Smallville – 22 ans après sa sortie en France, on a revu le pilote de la série culte


(Re)découvrez le pilote culte de Smallville, qui mêle pluie de météorites, adolescence de Clark Kent, tension avec Lex Luthor et bande-son rock des années 2000. Entre références à Superman et créations inédites, la série façonne un mythe moderne et universel.

Nous avons décidé de revoir le pilote de Smallville, la série emblématique du début des années 2000. Véritable succès populaire, cette série va permettre de découvrir l’adolescence de Clark Kent.

Retour aux origines, à la genèse d’un mythe. Le pilote de Smallville s’ouvre sur une scène céleste, presque biblique : une pluie de météorites s’abat sur une petite ville américaine. Au milieu du chaos et de la désolation, un vaisseau spatial atterrit discrètement dans un champ de maïs. L’ingéniosité scénaristique est frappante : en associant l’arrivée de Clark Kent à une pluie de débris cosmiques, les créateurs parviennent à effacer toute suspicion. Un objet volant non identifié ? Quelle importance, quand toute une ville est en flammes, les voitures encastrées dans les maisons et les granges en ruines. Ce choix narratif permet une entrée en scène subtile de l’alien le plus célèbre de la pop culture, tout en tissant d’emblée un lien entre son destin et celui des habitants de Smallville. La ville renaît avec lui. Mais surtout, cette ouverture sème les graines d’un récit plus vaste : celui d’un être aux pouvoirs extraordinaires, qui va grandir, aimer, lutter… dans un monde qu’il ne comprend pas encore tout à fait.

Smallville. Ville fictive. Capitale mondiale du maïs. Ce paradoxe suffit à illustrer l’absurdité poétique qui règne dans l’univers de la série. Personne ne sait réellement où se trouve Smallville, et pourtant tout semble indiquer qu’elle est à deux pas de Metropolis. Des personnages font l’aller-retour en voiture dans la journée, comme s’il s’agissait d’une simple banlieue. En analysant ce détail, et à en croire la logique interne de l’univers DC, Metropolis serait donc une grande ville… du Kansas. Ce constat, aussi étrange qu’amusant, a d’ailleurs fait l’objet d’une analyse approfondie dans notre article pour Direct-Actu, où nous retraçons les géographies mouvantes et volontairement floues des séries super-héroïques américaines.

Mais au-delà des routes et des cartes, Smallville pose les bases d’un récit plus intime : la fascination grandissante d’un jeune homme chauve et ambitieux, Lex Luthor. Dès le pilote, son obsession pour Clark est palpable. Sa survie miraculeuse lors du crash — il se trouvait en plein champ lorsque la météorite l’a frappé — devient le point de départ d’un mythe personnel. Lex s’imagine élu, porteur d’une mission, à la manière d’un prophète revenu d’entre les morts. On sent déjà poindre son désir maladif de comprendre l’inexplicable, de percer les secrets de ce garçon venu d’ailleurs. Le duo Clark–Lex n’est pas seulement l’opposition du Bien et du Mal : c’est une tension entre mystère et obsession, entre humilité et mégalomanie. La série plante ainsi, dès le premier épisode, les graines d’une relation ambigüe, entre admiration, rivalité, et tragédie annoncée.

Le pilote de Smallville multiplie les clins d’œil à la saga de Christopher Reeve, sans jamais verser dans le pastiche. Clark court dans les champs de blé parce qu’il a raté son bus scolaire : une scène anodine, mais qui rappelle immédiatement la course dans les plaines du Kansas dans le Superman de 1978. Il y a aussi ce fameux collier porté par Lana Lang, contenant un fragment de kryptonite — ce collier n’est pas sans rappeler celui que Lex Luthor place autour du cou de Superman dans le film pour l’affaiblir. Plus subtile encore, la musique orchestrale qui accompagne la chute des météorites dans le pilote, avec ses envolées de cuivres et de percussions, évoque les partitions mythiques de John Williams. Ce n’est pas un hasard : Smallville cherche à établir un lien émotionnel et symbolique avec les adaptations cinématographiques précédentes, tout en affirmant sa propre identité.

Car Smallville ne se contente pas d’adapter les comics : elle les enrichit. La série introduit des personnages inédits qui deviendront, avec le temps, des figures emblématiques. Chloe Sullivan, par exemple, n’existe pas dans les bandes dessinées originales. Journaliste en herbe, amoureuse silencieuse, meilleure amie loyale : elle apporte une touche de réalisme adolescent à l’univers, tout en incarnant la curiosité qui définira plus tard Lois Lane. De nombreux fans la considèrent comme une figure fondatrice du “mythe moderne” de Superman. Certains éléments narratifs créés pour la série — l’impact des météorites sur les habitants, les mutations engendrées, la kryptonite verte omniprésente — seront ensuite repris dans d’autres déclinaisons du personnage, preuve que Smallville a su, dès son pilote, s’imposer comme une œuvre créatrice autant qu’héritière.

Le son rock d’une génération

Smallville, c’est aussi une pléthore de sons rock, ceux qui ont marqué toute une génération, et que la série distille avec soin, épisode après épisode. Dès le générique, Save Me de Remy Zero impose un ton : mélodique, mélancolique, un peu héroïque, mais profondément humain. Viennent ensuite VonRay, Lifehouse, The Calling… toute une compilation vivante du rock du début des années 2000, soigneusement choisie pour coller à l’adolescence de Clark Kent. Ces groupes-là, on les écoutait à l’époque sur MTV Pulse, dans les compilations Rock One ou sur les pochettes CD gravées à la main. Ils donnaient une bande-son à nos journées, et désormais à la sienne. Grâce à eux, le jeune Superman arrivé sur Terre en octobre 1989 ne semble pas décalé, ni figé dans un passé vintage : au contraire, il devient un ado de son temps. Il traîne avec ses amis, vit ses premiers émois, écoute de la musique dans sa chambre, se promène sur les routes poussiéreuses du Kansas avec ses écouteurs et ses tourments de lycéen.

Ce détail n’en est pas un : il participe à l’illusion parfaite que Clark est l’un des nôtres. Il a les passe-temps, les hésitations, les colères, les rêves des ados des années 2002–2003. Et c’est là que la série frappe juste. Elle ne fait pas de son héros un être distant, surhumain, figé dans un destin. Elle le rend accessible. Elle tisse une passerelle directe entre lui et nous, grâce à la musique, aux couleurs, aux dialogues, à ce quotidien presque banal qui prend soudain une tournure mythologique. On ne regarde pas Clark de loin. On marche avec lui. On grandit à ses côtés. On partage ses doutes, ses amours contrariées, ses blessures invisibles. Et surtout, on apprend, avec lui, à affronter le deuil. Parce que Smallville n’est pas seulement une série de super-héros. C’est une série sur la perte, sur l’apprentissage de la douleur, sur les choix impossibles, sur ce que signifie devenir quelqu’un.

C’est pour ça que Smallville a su être un carton. Dès son tout premier épisode, elle nous embarque. Elle nous tend la main pour qu’on avance avec cet ado pas comme les autres, un gamin tombé des étoiles mais élevé parmi nous. On veut l’aider à comprendre qui il est, on espère qu’il découvrira ses forces sans perdre son humanité. On le voit trébucher, aimer à sens unique, protéger en silence, et parfois échouer. Et cette faille rend Clark plus réel que tous les autres Superman avant lui. La série a compris qu’on ne devient pas un héros du jour au lendemain. On le devient petit à petit, en tombant, en se relevant, en perdant et en continuant. Et c’est cette lente métamorphose, portée par les guitares vibrantes des années 2000, qui fait de Smallville bien plus qu’un préquel : une véritable chronique de l’âme.

Et c’est là toute la force de Smallville : réussir à créer un Superman adolescent qui nous ressemble. Clark écoute les mêmes morceaux que nous, traverse les mêmes drames lycéens et porte sur ses épaules le poids d’un destin extraterrestre. La série aurait pu tomber dans le kitsch, mais elle choisit un univers sonore cohérent avec son époque, au point de faire grandir le spectateur avec lui. On partage ses joies, ses doutes, ses pertes, et cette sincérité forge un lien rare. Dès le pilote, Smallville nous donne envie d’avancer avec cet ado pas comme les autres, et, quelque part, d’espérer qu’il nous sauvera un jour, à sa façon.

Lana Lang, la fille d’à côté

Lana Lang, c’est la girl next door par excellence. Celle qu’on aperçoit depuis la fenêtre de la grange, celle qu’on observe en silence, sans oser s’approcher. Beaucoup diront avoir eu le béguin pour Kristen Kreuk, incarnation parfaite de cette douceur teintée de mystère. En quelques épisodes à peine, la jeune actrice, alors surtout connue pour des séries canadiennes comme Edgemont, devient l’un des visages les plus iconiques du début des années 2000. Grâce à Smallville, elle entre dans la légende des séries, avec sa silhouette frêle, son regard mélancolique, et cette manière bien à elle de faire exister les silences.

Smallville lana lang © Warner TV

Et pourtant, malgré la lumière crue de la célébrité, Kristen Kreuk est restée d’une discrétion presque déconcertante. Pendant la série comme après, elle a poursuivi son chemin sans fracas, loin des projecteurs tapageurs, évitant les scandales, les révélations, les titres racoleurs. Un contraste saisissant avec sa collègue Allison Mack, alias Chloé Sullivan, dont la vie personnelle a, elle, pris des allures de cauchemar médiatique. Kristen, elle, est restée en retrait. Enfant modèle ? Femme prudente ? Ou simplement une gestion de carrière impeccable, à l’image de son jeu : subtil, mesuré, jamais dans l’excès ? Qui sait ? Ce qui est certain, c’est qu’à l’écran comme dans la vie, Kristen Kreuk a su garder une forme de pudeur rare. Et c’est peut-être ça, le véritable charme de Lana : une présence qui ne s’impose jamais, mais qui reste longtemps dans les mémoires.

Le saviez-vous ? Kristen Kreuk, l’interprète de Lana Lang, a été choisie avant même que le rôle de Clark Kent ne soit attribué. Pour les essais finaux, la production a fait passer une scène clé à plusieurs acteurs : celle du cimetière, entre Lana et Clark. C’est cette séquence intime, empreinte de douleur et de tendresse, qui a scellé le sort de Tom Welling. Bien qu’il ne soit pas le favori initial des producteurs, la chimie naturelle entre lui et Kristen a été jugée la plus authentique. Ce moment précis a fait basculer le casting et donné naissance à l’un des duos les plus emblématiques de la série.


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