Découvrez l’album Rock de The Moviemen, Prologue !


Avec Prologue, The Moviemen signe un EP intense et cinématographique, entre rock emo façon My Chemical Romance et pop mélodique. De Magnesium inspiré de Boris Vian à Time Machine et sa nostalgie adolescente, chaque titre est une scène de film gravée dans la mémoire.


Avec Prologue, The Moviemen signe un EP qui frappe droit au cœur et aux souvenirs. En cinq titres, Karsten Dylan et ses acolytes naviguent entre rock déchaîné, pop mélodique et ballades teintées de nostalgie. Chaque morceau agit comme une scène de film : une porte vers nos propres flashbacks, où l’adrénaline d’un concert se mêle aux après-midis à refaire le monde. Des guitares brûlantes, des refrains qui s’impriment dans la mémoire et une énergie brute qui sent bon la passion. Dès l’ouverture, Magnesium se distingue par ses paroles inspirées de Boris Vian, ancrant l’EP dans une filiation littéraire et musicale rare. Un disque court, intense, et diablement cinématographique.


Un retour à notre adolescence

Dès les premières notes de Magnesium, impossible de ne pas sentir ce frisson familier, celui des années où l’on découvrait les murs tapissés de posters et les refrains à hurler à pleins poumons. Ce rock, viscéral et théâtral, rappelle les grandes heures de My Chemical Romance, notamment leur tube The Black Parade. On retrouve ce même sens de la dramaturgie, cette manière de transformer un morceau en récit à vivre plus qu’à écouter. C’est brut, c’est habité, et ça vous ramène directement aux émotions de vos 16 ans. Le choix de mettre en musique un texte de Boris Vian apporte une dimension supplémentaire, reliant l’intensité rock à l’héritage poétique français.

L’EP s’ouvre comme un journal intime griffonné à l’encre électrique, chaque piste ajoutant une page à ce chapitre adolescent qui ne demande qu’à être relu. Time Machine embraye sur un pop-rock lumineux, plus immédiat, dont le refrain contagieux évoque la légèreté des jours d’été. Une manière de respirer avant de replonger dans les recoins plus sensibles de Young Hearts, ballade romantique et feutrée qui convoque le souvenir de Grant-Lee Phillips et de sa sublime reprise de Boys Don’t Cry. C’est un morceau qui ralentit le temps, qui donne envie de fermer les yeux et de se laisser porter.

Puis vient Shine Bright, retour à un rock plus direct, moins sentimental, avec cette énergie imparable qui évoque un coup de Weezer ou Travis à leurs heures les plus accrocheuses. Et enfin, Bye Bye (Last Lullaby), une conclusion au parfum de générique de fin : un au revoir mélancolique, digne d’une scène de film où deux personnages s’éloignent, incapables de dire plus.

Prologue n’est pas seulement un EP, c’est une machine à remonter le temps. Un rappel que l’adolescence n’est pas seulement une période de vie, mais un état d’esprit qu’on peut retrouver en trois accords et un refrain bien senti.


Une rétrospective du Rock dans tous ses états

Ce qui frappe avec Prologue, c’est la diversité des émotions et des couleurs musicales, comme si Karsten Dylan avait décidé de passer en revue plusieurs décennies de rock, tout en les filtrant à travers son propre prisme. On y entend les guitares rageuses et le lyrisme flamboyant d’un rock emo façon My Chemical Romance (Magnesium), mais aussi la fraîcheur immédiate d’un pop-rock plus contemporain (Time Machine), capable de séduire les amateurs d’Arctic Monkeys ou de Tom Odell (son phrasé spécifique et avec une chaleur vocale similaire). Dans Magnesium, l’adaptation d’un texte de Boris Vian souligne cette capacité à marier l’énergie brute du rock avec la richesse des mots d’un grand auteur.

Young Hearts ralentit le tempo pour mieux se glisser dans une tradition folk-rock intimiste. Les arpèges et l’interprétation rappellent Grant-Lee Phillips, et ce titre agit comme un point d’ancrage émotionnel : on y sent l’écho des ballades qui marquent une génération entière. C’est la chanson qui, en concert, ferait lever les téléphones en mode lampe-torche.

Avec Shine Bright, The Moviemen change de registre et retrouve une énergie brute, quasi garage, qui n’hésite pas à taper dans le côté plus solaire et entraînant du rock alternatif des années 90–2000. On pense à Weezer pour l’efficacité mélodique, à Travis pour la clarté de l’exécution. Ici, il ne s’agit pas de provoquer les larmes, mais de faire taper du pied et sourire, preuve que le rock n’a pas besoin d’être sombre pour rester authentique.

Enfin, Bye Bye (Last Lullaby) referme l’EP comme on tire le rideau après la dernière scène d’un film. La chanson a ce quelque chose de cinématographique qui n’est pas anodin : elle illustre parfaitement le nom du groupe, The Moviemen. On y voit presque le travelling arrière d’un réalisateur imaginé par la musique, avec les personnages qui s’éloignent et la caméra qui garde ce dernier regard, comme un souvenir figé.

C’est là toute la force de Prologue : au-delà de ses références assumées (du rock emo à la britpop en passant par le folk intimiste), il construit un univers sonore qui a la capacité rare de convoquer des images. Les influences ne sont pas de simples citations : elles sont digérées, remodelées, et servent à nourrir un langage propre.

En filigrane, on retrouve l’histoire personnelle de Karsten Dylan, passée de groupes aux influences Beatles (The Buggs) à ce projet bien plus libre, où chaque morceau est pensé comme une scène de cinéma. Cette approche explique pourquoi, même dans ses instants les plus dépouillés, la musique de The Moviemen reste visuelle, presque narrative.

En cinq titres et quatorze minutes, Prologue réussit là où beaucoup échouent : capter l’essence du rock dans sa pluralité, et la livrer dans un format compact, sans remplissage. On en ressort avec l’impression d’avoir voyagé dans le temps et les styles, tout en restant dans un univers cohérent. Un bel exploit, et un EP qui appelle une suite.

Cet EP est un moment de vie, un héritage : on y entend toute notre adolescence. Prologue capte ces instants où la musique devient un refuge, une bande-son intime qui traverse les années sans perdre sa force. Chaque titre agit comme un fragment de mémoire, convoquant des émotions brutes et sincères, parfois exagérées comme à 16 ans, parfois teintées de douceur et de nostalgie. De Magnesium et son souffle littéraire emprunté à Boris Vian à Time Machine et sa mélancolie lumineuse, The Moviemen réussit à transformer des influences multiples en un langage personnel. Un disque court mais habité, où l’on se reconnaît, et qui rappelle que le rock peut encore raconter nos histoires avec intensité et sincérité.


Zoom sur le single Time Machine

Time Machine capture l’essence brute des émotions adolescentes, ces sentiments vécus comme des absolus où chaque joie devient euphorie et chaque perte un drame irréversible. La “time machine” symbolise ici l’innocence perdue, ce véhicule imaginaire qui permettait autrefois de voyager vers ses rêves ou ses souvenirs intacts. Les paroles, oscillant entre images surréalistes et scènes du quotidien, traduisent le paradoxe de cet âge : vouloir fuir le monde réel tout en cherchant désespérément un ancrage. Les références à des univers fantastiques, à des amis introuvables ou à des mondes “où finit l’arc-en-ciel” illustrent cette hyper-exagération propre à l’adolescence, où chaque sensation prend des proportions cosmiques. C’est un morceau à la fois nostalgique et incandescent, qui parle de la perte, mais aussi de la beauté de s’être senti “invincible” un jour.

Clore Time Machine par la répétition « Easy tiger » donne une impression de clin d’œil complice, presque comme un générique qui s’efface. Ce choix rappelle l’esprit enjoué et faussement léger de Hey Beautiful par The Solids, où la mélodie pop masque une nostalgie sous-jacente. Ici, The Moviemen referment la chanson sur une note catchy qui adoucit la mélancolie du texte, laissant l’auditeur avec un sourire teinté de souvenirs.


Karsten Dylan, de son vrai nom Karsten Wegner, est né en 1997 et s’est fait connaître au sein du groupe The Buggs, mêlant pop et influences Beatles. Passionné par les années 60, il adopte son surnom en hommage à Bob Dylan. En novembre 2021, lors des funérailles d’un ami commun, il se lève pour prononcer un éloge funèbre marquant, à la fois triste, beau, mais aussi plein de vitalité et d’amour, un moment qui scelle le début d’une amitié forte avec Marcus “Opa” Haefs. Peu après, il reprend le Wild Wood Studios de Düsseldorf. Après la dissolution de son groupe, il fonde The Moviemen, projet aux couleurs cinématographiques, où chaque morceau évoque une scène de film. Installé au Wild Wood Studios, il produit, compose et explore sans contrainte de genre, naviguant du rock viscéral à la pop mélodique, porté par un goût affirmé pour les grandes mélodies.


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