La Vie de château, mon enfance à Versailles – Un bijou d’animation à ne pas manquer !


Un conte moderne sur la résilience, la tendresse et la reconstruction, La Vie de Château – Mon enfance à Versailles est une œuvre d’une beauté rare. Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H’Limi signent un film d’animation bouleversant, où le deuil devient un chemin vers la lumière et l’amour.

Avec La Vie de Château – Mon enfance à Versailles, Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H’Limi livrent un bijou d’animation empreint d’émotion et de pudeur. Sous les ors du château de Versailles, ils signent une œuvre sur la reconstruction, la mémoire et le lien filial. Violette, orpheline à l’esprit vif, et son oncle Régis, colosse au cœur cabossé, apprennent à se connaître au fil d’un quotidien fait de maladresses et de tendresse. Ce long métrage, prolongement du court primé à Annecy, explore avec délicatesse la façon dont le deuil peut devenir un chemin vers l’amour, la résilience et la transmission.

Violette a huit ans et un caractère bien trempé. Depuis la mort de ses parents, elle vit avec Régis, son oncle, agent d’entretien à Versailles. L’un se cache derrière la rudesse, l’autre derrière la colère. Dans ce décor majestueux, deux solitudes s’affrontent avant de s’apprivoiser. Régis, interprété par Frédéric Pierrot, incarne un homme en marge, maladroit, dont le silence dissimule la culpabilité. Face à lui, la voix grave et sincère de Nina Perez-Malartre donne à Violette une maturité bouleversante. Autour d’eux gravitent Geneviève, Olga, et les autres figures du quotidien, qui deviennent autant de miroirs de leurs fragilités. Porté par la musique subtile d’Albin de la Simone, le film parle de la famille comme d’un lieu mouvant où l’amour se reconstruit malgré les fêlures.

La Vie de château, mon enfance à Versailles © Xilam Animation

Une leçon sur la vie

Le duo de réalisateurs aborde le deuil avec une rare justesse. Comme dans Amanda de Mikhaël Hers, mais cette fois à hauteur d’enfant, elle questionne la perte et la reconstruction. Le film montre combien la douleur est un processus vivant, fait d’allers-retours entre colère, rejet et apaisement. Violette, souvent incomprise, n’a pas encore les mots pour dire sa peine. Elle cherche des signes, des repères, et trouve dans les gestes de Régis – maladroits, mais sincères – une forme de langage réparateur. Nathaniel H’Limi traduit cela par un dessin à la fois tendre et précis, héritier de Sempé et de la ligne claire. Les couleurs chaudes, la lumière dorée des couloirs de Versailles et le contraste entre l’immensité du château et la petitesse des personnages soulignent leur quête d’équilibre.

La scène du feu, moment pivot de leur rapprochement, en est l’illustration : deux âmes isolées qui, en jetant un pull dans les flammes, brûlent leurs blessures pour renaître autrement. La Vie de Château enseigne que la résilience n’est pas un retour à l’état d’avant, mais une métamorphose : celle qui naît du lien retrouvé. Violette découvre qu’on peut aimer sans comprendre, pardonner sans tout savoir. Régis apprend que la tendresse n’est pas faiblesse, mais force tranquille. L’œil oudjat, symbole de guérison et d’équilibre, ponctue l’histoire comme un fil spirituel : il rappelle que la lumière peut surgir même des blessures les plus profondes. À travers son écriture subtile, Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H’limi signent une œuvre sur l’apprentissage de l’altérité et la beauté fragile de la réconciliation. Un film profondément humain, sincère et apaisant.

Un bijou de film d’animation : authentique, vrai et bouleversant.

Certes, le film nous fait penser à Amanda pour son contexte, mais nous dévoilant le deuil du point de vue d’une enfant et non d’un grand frère découvrant la parentalité de manière inattendue. Le film nous permet de découvrir beaucoup de nuance de l’âme, dont Régis qui incarne ces êtres blessés qui vont devoir apprendre à se reconnecter aux autres. Ponctué à plusieurs reprises de l’Œil Oudjat : est le symbole égyptien de la protection, de la guérison et de l’intégrité retrouvée. Issu du mythe où Thot restaure l’œil arraché d’Horus, il incarne la victoire de l’ordre sur le chaos. Utilisé comme amulette et dans les rites funéraires, il garantissait santé, équilibre et renaissance dans l’au-delà.

La vie de château est un film d’apprentissage, celui des autres dans des moments difficiles. On se découvre et perçoit différemment nos proches ou notre entourage.  Violette et Régis apprennent à voir la vie sous un jour nouveau – « Certaines personnes sont superbes, mais pas avec tout le monde ». Un peu comme le disait un poète allemand : On ne doit pas résumer notre vision de quelqu’un à la dernière conversation que l’on a eu avec elle, mais à toute l’histoire commune. (A person isn’t who they are during the last conversation you had with them. They’re who they’ve been throughout your whole relationship. – Rainer Maria Rilke).

Ce que l’on aime dans ce film, c’est la manière sans édulcorant de montrer la peine d’une jeune orpheline, sa manière de vouloir construire quelque chose de nouveau. Un rien ne l’énerve et les autres posent des questions stupides qui l’irritent. Elle veut juste trouver quelque chose de tangible et rassurant, un point fixe et récurrent comme une petite souris venant dormir dans sa main.

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Note : 5 sur 5.

15 octobre 2025 en salle | 1h 21min | Animation
De Clémence Madeleine-Perdrillat, Nathaniel H’limi | 
Par Clémence Madeleine-Perdrillat, Alice Vial
Avec Nina Perez-Malartre, Emi Lucas-Viguier, Frédéric Pierrot


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