Sleeping Dogs – Un thriller psychologique porté par Russell Crowe


Entre souvenirs fragmentés et récits manipulés, Sleeping Dogs entraîne le spectateur dans un puzzle psychologique où chaque point de vue peut être un mensonge. Russell Crowe incarne un enquêteur brisé, perdu entre mémoire et vérité, dans un polar noir tendu et déroutant.

Adapté du best-seller international Jeux de miroirs d’Eugen Ovidiu Chirovici, Sleeping Dogs est un jeu de piste haletant où enquête, mémoire et mensonges se mêlent. Réalisé par Adam Cooper, spécialiste des blockbusters (Assassin’s Creed, Exodus, Divergente 3, Le Transporteur : Héritage), ce thriller psychologique marque le retour sur le devant de la scène d’un Russell Crowe intense et tourmenté. Face à lui, Karen Gillan (Les Gardiens de la Galaxie, Jumanji) et Tommy Flanagan, qu’il retrouve 24 ans après Gladiator. Déjà disponible sur Prime Video et en VOD/EST dès le 2 septembre 2025, le film offre un face-à-face tendu avec la vérité, sur fond de souvenirs brisés et de zones d’ombre persistantes.


L’histoire

Roy Freeman, ancien détective de la criminelle, vit retiré du monde, souffrant de troubles de la mémoire. Lorsqu’un ancien dossier refait surface, il replonge dans une enquête où chaque indice ravive ses propres souvenirs… ou ses illusions. Entre manipulations, secrets et vérités fragmentées, l’ex-policier se confronte à un passé qu’il croyait oublié, et à des protagonistes dont les motivations restent troubles. La frontière entre réalité et perception devient plus fragile à mesure que l’enquête progresse.


Notre avis

Dans Sleeping Dogs, l’un des protagonistes est mémorialiste littéraire, et dans le film la notion de liberté fictionnelle est au cœur. Notre enquêteur et l’ensemble des personnages sont perdus dans une réalité-multiple où chacun voit le monde de son angle. Un puzzle des souvenirs donne au film des dimensions de film noir, avec une intrigue tournant autour d’une femme fatale manipulée ou manipulatrice ? Le film repose sur ces nuances entre le bien, le mal, ce professeur (Joseph Wieder, incarné par Marton Csokas) collègue expert des souvenirs et des traumatismes. Il abuse de sa position de thérapeute et ne s’en cache pas.

Le film fonctionne en chapitres sur chacun des personnages au centre du crime. L’ex-policier vit comme pour la première fois cette enquête, ayant perdu la majorité de ses souvenirs dans la brume de la maladie. Le film actualise le principe psycho-cognitif de la douleur comme étant ancré en nous et permettant le codage de souvenirs plus ou moins flous. Il se coupe, un souvenir émerge. Sleeping Dogs adopte une dimension très empirique du film noir, offrant une approche psychologique pointue.

Mémoire et fiction : Richard Flynn au prisme du récit

Richard Flynn est présenté comme mémorialiste littéraire, aspirant écrivain dont le manuscrit déclenche l’enquête autour de l’assassinat du professeur de psychologie Joseph Wieder, une position qui interroge la frontière entre vérité et invention. Contrairement à l’autobiographie, qui vise à raconter sa vie de manière fidèle, ou au roman autobiographique, qui transpose une expérience personnelle en fiction, le mémorialiste navigue dans un entre-deux ambigu. Son récit use de libertés littéraires : fragments de souvenirs, ellipses, subjectivité assumée. À la différence du roman biographique, centré sur la vie d’autrui documentée, il propose une reconstruction intime et manipulée. C’est là tout le cœur de Sleeping Dogs : la fiction du réel, où souvenirs, récits et points de vue s’entrechoquent, chacun projetant sa propre vision du monde à travers le prisme de sa mémoire et de ses blessures. Le film reprend ce motif, mais recentre l’intrigue sur Roy Freeman, reléguant le manuscrit au second plan et accentuant la confrontation entre mémoire et vérité. L’oeuvre de l’esprit devient une source de remise en question, chacun y colle ses fantasmes et désirs.


Analyse inter-média : du livre à l’écran

Sleeping Dogs est l’adaptation du roman Jeux de miroirs d’Eugen Ovidiu Chirovici, publié dans plus de 50 pays. Si le film conserve la trame générale, il prend plusieurs libertés marquées. Dans le roman, l’enquête progresse au fil de multiples points de vue – agent littéraire, journaliste, policier retraité – à travers un manuscrit mystérieux qui en est le pivot central. Dans le film, ce manuscrit devient un élément secondaire : la narration se concentre exclusivement sur Roy Freeman, incarné par Russell Crowe, et avance de manière linéaire, à travers ses perceptions et ses souvenirs fragmentés.

Le professeur Joseph Wieder, campé à l’écran par Marton Csokas, est l’élément central du crime autour duquel gravitent les différents protagonistes. Le rôle de Laura Baines, interprétée par Karen Gillan, bénéficie d’un développement différent : si dans le roman, elle est abordée par des regards extérieurs, le film lui offre davantage de présence et de profondeur, renforçant l’ambiguïté de ses motivations.

Adam Cooper résume sa vision : « Un bon thriller repose avant tout sur le parcours d’un personnage captivant. Il y a aussi des éléments cachés, distillés peu à peu, comme une carotte que l’on agite devant le spectateur. Il faut que l’intrigue pousse à aller de l’avant, scène après scène. Des personnages ambigus, à la fois dans leur attitude et leurs intentions, sont essentiels. »

Visuellement et dans l’ambiance, Sleeping Dogs rend hommage à The Thing de John Carpenter, en jouant sur l’isolement psychologique, la paranoïa et la tension permanente. Le film adopte également un format en chapitres, chaque segment se concentrant sur un personnage clé de l’affaire. Ce choix rappelle la structure éclatée du roman, tout en conservant une unité narrative centrée sur Roy Freeman.

Sleeping Dogs © SND – Paramount Pictures Germany

Un retour marqué au thriller psychologique

La sortie de Sleeping Dogs a marqué un retour au thriller psychologique centré sur la mémoire et la perception. Russell Crowe livre ici une interprétation solide et convaincante, campant un Roy Freeman vulnérable, usé, mais déterminé. Sa prestation est saluée pour la justesse avec laquelle il traduit la confusion d’un homme dont l’esprit est un labyrinthe de fragments. Russel Crowe est « parfaitement casté », selon plusieurs critiques, et porte le film sur ses épaules.

Karen Gillan, dans le rôle de Laura Baines, apporte un mystère palpable, nuancé par des moments de fragilité et de duplicité. Même si elle reste un personnage secondaire en termes de temps d’écran, sa présence est essentielle à la tension dramatique. Tommy Flanagan retrouve Russel Crowe pour la première fois depuis Gladiator, ajoutant une dimension nostalgique pour les spectateurs.

L’intrigue se distingue par sa structure plus linéaire que le roman The Book of Mirrors, mais conserve un parfum de puzzle grâce aux flashbacks qui ponctuent le récit. Adam Cooper, pour son premier long métrage en tant que réalisateur, adopte une mise en scène claire et sobre, laissant l’atmosphère pesante s’installer par la lumière et le rythme.

Le film ne cherche pas l’esbroufe : la tension repose sur l’évolution des personnages, la manipulation des souvenirs et la question récurrente de la fiabilité de la mémoire. Ce choix plaira aux amateurs de thrillers psychologiques qui préfèrent la progression subtile à l’action effrénée.

Sleeping dogs © SND, Paramount Pictures Germany

Pourquoi voir ce film ?

Trois raisons principales rendent Sleeping Dogs incontournable :
Un casting prestigieux : Russell Crowe, Karen Gillan et Tommy Flanagan forment un trio de visages marquants, réunissant intensité, charisme et mystère. La dynamique entre ces acteurs soutient l’ensemble, même dans les moments les plus introspectifs.

Un thriller psychologique mené par un expert du genre : Adam Cooper connaît les codes du blockbuster, mais les applique ici à une intrigue intime et tendue. L’efficacité de sa narration, inspirée par des références comme Memento, sert un suspense où chaque détail compte.

Une adaptation d’un best-seller international : fort de plus de 400 000 exemplaires vendus dans 50 pays, le roman Jeux de miroirs a trouvé dans ce film une version plus resserrée et émotionnelle. Si le livre multipliait les narrateurs et les points de vue, le film choisit de nous enfermer dans la tête de Roy Freeman, nous faisant vivre de l’intérieur ses pertes et ses éclairs de mémoire.

En outre, l’ambiance du film, entre polar noir et drame psychologique, captive par son mélange de tension et de vulnérabilité. Les spectateurs avides de récits sur la vérité subjective et la reconstruction personnelle y trouveront un terrain fertile. Dans la veine de La Mémoire dans la peau et La Fille du train, Sleeping Dogs s’inscrit dans la tradition des thrillers internationaux où l’intime se mêle au suspense.


Sleeping Dogs est un thriller psychologique qui conjugue le charme d’un casting solide et l’efficacité d’une intrigue centrée sur la mémoire et la perception. Adam Cooper signe une adaptation à la fois fidèle dans l’esprit et libre dans la forme, qui privilégie l’immersion émotionnelle à la complexité narrative du roman. Russell Crowe, magistral, et Karen Gillan, subtile, portent ce récit où chaque souvenir peut être une clé… ou un leurre. Un film qui questionne : que reste-t-il de nous lorsque nos souvenirs s’effacent ? Si le film a des qualités, il faudra cependant s’accrocher, car tout se joue dans les 30 premières minutes, si vous ratez le coche, vous serez déboussolés !

Karen Gillian – Sleeping dogs © SND, Paramount Pictures Germany

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Note : 4 sur 5.

1h 50min | Thriller, Action, Policier
De Adam Cooper | 
Par Adam Cooper, Bill Collage
Avec Russell Crowe, Karen Gillan, Marton Csokas


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