Eydís Evensen, pianiste et compositrice islandaise, offrira un concert exceptionnel au 3 Baudets le vendredi 24 octobre à 20h. Son univers mêle lumière boréale, intensité émotionnelle et pureté pianistique dans une expérience musicale rare.
L’art d’une émotion organique
Née à Blönduós, petit port du nord de l’Islande, Eydís Evensen s’est forgée une identité musicale singulière, entre héritage classique et souffle contemporain. Formée très jeune au piano, elle a longtemps exploré la relation entre paysage et musique, entre silence et vibration. Son jeu intègre cette sensibilité nordique où chaque note respire l’espace, la mer, le vent et la lumière rasante des terres polaires. Il ne s’agit pas de virtuosité démonstrative, mais d’un geste organique : elle fait surgir l’émotion de la matière sonore elle-même.
Sur scène, sa présence se fait à la fois humble et habitée. L’artiste ne s’impose pas : elle invite. Ses concerts ne s’écoutent pas tant qu’ils se vivent. Le public est entraîné dans un voyage intérieur où se mêlent contemplation et intensité. Certains morceaux rappellent la rugosité du climat islandais, d’autres, la douceur fragile d’une aurore. Rien n’est figé, chaque interprétation porte la marque du moment présent. Ce rapport intime à l’éphémère confère à sa musique une dimension presque spirituelle — celle d’une prière silencieuse adressée à la nature et à la mémoire.
Le souffle du live : l’instant comme matière
Le concert KEXP qui l’a révélée au grand public a mis en évidence ce lien viscéral avec l’instant. Loin des studios policés, Eydís Evensen y déploie un dialogue direct avec son piano, un souffle à la fois instinctif et maîtrisé. Les respirations, les silences, les inflexions de certaines phrases révèlent une écoute absolue du moment. On y perçoit la rigueur d’une musicienne formée au classique autant que la liberté d’une improvisatrice contemporaine.
Sur scène, son langage se libère encore davantage. Elle s’y consacre corps et âme, parfois les yeux clos, cherchant dans le clavier un équilibre entre intériorité et mouvement. La structure de ses pièces semble mouvante, presque liquide. Les motifs réapparaissent transformés, les harmonies se déplacent avec la lenteur hypnotique d’une dérive glaciaire. Son live devient alors une conversation entre elle, le public et le silence — un espace sonore flottant où chaque auditeur peut projeter sa propre émotion. En cela l’instrumentiste, prolonge la tradition islandaise du récit oral : chaque concert devient conte, mémoire et métamorphose.
Le rendez-vous parisien : immersion et résonance
Le 24 octobre, au théâtre des 3 Baudets, le public parisien aura l’occasion rare de pénétrer cet univers sensible. L’intimité du lieu conviendra parfaitement à la texture minimaliste et enveloppante du jeu d’EydísEvensen. Dans cette salle au charme feutré, son piano prendra toute sa dimension narrative : il ne dira pas, il suggérera. Les spectateurs seront conviés non à un simple récital, mais à une traversée.
Cette soirée promet une expérience sonore autant qu’émotionnelle. L’artiste islandaise offre un espace de résonance où le temps semble se ralentir. Les sons, légers comme la bruine, se déposent sur le silence avant de s’éteindre, laissant place à un calme intérieur rare. À 25 euros le billet, la promesse est celle d’un moment précieux, fragile, à la mesure d’une artiste qui fait de la lenteur et de la sincérité musicale des valeurs cardinales. Là où beaucoup cherchent l’effet, Eydís Evensen cherche la vérité — et la trouve au creux des touches blanches et noires.
Écouter Eydís Evensen, c’est éprouver la beauté de la lenteur et la puissance de la simplicité. Son concert au 3 Baudets s’annonce comme une parenthèse lumineuse, où chaque note devient parole du monde. Une soirée à vivre non pour « entendre » mais pour ressentir.
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