Christian Clavier défend l’usage de l’intelligence artificielle dans son film Le Million, suscitant la colère des internautes et des professionnels du doublage qui dénoncent une menace culturelle.

En pleine promotion de son nouveau film Le Million, Christian Clavier a surpris le public en révélant qu’il avait été remplacé par l’intelligence artificielle dans une partie du long-métrage. L’acteur s’est montré enthousiaste face à cette innovation, qu’il considère comme une avancée prometteuse pour le cinéma. Mais ses propos, loin de faire l’unanimité, ont déclenché une vive réaction sur les réseaux sociaux.

Dans la bande-annonce, une séquence attire particulièrement l’attention : son personnage se retrouve face à une version féminisée de lui-même. Plutôt que de recourir au maquillage et aux costumes, Christian Clavier a laissé une IA générer ce double. « Ce n’est pas du tout moi grimé, comme on peut le penser au premier abord. C’est entièrement fait par la machine. », explique-t-il, ajoutant que le processus, certes coûteux, permettait d’ouvrir de nouvelles perspectives. L’acteur s’est même dit « heureux de ne pas avoir eu à se déguiser », insistant sur le potentiel créatif d’un tel outil.

Cette position, en apparence progressiste, soulève pourtant des inquiétudes. Car l’usage de l’intelligence artificielle fragilise directement plusieurs professions : maquilleurs, techniciens, comédiens et surtout doubleurs. Interrogé par Konbini, Christian Clavier a reconnu que les acteurs de doublage étaient menacés, allant jusqu’à affirmer qu’ils devraient « se reconvertir », comme tant d’autres métiers face aux révolutions technologiques. Des propos jugés méprisants par de nombreux internautes, qui dénoncent un manque d’empathie pour des professions essentielles à la richesse culturelle du cinéma français.

La polémique a franchi un nouveau cap quand Jean-Baptiste Maunier a pris la parole sur Instagram. L’acteur des Choristes a défendu avec vigueur le doublage, rappelant qu’il ne s’agissait pas d’un simple outil technique mais d’un véritable art. « La VF, en France, c’est plus qu’un outil : c’est un art à part entière, respecté et aimé du public», a-t-il écrit, saluant le travail des directeurs artistiques, adaptateurs, ingénieurs du son et comédiens. Un plaidoyer qui fait écho à la colère grandissante des professionnels du secteur, déjà confrontés à des expérimentations inquiétantes, comme la recréation par IA des voix de Jacques Frantz ou Alain Dorval.

Les déclarations de Christian Clavier mettent en lumière une fracture profonde dans le monde du cinéma. Entre fascination pour les possibilités offertes par l’intelligence artificielle et crainte d’une disparition des métiers qui font la richesse des films, le débat reste ouvert. Une chose est certaine : l’IA bouleverse déjà l’équilibre de l’industrie, et ses usages futurs seront scrutés avec attention par le public comme par les professionnels.