Les Tourmentés de Lucas Belvaux : un thriller noir sur la survie et la rédemption


Avec Les Tourmentés, Lucas Belvaux revisite le genre de la chasse à l’homme pour en faire une réflexion profonde sur la résilience et la valeur de la vie. Porté par Niels Schneider, Ramzy Bedia, Linh-Dan Pham et Déborah François, le film explore les tourments d’êtres abîmés par la guerre, l’absence d’amour et les blessures intimes. Un thriller sombre et lumineux, entre brutalité et quête d’humanité.

Avec Les Tourmentés, Lucas Belvaux livre un film à la fois sombre et avec un espoir de renouveau, où le genre du « survival » se teinte d’humanité. Inspiré de son roman éponyme, récompensé de plusieurs prix littéraires, le réalisateur explore les limites de la violence et la possibilité d’une rédemption. Skender, ancien légionnaire brisé, accepte de servir de gibier à une riche veuve en quête de sensations extrêmes. Mais derrière cette chasse à l’homme se dessine un récit d’apprentissage inversé, où chaque personnage, abîmé par la vie, cherche une forme de lumière. Porté par Niels Schneider, Ramzy Bedia, Linh-Dan Pham et Déborah François, le film bouscule le spectateur, questionnant la valeur d’une vie et la force de la survie.


Un homme hanté par son passé

Skender (Niels Schneider), ancien légionnaire hanté par la guerre, survit en marge de la société. Recruté pour une chasse à l’homme orchestrée par une mystérieuse veuve fortunée, « Madame » (Linh-Dan Pham), il devient proie consentante contre rémunération. Max (Ramzy Bedia), majordome fidèle et énigmatique, veille sur sa maîtresse avec une loyauté ambiguë, tandis que Manon (Déborah François), épouse de Skender, incarne la pulsion de vie et l’instinct protecteur d’une mère. Chaque figure avance dans une zone grise où la violence, l’honneur et le désir de survivre s’entrecroisent. Le réalisateur ne signe pas un simple récit de chasse, mais une plongée dans les contradictions humaines, où la brutalité côtoie l’espérance. Les personnages, tourmentés par leur passé, se confrontent à l’essentiel : redéfinir ce que vaut la vie.


Un film sur la résilience, l’instinct de survie

Les Tourmentés dépasse les codes classiques du film de survie pour s’ancrer dans une réflexion sur la résilience. Plutôt qu’une lutte sanglante pour la survie, Lucas Belvaux choisit d’explorer les fractures intérieures : l’absence d’amour, la violence subie, les cicatrices de la guerre. Skender, contraint d’affronter ses démons, se redécouvre à travers cette épreuve brutale. Max, homme de l’ombre, s’interroge sur sa fidélité et la voie qu’il a choisie. Quant à Madame, elle incarne le vertige du pouvoir, mais aussi le vide affectif qui l’a conduite à théoriser son goût pour le sang. Manon, lumineuse, oppose à la mort l’instinct vital de protéger et transmettre. Ce jeu de forces contraires construit un récit où la mort n’est plus une fin mais un révélateur. Lucas Belvaux orchestre une épiphanie sombre et sensible, où les personnages découvrent qu’au-delà du désespoir, la vie reste digne d’être vécue.


Quand un roman nourrit l’inspiration.

À l’origine, cinéaste n’avait pas imaginé de film, mais un roman. Épuisé par la mécanique contrainte du scénario, il voulait renouer avec une écriture libre. Les Tourmentés, publié en 2022, lui offrait cette respiration. Ce n’est qu’après coup qu’il perçoit son potentiel cinématographique : derrière l’ossature d’un thriller, il y a matière à un récit plus profond, porté par des personnages abîmés, mais capables d’espérance. L’adaptation fut exigeante, car chaque coupe représentait un deuil. Transformer des monologues intérieurs en images impliquait une réinvention, mais aussi une fidélité au « noir lumineux » qui imprègne son œuvre.

Les Tourmentés avec  Linh-Dan Pham, Ramzy Bedia - David Koskas - BIZIBI
Les Tourmentés : Photo Linh-Dan Pham, Ramzy Bedia © David Koskas – BIZIBI

Un casting à flirt de peau

Lucas Belvaux cherchait des interprètes capables d’embrasser l’ambiguïté de ses personnages. Niels Schneider incarne Skender, oscillant entre violence contenue et quête de rédemption. Ramzy Bedia surprend dans un rôle dramatique, où sa retenue révèle une profondeur insoupçonnée.

Linh-Dan Pham, mystérieuse et implacable, donne à « Madame » une complexité qui échappe à la caricature. Déborah François, enfin, insuffle à Manon une volonté de vie bouleversante, entre instinct maternel et amour. Le réalisateur privilégie un travail concret sur le rythme, les corps et les déplacements plutôt que de longs discours psychologiques. Ce choix d’acteurs, fruit autant de rencontres que d’intuitions, confère au film une intensité où chaque rôle résonne comme une variation autour de la survie et de l’humanité.

Notre avis

Les tourmentés nous livre une œuvre sombre où l’instinct de survie, l’envie de revanche vont faire une collocation tranchante et imprévisible. On aime le côté très Hitchcockien du film tant dans l’ambiance, la musique et les personnages. Une revanche sur la vie au prix de la sienne. Peut-on vraiment tout avoir et comment tenir ses promesses après une nouvelle lune de miel avec l’être que l’on a tant aimé ? Ce temps offert où tout est à portée de main est un peu comme un pacte avec le diable ; à la fin, il faut passer par la caisse et tenir ses promesses.

La grande surprise de ce film est Ramzy Bedia qui sort de sa zone de confort, dévoilant un personnage sombre et un jeu d’acteur surprenant !

Les Tourmentés avec Déborah François, Niels Schneider
Les Tourmentés : Photo Déborah François, Niels Schneider © David Koskas – BIZIBI

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Note : 3.5 sur 5.

17 septembre 2025 en salle | 1h 53min | Drame
De Lucas Belvaux | 
Par Lucas Belvaux
Avec Niels Schneider, Ramzy Bedia, Linh-Dan Pham


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