Le format audio sans perte, ou « lossless », débarque enfin sur Spotify pour tous les utilisateurs français. Une avancée attendue qui promet d’offrir une expérience d’écoute fidèle aux enregistrements d’origine, surtout avec un casque ou un système Hi-Fi neutre.
Spotify active enfin le lossless en France, une avancée très attendue qui transforme l’écoute en restituant chaque détail des enregistrements. Une qualité digne d’un CD qui séduit autant les audiophiles que les curieux désireux de redécouvrir leurs morceaux favoris.
Une évolution majeure dans la stratégie audio de Spotify
L’arrivée du format lossless sur Spotify marque un tournant dans la politique du géant suédois. Longtemps réclamée par les audiophiles, cette option repousse les limites de la compression numérique traditionnelle. Jusqu’ici, les utilisateurs devaient se contenter d’un son compressé en Ogg Vorbis à 320 kbps, plutôt précis mais incapable de restituer les subtilités d’un enregistrement en studio. Avec le passage au lossless, Spotify rejoint enfin des concurrents comme Apple Music ou Tidal qui proposaient déjà une qualité CD, voire hi-res.
Derrière ce changement se cache une longue phase d’expérimentation interne. Spotify avait annoncé dès 2021 son intention de lancer « Spotify HiFi », avant de reporter à plusieurs reprises le projet en raison de contraintes techniques et commerciales. Le fait d’intégrer ce format aujourd’hui, sans surcoût pour les abonnés Premium, traduit une volonté de repositionner la plateforme comme leader de l’expérience d’écoute immersive. En misant sur la fidélité du signal audio, Spotify entend séduire à la fois les puristes du son et le grand public curieux d’explorer leurs morceaux favoris sous un nouveau jour.
Ce choix redéfinit la valeur ajoutée du streaming : il ne s’agit plus seulement de l’accès illimité au catalogue, mais d’une immersion complète qui se rapproche des conditions de production. Chaque frémissement de guitare, respiration ou réverbération devient audible à un degré jusque-là réservé aux formats physiques.
Un format sans perte : comment ça marche réellement ?
Le lossless, littéralement “sans perte”, désigne un encodage qui conserve toutes les données du signal audio original. Contrairement au MP3 ou à l’Ogg Vorbis, qui suppriment certaines fréquences jugées inaudibles pour alléger les fichiers, le lossless reproduit le contenu tel qu’il a été masterisé. Spotify utilise pour cela des fichiers en qualité équivalente au format FLAC (Free Lossless Audio Codec), à un débit oscillant autour de 1 411 kbps, soit le double ou triple des flux habituels.
L’impact se perçoit surtout sur des systèmes d’écoute stables et neutres. Un casque Hi-Fi dit “flat”, c’est-à-dire sans accentuation artificielle des graves ou des aigus, permet de ressentir la véritable texture sonore des enregistrements. Les voix gagnent en relief, les cordes respirent davantage, les résonances naturelles des instruments prennent tout leur sens. Sur des productions acoustiques, jazz ou rock folk, les différences deviennent flagrantes : l’écoute semble plus “ouverte” et organique.
Spotify a optimisé son application pour minimiser la latence et la consommation de données, deux enjeux majeurs de ce format plus lourd. Le service peut ainsi détecter la qualité de connexion et ajuster automatiquement la diffusion, tout en permettant aux utilisateurs sur Wi-Fi ou filaire d’activer le flux lossless complet. Cette flexibilité rassure ceux qui craignaient une hausse drastique de la consommation mobile.
En parallèle, la compatibilité avec les appareils Bluetooth reste limitée, car la plupart des codecs sans fil comme SBC ou AAC ne sont pas entièrement lossless. Pour profiter du plein potentiel, le casque filaire ou le DAC externe demeurent les meilleures options, un retour aux sources dans une époque dominée par le tout-sans-fil.
Une redécouverte émotionnelle de la musique
Au-delà de la seule performance technique, l’arrivée du lossless sur Spotify invite à repenser la manière dont nous écoutons la musique. Après des années de streaming ultra-compressé et de playlists éphémères, l’auditeur est replacé au cœur d’une expérience d’attention et de sensibilité. Le format sans perte encourage l’écoute prolongée, patiente, proche de celle qu’offraient jadis les disques vinyles ou les CD.
Avec un casque neutre, loin des signatures sonores artificielles qui multiplient les basses ou les aigus, la perception devient plus sincère. Certains morceaux semblent renaître : les guitares folk de Bon Iver ou Damien Rice dévoilent des textures subtiles, les arrangements de Radiohead gagnent en profondeur, et même les productions rock françaises, souvent malmenées par la compression, retrouvent leur puissance naturelle.
Ce virage peut aussi transformer les usages : les audiophiles peuvent désormais centraliser leur bibliothèque sur une seule plateforme au lieu de jongler entre Tidal, Qobuz et Spotify. Pour les artistes, l’assurance que leurs mixages seront entendus dans leur intégrité originale constitue une revalorisation de leur travail. À l’ère des algorithmes et des écoutes fragmentées, cette précision technique devient un acte culturel. Elle restaure un lien entre le public et la matière sonore, entre l’émotion et la fidélité du signal.
Enfin, cette avancée pourrait stimuler la curiosité du grand public vis-à-vis des équipements audio. L’utilisation d’un casque “flat” ou d’un simple ampli casque de salon suffit pour saisir la différence. C’est un retour à l’évidence : la qualité d’un titre ne dépend pas seulement de son écriture, mais aussi de la façon dont il résonne, dans toute sa richesse.
Avec le lossless, Spotify ne se contente pas d’améliorer la qualité sonore : il réhabilite l’écoute attentive dans une époque saturée de flux. Accessible à tous en France, ce format sans perte signe la convergence entre exigence audiophile et simplicité du streaming.

Pour ceux voulant des fichiers physiques
| Format | Qualité audio | Compression | Poids des fichiers | Usage idéal | Avantages | Limites |
|---|---|---|---|---|---|---|
| WAV | Parfaite, identique au studio | Aucune | Très lourd | Archives, écoute audiophile, montage | Fidélité maximale, pas de perte | Occupation mémoire énorme |
| OGG Vorbis | Très bonne, meilleure que MP3 | Oui (lossy) | Léger | Écoute quotidienne, streaming offline | Son propre, efficace, léger | Légère perte irréversible |
| MP3 | Bonne mais inférieure à OGG | Oui (lossy) | Léger | Compatibilité universelle | Tout support, très léger | Artefacts, aigus limités |
| WMA | Variable selon version | Oui (lossy) | Léger | Appareils Windows anciens | Compression propre | Compatibilité plus faible |
| FLAC | Identique au WAV (lossless) | Oui (sans perte) | Moyen | Audiophiles, stockage optimisé | Même qualité que WAV, fichiers plus petits | Pas utile si stockage non limité |
Dans le cas où un téléphone contient surtout des morceaux en WAV et en OGG, le passage au FLAC n’apporte qu’un seul avantage réel, celui de gagner de l’espace. Le WAV fournit déjà la qualité brute du studio, sans la moindre perte ni modification, ce qui signifie que l’utilisateur profite du signal tel qu’il a été masterisé. Le FLAC ne fait pas mieux sur le plan sonore, car il s’agit d’un fichier compressé sans perte qui, une fois décodé, redevient identique au WAV. La seule différence réside dans son poids, souvent réduit de moitié, ce qui peut représenter un gain appréciable sur un téléphone limité en stockage. L’OGG reste un format compressé efficace, plus propre et plus naturel que le MP3, surtout dans les aigus et sur les instruments acoustiques. Lors d’une écoute en mobilité, il offre un équilibre fonctionnel entre légèreté et qualité. Le FLAC devient utile uniquement pour conserver la fidélité d’un WAV tout en réduisant la place occupée. Lorsque l’espace disponible n’est pas un problème, rester sur WAV et OGG demeure cohérent et n’entraîne aucune perte qualitative.
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