Une ballade rock poignante sur les sentiments enfouis, Just Pretend marque une collaboration père-fille bouleversante. Bobby Amaru et Veda transforment la douleur en appel au calme intérieur, entre acceptation, espoir silencieux et lucidité déchirante.
Avec Just Pretend, Bobby Amaru livre une chanson puissante sur la gestion du chagrin, du manque et des sentiments qui résistent à l’oubli. Ce morceau propose un regard intérieur d’une rare justesse, comme un aveu murmurant l’envie d’aller mieux sans brusquer la douleur. Le choix d’associer Veda, sa fille, à ce chant du cœur donne une intensité particulière au message, car ce n’est plus seulement une histoire d’amour, mais une transmission intergénérationnelle d’une émotion qu’on ne peut pas fuir.
Chanteur du groupe Saliva, Bobby Amaru s’inscrit dans une tradition hard rock ancrée dans l’émotion brute et le vécu sans filtre. Loin des postures, il préfère l’honnêteté nue, souvent à travers des ballades douces-amères comme Just Pretend, qui rappellent les confessions mélodiques de Staind ou les balades de Breaking Benjamin. Sa collaboration avec sa fille Veda ajoute une touche singulière, entre vulnérabilité assumée et transmission. Le choix d’un arrangement sobre laisse toute la place à la parole, à la sincérité d’un cœur qui se débat entre attente, silence et espoir.
Ce qui rend Just Pretend si particulière, c’est son refus du spectaculaire. Ici, l’émotion n’est jamais hurlée. Elle est contenue, presque retenue, comme si l’artiste acceptait enfin de ne plus lutter contre le vide. Les paroles abordent la solitude amoureuse sans détour, mais toujours avec une pudeur profonde : attendre quelqu’un, ne pas guérir, faire semblant d’aller bien, c’est le quotidien de millions d’êtres humains. Ce qui frappe, c’est le choix de symboles simples : l’attente « en bas », l’idée d’être digne d’amour, le silence entre deux respirations. Plutôt qu’un discours frontal, l’artiste installe une zone suspendue, une respiration lente où les émotions deviennent des compagnons d’errance, pas des ennemis à chasser.
Dans cette chanson, tout se joue dans l’entre-deux. L’artiste ne choisit pas entre rupture et réconciliation, entre résignation et combat. Il préfère nommer cette étape invisible où l’on survit sans être vivant, ce moment où l’on joue à faire semblant pour ne pas s’effondrer. C’est là que réside la force du morceau : dans cette lucidité paisible qui n’appelle ni vengeance, ni miracle. La prise de conscience vient doucement, sans éclat : « nous essaierons à nouveau quand nous serons différents ». Cette phrase, presque murmurée, devient le centre émotionnel de la chanson. Elle ne promet rien, mais elle ouvre une possibilité. Le pardon, la reconstruction, la tendresse, tout cela reste suspendu, mais envisageable. C’est un chant de transition, pas de conclusion.
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