La Cinémathèque française rend hommage à Orson Welles avec une exposition monumentale retraçant la vie, les films et l’héritage du génie de Citizen Kane. Une plongée fascinante dans l’esprit d’un créateur qui a réinventé le cinéma.
Orson Welles n’a jamais simplement « fait » du cinéma : il l’a repensé de fond en comble. Réalisateur, acteur, scénariste, homme de théâtre et magicien, il a bouleversé les codes visuels et narratifs dès Citizen Kane en 1941. Visionnaire, insoumis, provocateur, Welles incarne à lui seul la naissance du cinéma moderne. Quarante ans après sa disparition, la Cinémathèque française célèbre ce démiurge à travers une exposition monumentale, My Name is Orson Welles, retraçant sa vie, ses obsessions et l’empreinte indélébile qu’il a laissée sur la pellicule comme dans l’imaginaire collectif.
Débuter avec l’univers d’Orson Welles
Avant même Hollywood, Orson Welles était déjà une légende. À vingt-trois ans, il bouleversait le théâtre new-yorkais avec ses relectures audacieuses de Macbeth ou Jules César, puis faisait trembler l’Amérique entière en 1938 avec son adaptation radiophonique de La Guerre des mondes, provoquant la panique d’un pays tout entier. Ce jeune prodige, que tout destinait à Harvard, mais qui préféra l’aventure, entre directement dans l’histoire.
Hollywood ne tarda pas à s’incliner : la RKO lui offrit un contrat inédit, carte blanche totale pour un premier long métrage. Ce sera Citizen Kane. Le film, aussitôt acclamé et condamné, marque le point de bascule entre le cinéma classique et le cinéma moderne. Par sa mise en scène, ses angles inédits, ses jeux d’ombres et sa narration éclatée, Welles y impose une révolution. Il n’a pas seulement raconté une histoire : il a inventé une nouvelle manière de penser le regard. À partir de là, le cinéma ne sera plus jamais le même.
François Truffaut le disait : Kane n’était pas un coup d’essai, mais une déflagration esthétique. Orson Welles, en un film, avait conquis l’éternité.
Une exposition grandiose
Avec My Name is Orson Welles, la Cinémathèque française consacre une rétrospective d’une ampleur exceptionnelle à l’un des plus grands génies du XXᵉ siècle. Sous la direction de Frédéric Bonnaud, l’exposition s’étend sur 600 m² et réunit plus de 400 œuvres : photographies, dessins, archives, extraits de films, installations et objets personnels issus des collections d’Orson Welles et d’Oja Kodar. C’est un parcours total, une immersion dans la pensée et la création d’un artiste multiple.
Cinq grandes sections structurent le voyage : le Wonder Boy de Broadway et de la radio, le triomphe de Citizen Kane, les années de désillusion à Hollywood, la renaissance européenne, et enfin le Welles crépusculaire, magicien et peintre, souverain sans royaume. Le visiteur découvre un créateur insatiable, intellectuel américain nourri de Shakespeare, Montaigne ou Kafka, mais aussi showman capable de couper en deux Rita Hayworth pour amuser les soldats.

L’exposition ne s’arrête pas au mythe du génie maudit : elle réhabilite la totalité d’une œuvre éclatée, faite de films achevés et inachevés, de projets avortés et de fulgurances inoubliables. Elle montre comment Welles, toujours en avance sur son temps, a façonné le concept même d’auteur de films.
Citizen Kane, Le Procès, Othello, Falstaff… autant de miroirs d’un même combat : celui d’un homme qui n’a cessé de se réinventer, de refuser le compromis et d’interroger le pouvoir, la vérité et la solitude.
Cette exposition est aussi une méditation sur la liberté : celle d’un artiste qui aura tout risqué pour garder le contrôle de son œuvre. Soutenue par Warner Bros., cette célébration n’est pas un mausolée, mais une fête : deux mois de projections, de conférences et de rencontres pour comprendre comment Welles, l’enfant prodige du théâtre et du cinéma, a fait du grand écran un espace de pensée.
Les points forts de l’exposition
L’un des atouts majeurs de My Name is Orson Welles réside dans son approche sensorielle : le visiteur ne se contente pas de regarder, il expérimente. Une salle recrée la panique de La Guerre des mondes, tandis qu’une boule à neige interactive plonge dans l’univers glacé de Citizen Kane. Des miroirs renvoient le reflet démultiplié de La Dame de Shanghai, écho au vertige des identités fragmentées. Trois mini-salles de projection accueillent en boucle des extraits mêlant films achevés, inédits et essais visuels ; l’écriture cinématographique de Welles s’y révèle dans toute sa modernité.
L’exposition dévoile également ses talents méconnus de dessinateur et sculpteur, à travers une quarantaine d’œuvres exposées pour la première fois. On y découvre un créateur complet, capable de penser le cinéma comme une forme plastique. Son rapport à Shakespeare, Kafka, Cervantès ou Blixen montre à quel point il a su faire dialoguer littérature et image.

Enfin, la rétrospective intégrale, organisée parallèlement du 8 octobre au 29 novembre 2025, permet de revoir tous ses films, y compris les inachevés, dans leurs différentes versions. Des conférences, comme Welles : montages et remontages ou Gregg Toland, directeur de la photographie de Citizen Kane, viennent éclairer les coulisses d’un travail visionnaire.
Quarante ans après sa disparition, la Cinémathèque française signe un hommage total, fidèle à l’esprit d’un homme qui disait : « La caméra photographie la pensée. » Chez Orson Welles, tout n’était qu’expérience, lumière et vertige. Son cinéma reste une leçon de liberté, un défi lancé au temps, et cette exposition en est la plus belle preuve.
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