Entre drames sensibles, thriller psychologique et pur cinéma de genre, les sorties du 20 août 2025 offrent un panorama dense et contrasté : émotion, tension sociale, fantômes intimes, action nerveuse et frissons nocturnes. De quoi nourrir autant la tête que les tripes.
Cette semaine du 20 août 2025, la salle obscure se décline en sept couleurs. Avec Valeur sentimentale, Joachim Trier creuse la faille amoureuse et ses silences, pendant que Sous tension observe, au scalpel, la dignité des modestes face à la crise. Salve Maria ausculte la maternité dans sa zone grise, entre culpabilité et vertige, là où l’intime devient enquête. Last Shadow at First Light déroule un road-movie hanté par la mémoire et les disparus, quand Les Orphelins réhabilite un cinéma d’action français physique, lisible, organique. Côté sueurs froides, The Ritual – L’Exorcisme d’Emma Schmidt détourne la foi en spectacle sensoriel, et La Nuit des Clowns joue la carte slasher rural. Une moisson cohérente : des auteurs, des paris, et des films qui laissent une trace après le générique.
Valeur sentimentale | 20 août 2025
Drame | De Joachim Trier |
Note : 4/5 • Notre avis
Valeur sentimentale est une œuvre dense, où Joachim Trier conjugue l’intime et l’universel avec une précision rare. Les performances de Renate Reinsve, Inga Ibsdotter Lilleaas, Elle Fanning et Stellan Skarsgård donnent chair à des personnages nuancés. La beauté visuelle, la justesse des dialogues et la musique subtile enveloppent le film d’un doux spleen. Malgré une durée un peu longue, le propos touche juste : l’amour, ses manques, et ces liens invisibles qui nous unissent malgré les fractures.
Sous tension | 20 août 2025
Drame | De Penny Panayotopoulou |
Note : 4,5/5 • Notre avis • Coup de cœur
Sous tension, de Penny Panayotopoulou, est un drame d’une rare sensibilité, où chaque geste devient un acte de résistance face à la précarité. Giannis Karampampas incarne Costas, agent de sécurité dans un hôpital grec en crise, pris entre survie et intégrité. Autour de lui gravitent une mère endeuillée, une belle-sœur dépassée et une nièce qu’il tente de préserver de la dureté du monde. La réalisatrice filme avec une justesse bouleversante la tendresse fragile qui subsiste au milieu du chaos, mêlant critique sociale, symboles discrets et éclats de lumière. Entre l’usure des soignants, la mort omniprésente et l’espoir tenace, le film déploie une humanité profonde, portée par une mise en scène épurée où chaque regard, chaque silence, devient un fragment d’éternité.
Salve Maria | 20 août 2025
Thriller psychologique | De Mar Coll |
Note : 4,5/5 • Notre avis
Dans Salve Maria, Mar Coll plonge au cœur des zones d’ombre de la maternité. Maria, écrivaine en proie au rejet de son bébé, s’obsède pour un infanticide survenu près de chez elle. Entre thriller psychologique et drame intime, le film joue sur l’ambiguïté : atmosphère bleutée, pluie persistante, symbolique du corbeau, scènes d’hallucination et tension sonore créent une frontière floue entre réalité et cauchemar. Laura Weissmahr incarne avec intensité cette héroïne vacillante, enfermée dans un cocon obscur où culpabilité, honte et incapacité à correspondre au modèle de “bonne mère” l’assaillent. La structure en chapitres ponctués de citations féministes et le choix de filmer en 35 mm renforcent la dimension esthétique et politique. La musique chorale de Zeltia Montes accompagne chaque état émotionnel, tandis que les décors – de l’appartement exigu au village de Taüll – traduisent l’isolement croissant. Un récit viscéral et troublant, qui prolonge la ligne ténue entre lucidité et ténèbres.
Last Shadow at First Light | 20 août 2025
Drame fantastique | De Nicole Midori Woodford |
Note : 3,5/5 • Notre avis
Hantée par des visions, Ami, seize ans, quitte Singapour pour le Japon à la recherche de sa mère disparue. Guidée par son oncle Isamu, chauffeur de taxi marqué par ses propres blessures, elle traverse des paysages bouleversés par la tragédie, notamment Rikuzentakata, ville sinistrée par le tsunami de 2011. Inspiré par les confidences de sa grand-mère, rescapée d’Hiroshima, Nicole Midori Woodford tisse un récit où mémoire, perte et fantômes s’entrelacent. Les « traînées de lumière », effets visuels subtils représentant la présence des morts, traduisent une approche poétique du surnaturel. Mihaya Shirata, dans son premier grand rôle, et Nagase Masatoshi incarnent un duo qui passe de la méfiance à une complicité silencieuse. Coproduction Japon-Singapour, Last Shadow at First Light a nécessité sept ans de travail, traversant pandémie et obstacles financiers, jusqu’à sa sélection au Festival de San Sebastián. Un voyage sensoriel qui transcende les frontières du drame et du fantastique.
Les orphelins | 20 août 2025
Action | De Olivier Schneider |
Note : 5/5 • Notre avis • Coup de cœur
Les Orphelins frappe fort : un film d’action français qui ose le muscle, l’émotion et le style. Alban Lenoir et Dali Benssalah forment un duo tendu, explosif, auquel s’ajoute Sonia Faïdi, révélation magnétique et physique. Pas de fond vert, pas de triche : tout est concret, brut, tendu. Le réalisateur Olivier Schneider orchestre ses combats comme des dialogues : chaque coup a un sens, chaque course-poursuite raconte quelque chose. À travers Leïla, adolescente traquée, c’est aussi un récit de transmission, de pardon, de rage contenue. Et si l’Hexagone tenait enfin son vrai film d’action ? Un buddy movie à la française, viscéral, sincère, qui fait claquer l’asphalte et trembler les silences.
The Ritual – L’Exorcisme d’Emma Schmidt | 20 août 2025
Horreur | De David Midell |
Note : 1/5 • Notre avis
The Ritual – L’Exorcisme d’Emma Schmidt avait tout pour s’imposer comme un grand film d’horreur historique : inspiré d’un exorcisme réel reconnu par l’Église, doté d’un casting prestigieux (Al Pacino, Abigail Cowen, Dan Stevens), et porté par David Midell, réalisateur déjà remarqué pour L’assassinat de Kenneth Chamberlain. L’histoire de 1928, avec Emma Schmidt recluse dans un couvent de l’Iowa et affrontant un combat spirituel de 23 jours, reste fascinante. Mais la mise en scène s’effondre : la caméra tremblante, omniprésente, transforme l’expérience en cauchemar visuel. Ce parti pris documentaire, pensé pour renforcer l’immersion, vire à la surenchère et provoque une véritable « nausée visuelle ». La presse et les spectateurs dénoncent une photographie déplaisante, gâchant la tension dramatique. Le paradoxe est cruel : malgré une base historique exceptionnelle et une équipe technique solide, le film se saborde par ses choix esthétiques, frustrant ceux qui attendaient une œuvre marquante.
La nuit des clowns | 20 août 2025
Horreur | De Eli Craig |
Note : 2,5/5 • Notre avis
La Nuit des Clowns (Clown in a Cornfield) s’ouvre sur une promesse forte : un décor rural qui bascule dans l’angoisse et une figure de clown inquiétante. Adapté du roman d’Adam Cesare, le film exploite l’imaginaire des petites villes américaines et leurs fractures sociales. Mais derrière ce point de départ intéressant, le récit se disperse dans des codes trop attendus, multipliant les situations convenues. On retiendra tout de même quelques idées visuelles marquantes et une tension efficace par instants, malgré une trame générale qui manque de mordant. Le film réussit à transformer un décor familier en piège anxiogène, porté par un clown terrifiant devenu symbole social autant qu’épouvantail horrifique. Mais derrière ses fulgurances visuelles et son atmosphère oppressante, le film s’enlise dans les clichés du teen movie d’horreur. Frendo fascine, effraie, mais l’ensemble manque d’audace pour s’imposer comme un classique du genre. Résultat : un film correct, mais inégal, entre éclairs de génie et recyclage convenu.
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