventions comme une opération de chirurgie. Puis, à mesure que Sarah prend conscience de l’ampleur de ce qu’elle a déclenché, le film accélère sans jamais se transformer en simple déferlement d’action. Les ruptures viennent souvent d’une décision inattendue, d’un mensonge qui se retourne, d’un détail logistique qui déraille. Là où beaucoup de thrillers se contentent d’un twist final, Relay aligne plusieurs bascules successives qui reconfigurent constamment les alliances et les rapports de force.

Si le récit fonctionne aussi bien, c’est parce que les personnages existent au-delà de leur fonction narrative. Ash, interprété avec une retenue électrique par Riz Ahmed, est constamment partagé entre le cynisme qu’exige son métier et la honte tenace d’avoir autrefois cédé à la pression. Sarah, loin de la figure du simple « témoin à protéger », apparaît tour à tour vulnérable, déterminée, parfois manipulatrice, ce qui interdit toute lecture manichéenne. La tension ne repose pas seulement sur la question « survivront-ils ? », mais sur « jusqu’où iront-ils pour se regarder encore en face ? ». En jouant sur cette ligne de crête morale, le cinéaste signe un film où l’on est surpris autant par les retournements de situation que par les choix intimes de ses protagonistes.


Un travail de préparation

Le projet de Relay s’inscrit dans la continuité du goût de David Mackenzie pour les récits de marges et de personnages coincés entre la loi et l’illégalité, dans la droite ligne de Comancheria (Hell or High Water). Le scénario est coécrit avec Justin Piasecki, qui s’est nourri de témoignages de véritables lanceurs d’alerte et de négociateurs spécialisés dans les accords de confidentialité, afin de donner une texture crédible aux procédures et au langage du film. Plusieurs séquences de négociation ont ainsi été construites à partir de situations réelles, puis épurées pour conserver uniquement la tension dramatique et les enjeux moraux.

Le dispositif des appels relayés, au cœur du film, a également dicté une partie de la mise en scène : certaines scènes ont été répétées avec les acteurs séparés physiquement, communiquant uniquement par casque, pour reproduire le léger flottement et la froideur technique de ce type de service. Riz Ahmed aurait travaillé en amont sur la gestuelle d’un homme qui passe sa vie à rester invisible : choix de vêtements neutres, manière de se fondre dans la foule, déplacements sans gestes superflus. Lily James, de son côté, a insisté pour tourner elle-même plusieurs scènes de filatures et de fuite dans la ville, afin de conserver la nervosité du corps pris au piège. Enfin, le film joue avec une géographie urbaine volontairement fragmentée, mêlant différents lieux pour donner le sentiment d’une métropole anonyme, universelle, où les histoires de pouvoir et de corruption pourraient se dérouler partout et nulle part à la fois.

Notre avis : On a été agréablement surpris. On ne nous surprend plus trop sur les twists au cinéma et là si ! On aime la tension, le jeu des différents protagonistes, Riz Ahmed est incroyable et on s’attache à ce personnage énigmatique et méticuleux ! 

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Note : 4.5 sur 5.

26 novembre 2025 en salle | 1h 52min | Thriller
De David Mackenzie | 
Par Justin Piasecki, David Mackenzie
Avec Riz Ahmed, Lily James, Sam Worthington
Titre original Relay

Les services types Relay existent-ils aux USA?

La société proposant le service utilisé dans « The Relay » pour communiquer s’appelle Tri State Relay Service, plus communément appelé outre Atlantique « Télécommunications Relay Service » (TRS), ou Service de Relais Téléphonique. Ce service permet aux personnes sourdes, malentendantes, sourdes-aveugles ou ayant des difficultés d’élocution de communiquer par téléphone via un intermédiaire appelé assistant à la communication, qui retranscrit ou interprète la conversation en temps réel.

Ce type de service existe réellement aux États-Unis, où il est proposé gratuitement conformément à la loi américaine sur les personnes handicapées (ADA), couvrant tout le territoire incluant les 50 États et les territoires. Selon les états et les régions, il existe des agences et sociétés proposant ce service. A ce jour, on n’a trouvé aucun s’appelant Tri State Relay Service, même si l’analogie avec de vraies agences est facile à faire. En Europe, plusieurs pays disposent aussi de services similaires, avec des adaptations techniques variées et une progression vers une technologie de relais « Next Generation ». La France dispose également d’un service de relais téléphonique accessible, notamment un numéro d’urgence 114 dédié aux personnes sourdes ou avec troubles de la parole, utilisant des applications, texto ou web pour communication avec un assistant relayant la conversation.

Alors, oui, le film s’inspire d’un service de relais téléphonique bien réel et opérationnel aux USA. Qu’en est-il en Europe et en France ? Les services sont adaptés aux besoins des personnes avec des handicaps auditifs ou de la parole pour faciliter leur communication téléphonique.​ Le plus souvent nous avons des écrans pour pouvoir signer ou bien, la possibilité d’écrire entièrement nos messages par l’équivalent du télétexte.


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