Avec « Better off Dead », Decades Late signe une chanson à double lecture : une pop lumineuse qui cache une profonde mélancolie écologique. Derrière les sourires du refrain se devine une urgence universelle, magnifiée par la voix d’Andre Delaroche.
Basé à Brooklyn, le groupe Decades Late cultive une signature sonore singulière entre indie pop et alt-rock des années 90. Guidé par la voix expressive d’Andre Delaroche, le quatuor aborde des sujets contemporains avec une ironie lucide. Leur chanson « Better off Dead », issue de l’EP Second Take, conjugue urgence climatique et mélancolie lumineuse.
Une fausse pop enjouée
Sous ses allures de pop enjouée, « Better off Dead » cache une charge émotionnelle et symbolique puissante. Les paroles dressent un constat amer sur la dérive écologique et morale du monde moderne, où l’humanité préfère détourner le regard plutôt que d’affronter la réalité. L’artiste dénonce une forme de dépendance collective, qu’elle soit chimique ou virtuelle, à travers des images fortes comme « dopamine’s a favorite drug » ou « in plastic we have found our love ». Le contraste entre la douceur acoustique et les sons électriques plus durs illustre cette opposition entre nature et artifice. L’ensemble devient une métaphore sonore de notre époque, un cri lucide, mais enveloppé d’une mélodie faussement insouciante, qui frappe autant par son charme que par son désespoir poétique.
L’originalité de Decades Late réside dans sa manière de transformer la catastrophe en chanson séduisante, presque dansante. La voix d’Andre Delaroche, tour à tour apaisée et tourmentée, incarne cette dualité : le plaisir du rythme contre la douleur du sens. Chaque refrain répété agit comme une obsession, un écho à la phrase glaçante « We’d be better off dead ». Pourtant, au-delà du fatalisme, le morceau invite à une forme d’éveil : prendre conscience avant qu’il ne soit trop tard. La production, signée Reed Black, magnifie cette tension entre ombre et lumière, tandis que la rythmique évoque un souffle vital qui refuse de s’éteindre. Cette chanson d’amour impossible entre l’humain et sa planète, saisie « en plein vol », bouleverse par sa sincérité et sa beauté désabusée. Véritable coup de cœur pour une œuvre où l’émotion et la conscience se fondent en harmonie.
Better off Dead s’inscrit pleinement dans ce renouveau du rock alternatif et de la pop introspective héritée des années 90-2000. Decades Late y combine la nostalgie sonore des guitares analogiques avec la lucidité d’une génération marquée par les crises écologiques et existentielles. Cette chanson, faussement légère, reflète une époque en quête de sens où l’on danse au bord du gouffre en chantant notre propre chute. Le groupe parvient à capturer cette contradiction : celle d’un monde qui se consume tout en cherchant encore la beauté dans les ruines. Entre ironie et tendresse, la production subtile de Reed Black met en lumière la richesse des arrangements, les textures contrastées et la sincérité brute de la voix lead. Ce morceau devient alors bien plus qu’un constat amer : c’est une ode à la lucidité, à l’émotion, à la nécessité de ressentir avant qu’il ne soit trop tard. Un vrai plaisir de voir éclore de tels projets dans cet ADN musical intemporel.
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