Découvrez Sweet Thérapie, le premier album de June the Girl. Une pop hybride, traversée de spleen et de références pop-culture, où l’acceptation de sa différence et faiblesse – action salvatrice dans une société à bout de souffle, devient un manifeste générationnel vibrant et sincère.
June the Girl : Sweet Thérapie, une plongée pop entre spleen, références cultes et exorcisme générationnel
June the Girl revient avec Sweet Thérapie (InTenSe, sortie le 5 septembre), un premier album qui agit comme une lame de fond : tranchante, fragile, mais terriblement lucide. Après plus de 4 millions de streams et une communauté TikTok fidèle, l’artiste assume son rôle d’outsider en transformant ses blessures en refrains éclatants. Ses chansons oscillent entre spleen et second degré, convoquant Freddy Krueger, BoJack Horseman ou Michel Gondry comme des compagnons de route pour apprivoiser ses démons intérieurs. Ici, pas de vernis lisse : elle expose ses contradictions, son goût pour l’horreur réconfortante et la dérision comme survie. Sweet Thérapie est moins une collection de morceaux qu’un miroir tendu à une génération qui danse sur ses ruines en souriant de travers.
Avec 11 titres (dont 4 déjà révélés dans ses deux premiers EP), l’artiste mélange inédites et repères connus. La release party aux Étoiles, le 18 septembre à Paris, sera l’occasion de découvrir en live cette thérapie musicale, dans une atmosphère intimiste et électrisante.
Cet album est l’éclairage d’un univers. June the Girl, c’est deux EP et un premier album avant ce nouvel opus. Certains titres comme Emotionnal et Reasons Why forment un socle indéniable de son identité artistique, même s’ils sont absents de ce second album. Un monde où l’on accepte le Mal et nos propres démons comme composant de notre quotidien où nous sommes voués à mourir un jour. Une forme de Romantisme Noir agrémenté de zeste d’optimiste désabusé.
Tracklist de l’album
Dancing With My Monsters
Pretty Girls Always Smile
Jusqu’à l’Os (Single)
Tinder Terreur
Mr Slender Man
Éternel Sunshine
Armageddon
Bates Motel
Ta Dose de Tendresse
Aïe Je Sais Pas
Mais Après ? (Outro)
L’outsider flamboyante et sa pop hybride
June the Girl s’est toujours tenue à la marge, et elle cultive cette position comme une force. Dans Jusqu’à l’os, elle crache une vérité désabusée, presque héritée de BoJack Horseman : « La vie est trop dégueulasse et puis à la fin tu meurs. » Derrière l’ironie mordante, se cache une mélancolie profonde, assumée jusqu’à la moelle. Ses textes n’offrent pas de solution miracle, mais une forme d’acceptation brutale. L’outsider ici, ce n’est pas la figure marginale en quête de reconnaissance, mais l’artiste qui choisit de ne jamais travestir sa faille. En mariant la noirceur au dancefloor, June the Girl incarne la contradiction d’une génération : vouloir briller sur TikTok tout en clamant qu’on est rongé de l’intérieur. Cette tension nourrit un univers où l’on se sent simultanément paumé et galvanisé, perdu mais bien vivant.
Dans Aïe je sais pas, elle expose frontalement ses doutes existentiels : avoir 30 ans, ne pas savoir si l’on veut des enfants, vaciller entre normes sociales et chaos intime. Ce questionnement intime, presque viscéral, révèle la solitude de celle qui refuse de se laisser dicter un rôle. Là encore, elle transforme l’angoisse en chanson pop, avec un humour noir rappelant Carrie ou Rosemary’s Baby. Ce mélange de fragilité et de rébellion incarne parfaitement sa posture d’outsider assumée. Avec Armageddon, elle pousse la métaphore plus loin : l’amour et la fête comme dernier verre avant la fin du monde, une étreinte passionnée juste avant que tout explose. Ici, la catastrophe devient une scène glamour et romantique, comme si la fin de tout n’était qu’une excuse pour aimer plus fort. June the Girl transforme chaque déséquilibre en étendard, et c’est cette tension entre douleur et lumière qui lui donne une identité unique dans le paysage pop français.
Une lutte contre la mélancolie transformée en exorcisme pop
Dans Dancing with My Monsters, l’artiste ne cherche pas à cacher ses terreurs : elle les invite à danser. Ce parti-pris, rare dans la pop française, installe une esthétique où la fragilité devient un rituel festif. Ses monstres intérieurs deviennent des partenaires de danse, rappelant que la peur, apprivoisée, se transforme en énergie vitale. Là où d’autres sombrent dans le pathos, l’artiste choisit le rire jaune, la dérision et la surenchère dramatique. On pense à ces héroïnes de Gondry ou Kaufman, qui vivent dans des mondes absurdes mais authentiques. La mélancolie, loin de l’écraser, devient le carburant de sa créativité. Chaque titre agit comme un exorcisme musical, où la voix fragile se heurte aux beats synthétiques pour produire une émotion à la fois cathartique et contagieuse.
Dans Mais après ?, ce combat contre l’angoisse se poursuit. Elle évoque les lendemains incertains, le succès qui ne dissipe pas les monstres, la peur que derrière chaque victoire se cachent de nouvelles ombres. Là encore, les figures d’horreur surgissent – Freddy, Ghostface, Slender Man – comme des compagnons paradoxaux, témoignant de cette volonté de regarder ses peurs en face. L’album tout entier fonctionne comme une catharsis : accepter que l’on danse sur ses ruines, que l’on rit avec ses fantômes, et que la mélancolie peut devenir un moteur créatif. Le résultat : une pop viscérale, théâtrale, mais toujours portée par une énergie communicative. Les refrains sont faits pour tourner sur TikTok, mais ce n’est jamais gratuit : derrière l’entrain se cache une authenticité brute. June the Girl assume la contradiction de sa génération, qui transforme la douleur en performance artistique pour mieux exorciser ses blessures.
La vie est comme une longue paralysie du sommeil avec l’Homme au chapeau ou simplement un long fleuve tranquile, il faut accepter les choses comme elles sont, parfois plus grande que nous, mais sourire en fonçant parfois droit dans le mur.
Des références pop-culture comme bouclier générationnel
De Freddy Krueger dans Tinder Terreur à Slender Man dans Hello Mister Slender Man, June the Girl tisse un univers où les figures de l’horreur deviennent des métaphores intimes. Ces références ne sont pas de simples clins d’œil geek : elles fonctionnent comme des armures symboliques. Freddy, BoJack, Ghostface… autant de personnages qui incarnent nos failles, nos addictions ou notre désespoir. Les convoquer, c’est se donner la force de les apprivoiser. Son écriture, héritée autant du cinéma que de l’imaginaire internet (creepypasta, séries cultes), construit une mythologie moderne où l’on peut enfin rire de ses peurs. En cela, Sweet Thérapie est un album générationnel : il traduit ce besoin de dérision et de second degré pour survivre à l’absurde d’un monde saturé de crises.
Mais elle ne se limite pas à l’horreur. Déjà dans Reasons Why, elle convoquait le clan des Virgin Suicides, Lebowski et Lana, créant un patchwork culturel qui traduit une quête identitaire. Ce mélange d’icônes générationnelles et de références cinéphiles crée une langue universelle, celle d’une jeunesse qui se reconnaît plus dans des fictions partagées que dans des discours politiques. Dans Pretty Girls Always Smile, elle s’attaque à une autre injonction contemporaine : rester belle et impeccable, même en pleine implosion intérieure. Ce titre, glaçant sous ses airs sucrés, dénonce l’hypocrisie d’une société qui impose aux femmes de sourire pendant qu’elles s’effondrent. Les références pop deviennent alors des miroirs, où chacun projette ses obsessions et ses blessures. June the Girl, en multipliant ces clins d’œil, crée un espace collectif où l’on se sent compris : ses chansons sont des totems générationnels, des refuges pour ceux qui refusent le lissage émotionnel.
L’acceptation des failles comme manifeste
Dans Aïe je sais pas, la trentaine devient un champ de bataille intérieur : enfants ou pas, pression sociale, peur de se faner trop tôt. Les paroles flirte avec Carrie et Rosemary’s Baby, offrant une confession aussi intime que théâtrale. Ici, la vulnérabilité n’est pas présentée comme une faiblesse, mais comme une lucidité. En avouant ses incertitudes, June the Girl capte une vérité universelle : personne ne sait, tout le monde doute, et c’est précisément ce chaos qui nous relie. Elle ne prétend pas offrir des réponses, seulement des refrains où l’on se reconnaît. Dans une société obsédée par la performance et l’image parfaite, cette franchise est salvatrice. Sa voix, parfois tremblée, devient l’étendard d’une génération qui préfère avouer ses failles plutôt que les maquiller.
Via Ta dose de tendresse, elle pousse l’introspection vers l’intime amoureux : l’alcool, le Ghostface des relations toxiques, le couple qui se délite dans un whisky glacé. Loin de la complainte classique, le morceau agit comme une radiographie des sentiments, brutale et élégante. Même l’amour devient ici un terrain d’aliénation, mais aussi de libération par la mise en mots. Cette honnêteté radicale traverse tout l’album : reconnaître ses blessures, c’est déjà se donner une chance de les transformer. Dans un monde où l’on s’épuise à paraître fort, June the Girl rappelle que la véritable force réside dans l’acceptation de sa fragilité. Elle signe un manifeste pop où l’imperfection devient une arme, une façon de cultiver notre différence salvatrice dans une société malade et éteinte.
Sweet Thérapie : un exutoire générationnel
Sweet Thérapie s’écoute comme un carnet intime mis en musique, où chaque morceau explore une facette du désordre intérieur. Mais après ? questionne le succès et l’angoisse du lendemain, tandis que Pretty Girls Always Smile dénonce la tyrannie de l’apparence, cette injonction à rester impeccable même en pleine implosion. Le disque ne cherche jamais à enjoliver la réalité : il la met à nu, puis la transcende par la musique. June the Girl n’idéalise ni la douleur, ni la guérison. Elle crée un espace où l’on peut être bancal, triste, contradictoire, tout en continuant à danser. En cela, son album est moins une “thérapie sucrée” qu’un miroir impitoyable, mais nécessaire. Dans un monde saturé d’images plastifiées, sa sincérité brute est une bouffée d’air.
Avec Éternel Sunshine, référence directe à Michel Gondry, elle reprend le thème de l’effacement des souvenirs amoureux. Comme Joel et Clémentine dans le film, elle interroge le paradoxe de vouloir effacer la douleur tout en craignant d’effacer ce qui nous définit. Ce titre est central : il rappelle que la fuite n’est pas une solution, que nos blessures sont constitutives de notre identité. Dans Cavales au Bates Motel, elle convoque Hitchcock, entre Psychose et Fenêtre sur cour, en transformant le suspense en hymne pop. L’horreur, ici, devient un terrain de jeu pour explorer la psyché humaine. Enfin, avec son outro, elle conclut sur une ambiance plus intimiste mais tout aussi mystérieuse, comme un dernier clin d’œil cinématographique. Chaque titre est une pièce d’un puzzle qui forme une fresque générationnelle. Avec ce premier album, June the Girl s’impose non seulement comme une chanteuse pop, mais comme une conteuse de l’absurde moderne, traduisant en musique les angoisses et les espoirs d’une jeunesse en quête de sens.
Avec Sweet Thérapie, June the Girl signe un manifeste pop générationnel. Elle ne vend pas du rêve, elle nous tend une vérité crue, enveloppée de mélodies addictives. Ses démons deviennent des alliés, ses références pop un langage commun, ses fragilités une force partagée. Outsider assumée, elle prouve que l’on peut transformer le chaos intérieur en beauté bancale, mais lumineuse. Loin d’être une simple chanteuse pop, elle s’impose comme une conteuse de l’absurde moderne, offrant à sa génération un exutoire salutaire. En un mot : indispensable.
Et ce n’est que le début : la release party du 18 septembre aux Étoiles promet de transformer cette thérapie en célébration collective, une communion lucide et vibrante où chacun pourra exorciser ses propres monstres en chantant avec elle.
June the Girl signe une symbiose en parfaite homéostasie Pop et Alt, transpirant d’une mélancolie digne de Placebo et de leur reprise de Running Up That Hill. Cette filiation se ressent particulièrement dans Éternel Sunshine ou encore Pretty Girls Always Smile. L’album est percutant telle Christine fonçant dans la nuit, laissant planer les brumes douce-amères du spleen assumé d’une génération nostalgique des années 80-90. « C’était mieux avant » résonne alors comme une certitude tragique, car l’on connaît déjà le début et la fin. Comme un écho lancinant, le disque rappelle que, dans ce désordre salvateur, se loge toujours le poids et la beauté de la fin annoncée.
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Zoom sur le shooting d’Elisa Grosman à l’occasion de ce nouvel Opus.
La nouvelle iconographie proposée par June The Girl est en parfaite adéquation avec l’album ! On y découvre une artiste qui incarne le clown triste et l’Arlequin moderne, figure ambiguë entre la fête et la mélancolie. Les cheveux en mouvement, le maquillage marqué de larmes noires, les collants rayés rouge et blanc ou encore la robe sertie de perles, tout compose une esthétique de cirque décalé, mais profondément mélancolique. L’Arlequin, traditionnellement joyeux, se transforme ici en miroir de la fragilité intérieure. Le corps alangui au sol, les yeux cernés d’une douleur maquillée, June the Girl se donne en spectacle comme une héroïne qui rit de sa propre chute.
En interview elle confia à laparisiennelife que Sweet Thérapie avait été conçu comme une véritable résilience. « Mes monstres m’attaquent au quotidien,[…] mais à 30 ans je refuse qu’ils me contrôlent », explique-t-elle. L’album ferme la boucle de Welcome to My Terreurs en reprenant certains titres emblématiques (Hello Mr Slender Man, Eternal Sunshine, Tinder Terreur), tout en laissant de côté Reasons Why pour privilégier l’inédit. Rouge prune, couleur choisie pour incarner ce disque, traduit parfaitement cette énergie pop, lumineuse et lugubre à la fois. Toutes ces choix artistique et visuels traduisent parfaitement le thème de l’album : accepter ses monstres, rire au bord des larmes, se tenir entre le grotesque et le sublime. Loin du glamour lisse, cette iconographie expose une artiste qui revendique son droit à être à la fois exubérante et brisée, lumineuse et sombre, transformant sa vulnérabilité en art.
Credit photo © Elisa Grosman
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