En première ligne : une immersion haletante dans le quotidien des infirmières


Urgent, viscéral, En première ligne suit une infirmière surmenée dans un hôpital sous tension. Petra Volpe signe un drame social poignant qui rend hommage aux soignantes, avec une mise en scène nerveuse, une actrice habitée, et une réalité qui cogne fort.

En première ligne nous propulse au cœur d’un service hospitalier surchargé, en immersion totale avec Floria, infirmière aussi dévouée qu’épuisée. Le film de Petra Volpe capte la tension d’un quotidien où chaque seconde compte, chaque geste peut sauver, et chaque mot peut apaiser. Dans cette plongée quasi-documentaire, la cinéaste livre un hommage bouleversant au personnel soignant, tout en posant une question centrale : que reste-t-il de l’humanité lorsqu’elle est soumise à la cadence brutale d’un système à bout de souffle ?

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Une course contre-la-montre sans fin

Une chorégraphie à la seconde près. Les infirmières arpentent les couloirs et font mille choses à la fois : les soins, soigner les peurs et s’occuper des transferts. Le service est à bout de souffle, sous effectif permanent et ce post sous tension tient encore et encore. Souriantes, dynamiques et l’âme du service.

On salue la prestation et les gestes que l’actrice, déjà vue dans La salle des profs, incarne ici un autre métier-vocation, car on ne peut pas faire prof ou infirmière sur la durée sans un peu de vocation. Non, ce ne sont pas des filières de transition où l’on va quand on ne sait pas quoi faire de sa vie et surtout pour remplir son frigo.

Nous suivons quasiment en temps réel ce service où telle une funambule, elle va et vient de chambre en chambre.

Leonie Benesch film infirmière En première ligne
Leonie Benesch dans – En première ligne © TOBIS Film GmbH

Une mise en scène réaliste du monde des infirmières

Pour atteindre un niveau de réalisme rarement vu à l’écran, Petra Volpe n’a rien laissé au hasard. Elle s’est inspirée du témoignage saisissant de l’infirmière allemande Madeline Calvelage, autrice du livre Unser Beruf ist nicht das Problem. Es sind die Umstände, dont la lecture l’a bouleversée. Ce récit d’une garde de nuit banale, mais haletante, a servi de catalyseur au film. Calvelage a d’ailleurs été consultante sur le scénario, ajoutant une justesse presque clinique à l’écriture.

Leonie Benesch, impressionnante dans La Salle des profs ou Babylon Berlin, s’est immergée dans un service de chirurgie abdominale de l’hôpital cantonal de Liestal. Pendant plusieurs semaines, elle a accompagné les infirmières au quotidien, apprenant à exécuter gestes, protocoles et déplacements avec la précision d’une professionnelle. Rien n’a été improvisé : chaque mouvement à l’écran a été répété, chorégraphié et validé par une consultante spécialisée, Nadja Habicht, présente de l’écriture jusqu’au montage.

Le tournage a eu lieu dans un hôpital désaffecté entièrement réaménagé, un défi majeur relevé par l’équipe déco. L’illusion d’un hôpital vivant et fonctionnel devait être parfaite. Le cadre de travail étant limité, chaque plan a nécessité une coordination millimétrée. Ce huis clos hospitalier exigeait également une caméra souple et attentive, confiée à la grande cheffe opératrice Judith Kaufmann (Corsage, Berlin été 42), qui collabore pour la troisième fois avec Petra Volpe. Résultat : un film tendu, sensoriel, sans échappatoire, à la fois viscéral et poétique. La cheffe opératrice privilégie une caméra portée, fluide et nerveuse, souvent à l’épaule, qui épouse littéralement la course de Floria et fait ressentir physiquement l’urgence de chaque déplacement. Nous la suivons, haletants, dans ce labyrinthe sous tension. Nous courons avec elle, jusqu’au bout de la nuit !

Leonie Benesch film infirmière En première ligne
Leonie Benesch dans – En première ligne © TOBIS Film GmbH

Avec En première ligne, Petra Volpe signe une œuvre coup de poing, à la fois urgente et nécessaire. En suivant Floria dans un ballet infernal où se jouent la vie, la souffrance et la dignité, elle transforme un drame social en expérience immersive. Le film ne cherche pas à créer des héros, mais à montrer des humains en lutte, dignes, malgré l’épuisement. Il rappelle aussi que derrière chaque blouse blanche, il y a une personne qui vacille, qui doute, mais qui continue, encore et encore. Dans ce monde où le soin devient rare, ce cri du cœur cinématographique mérite d’être vu, entendu, et relayé. Car demain, nous serons tous un jour ces patients.

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Note : 5 sur 5.

27 août 2025 en salle | 1h 32min | Drame
De Petra Biondina Volpe | 
Par Petra Biondina Volpe
Avec Leonie Benesch, Sonja Riesen, Selma Adin
Titre original Heldin


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