Notre sélection de la semaine avec l’excellent Regretting You, notre coup de coeur ! Et L’Étranger, qui permet de découvrir une nouvelle facette du célèbre roman existentialiste de Camus.

Regretting You | 29 octobre 2025

Drame, Romance | De Josh Boone |
Note : 5/5 • Notre avis • Coup de cœur
D’après le best-seller mondial de Colleen Hoover, Regretting You réunit Allison Williams et Mckenna Grace dans un récit bouleversant sur la perte, le pardon et la renaissance. Un film sensible signé Josh Boone, où la musique et l’émotion se confondent jusqu’à la dernière image. Une belle surprise qui plaira autant aux parents qu’aux jeunes adultes. Le film brille par un jeu de miroir et une direction d’acteurs efficaces, on ne voit pas passer les minutes et on lâche notre petite larme. Regretting You marque le retour d’un cinéma du sentiment pur, entre pudeur et justesse. Josh Boone transforme la douleur en poésie visuelle et explore la fragilité des liens familiaux, la reconstruction et la seconde chance, célébrant des hommes doux et attentifs, loin des stéréotypes. L’œuvre évoque aussi la douleur silencieuse de ceux qui choisissent parfois de partir, pour laisser les autres s’aimer ou simplement pour cesser de souffrir. Une œuvre réconfortante, universelle et profondément humaine.

On Falling | 29 octobre 2025

Drame | De Laura Carreira |
Note : 3/5 • Notre avis
On Falling s’impose comme une œuvre d’une précision et d’une sensibilité rares. Laura Carreira capte l’épuisement invisible, les gestes répétés et la résistance muette d’une génération enfermée dans la productivité. En suivant Aurora, la cinéaste nous renvoie à notre propre rapport au travail, à la fatigue et à la perte de sens. Sans effets ni jugement, elle signe un film lucide et profondément humain, où chaque silence pèse comme un cri discret contre l’indifférence d’un monde qui a oublié d’écouter. On croit parfois à une promotion libératrice, une échappatoire à la servitude moderne, mais ce n’est qu’un mirage. Car même en gravissant les échelons, on reste prisonnier d’un système qui broie les individus derrière une façade de mérite. On Falling rappelle qu’il n’existe aucune émancipation possible dans un monde ubérisé. Nous restons esclaves d’une machine, condamnés à travailler toujours plus pour toujours moins de joie.

L’Étranger | 29 octobre 2025

Drame | De François Ozon |
Note : 5/5 • Notre avis • Coup de cœur
En refermant L’Étranger, on garde en tête le choc d’un film qui respire le silence et la chaleur. François Ozon ne filme pas l’absurde, il l’incarne dans chaque souffle, chaque lumière blanche, chaque visage déserté. Benjamin Voisin s’y fond jusqu’à disparaître, Rebecca Marder y dépose une émotion vibrante, et la caméra semble suspendue au temps. Entre fidélité et réinvention, Ozon signe une œuvre d’équilibre, à la fois hommage à Albert Camus et miroir d’une époque qui cherche encore son humanité. L’Étranger est un film brûlant, parfois très scolaire, mais cette rigueur permet de déplacer l’attention du spectateur sur le sujet plutôt que sur la forme. Un geste de cinéma d’une pureté rare.

Un poète | 29 octobre 2025

Comédie dramatique | De Simón Mesa Soto |
Note : 4/5 • Notre avis • Coup de cœur
Entre comédie et mélancolie, Un Poète de Simón Mesa Soto s’impose comme une œuvre sur la survie de la poésie dans un monde numérique qui l’oublie. Le réalisateur colombien met en scène Óscar, un poète en quête de sens, perdu entre l’échec et la nostalgie, cherchant encore une beauté possible dans un univers qui n’écoute plus. Sa rencontre avec Yurlady, jeune fille d’un milieu populaire, fait renaître chez lui un souffle fragile, celui de la sincérité, de la transmission et de l’art sans filtre. À travers ce duo improbable, Simón explore la solitude créatrice, la lassitude d’un homme d’un autre âge et la pureté d’une parole qui résiste au bruit ambiant. Porté par la délicatesse d’Ubeimar Rios et la spontanéité lumineuse de Rebeca Andrade, Un Poète devient un miroir de l’artiste contemporain, conscient de sa vanité, mais toujours guidé par le besoin de dire, d’exister et de croire encore à la poésie.

La femme la plus riche du monde | 29 octobre 2025

Comédie dramatique | De Thierry Klifa |
Note : 4,5/5 • Notre avis
Avec La femme la plus riche du monde, Thierry Klifa signe une œuvre d’une élégance glacée, où l’argent et le pouvoir deviennent le miroir d’une solitude vertigineuse. Inspiré de l’affaire Bettencourt, le film déploie un univers feutré où tout s’achète, sauf l’amour. Isabelle Huppert, impériale, incarne Marianne Farrère, héritière prisonnière de son propre empire, cherchant dans la provocation de Laurent Lafitte un souffle de vie. La relation entre Marianne et Fantin mêle fascination et manipulation, révélant la fragilité de ceux qui possèdent tout. Autour d’eux, Marina Foïs et Raphaël Personnaz apportent profondeur et mélancolie à un récit où la loyauté se heurte au cynisme. Par son regard précis, Klifa observe l’intime des puissants, transformant la comédie des apparences en tragédie moderne. La mise en scène, feutrée, mais incisive, capte la beauté froide d’un monde sans tendresse, où l’on transmet tout, sauf la capacité d’aimer.

Amours chiennes | 29 octobre 2025

Drame | De Alejandro González Iñárritu |
Note : 4,5/5 • Notre avis
Vingt-cinq ans après sa présentation à Cannes, Amours chiennes d’Alejandro González Iñárritu revient dans une version restaurée 4K. Ce premier long-métrage, porté par Gael García Bernal, entrelace trois destins unis par un accident brutal. De la rage des combats de chiens à la solitude urbaine, le réalisateur mexicain capte la violence du monde et la fragilité des sentiments. L’amour devient ici un moteur de chute, un poison sublime qui consume tout. Plus qu’un film sur le Mexique, Amours chiennes est une tragédie contemporaine sur la condition humaine, toujours aussi moderne, violente et nécessaire.