Kirsten Mallyon – I Don’t Mind


Dans I Don’t Mind, Kirsten Mallyon transforme la fragilité en puissance. Une folk apaisée où la bienveillance cesse d’être une soumission et devient un acte d’amour de soi. Entre banjo, silence et lumière, la guérison prend forme.

Avec I Don’t Mind, Kirsten Mallyon signe une œuvre d’une douceur désarmante, où l’on apprend à dire « non » sans colère, à redéfinir la bienveillance sans effacement. Derrière la quiétude du banjo et la clarté du violoncelle, se cache une lutte silencieuse : celle d’une femme qui a trop longtemps plié pour ne pas rompre. La chanson parle de ce moment fragile où l’on prend conscience que céder par habitude n’est pas aimer, mais se perdre. Entre retenue et affirmation, la parole se libère lentement, jusqu’à cette dernière mue, intime et nécessaire.


Le retour d’une prodige de la folk

Basée près de Melbourne, Kirsten Mallyon écrit dans la lenteur d’un quotidien ralenti par trois années de long covid. Cette période d’isolement devient chez elle une matrice créative : la nature environnante, le silence et les gestes simples nourrissent une folk lumineuse, d’une sincérité rare. On y sent la proximité de Joni Mitchell ou Laura Marling, mais avec une clarté toute australienne, empreinte d’air et de feuilles. Mallyon ne cherche pas la perfection, elle cherche la justesse, l’accord entre l’émotion et la respiration. Ses chansons, écrites comme des compagnons de route, traduisent la reconquête du corps et de la voix. La mélancolie ne s’y installe jamais vraiment, car derrière chaque note, il y a un regard lucide sur la guérison : celle du corps, mais surtout celle des limites qu’on apprend enfin à poser.

Une chanson sur la gentillesse en posture

Dans I Don’t Mind, la gentillesse est abordée comme un masque, une posture de survie. Ses paroles évoquent la métamorphose d’une femme qui se plie à tout pour être aimée, puis réalise le poids de cette docilité. Les images de pas qu’elle nettoie et de dos qui se courbe traduisent la répétition d’un renoncement, presque ritualisé. Pourtant, rien n’est plaintif. La voix reste calme, les arrangements clairs, comme si elle acceptait la douleur de grandir. Cette retenue rend le moment de rupture d’autant plus fort : quand elle affirme « I do mind », la lumière change, le banjo devient souffle de liberté, le violoncelle une respiration retrouvée. Ce basculement marque la fin de la complaisance, le début du respect de soi.

L’originalité de ce single tient à la pudeur de son écriture et à sa capacité à tisser la métaphore de la métamorphose sans pathos. Le choix du banjo et du violoncelle crée un contraste entre tension et douceur, entre l’ancrage et la libération. La musique agit comme un miroir de l’émotion : elle ne s’impose pas, elle accompagne la révélation. Les paroles se déplacent d’un « je ne ressens rien » vers un « je ressens enfin ». C’est un entre-deux sensible, un passage de la politesse à la présence, du contrôle à la vérité. En cela, I Don’t Mind n’est pas une simple chanson introspective, mais un petit manifeste sur la dignité émotionnelle, celle qui consiste à dire « je t’aime, mais je m’aime aussi ».


En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Un commentaire ça aide toujours !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.