Y’a pas de réseau – Qui veut faire un joli week-end en famille ?


Y’a pas de réseau, comédie estivale d’Édouard Pluvieux avec Gérard Jugnot et Maxime Gasteuil, embarque deux enfants dans une aventure sans Wi-Fi au cœur des Pyrénées. Pièges, humour burlesque et hommage aux années 90 au menu d’un été inoubliable.


Y’a pas de réseau, la nouvelle comédie estivale d’Édouard Pluvieux. Dans un monde saturé d’écrans, un été sans Wi-Fi devient le théâtre d’une aventure déjantée. Porté par le tandem improbable Gérard Jugnot / Maxime Gasteuil et deux jeunes révélations, le film assume son ancrage pop-nostalgique tout en offrant une épopée familiale à hauteur d’enfant, pleine de rebondissements, de cabanes dans les arbres… et d’un ours inattendu.


L’histoire

Quand Jonas et sa grande sœur Gaby sont envoyés en vacances avec leur mère et le nouveau compagnon de celle-ci, rien ne se passe comme prévu. Isolés dans une cabane en pleine forêt, sans réseau ni confort moderne, les enfants découvrent vite que leur lieu de villégiature est convoité par deux cambrioleurs farfelus. Loin d’être démunis, les deux jeunes vont rivaliser d’inventivité pour défendre leur territoire. Entre tyrolienne, pièges artisanaux et ours dressé, cette mésaventure devient une odyssée à la Maman j’ai raté l’avion, où l’humour burlesque croise la tendresse familiale. Le tout porté par une mise en scène rythmée, une bande-son délicieusement rétro, et un sens du gag aussi physique que malin.


Une aventure d’été familiale comme on en a chaque année… mais avec l’esprit des 90s

Dans la lignée de C’est pas ma faute ou Les vacances de Ducobu, Y’a pas de réseau s’inscrit dans cette tradition des comédies familiales à la française… mais avec une âme américaine. Le réalisateur assume d’ailleurs la filiation directe avec Maman j’ai raté l’avion, jusqu’à citer le film de Chris Columbus dans le scénario, en clin d’œil appuyé mais jamais écrasant. Ici, l’aventure prend place au cœur des Pyrénées, dans une maison perchée dans les arbres — décor réel et transformé pour l’occasion — où le jeune Jonas et sa sœur Gaby vont vivre leur grand moment d’émancipation estivale.

Comme dans le classique de 1990, l’enjeu n’est pas tant de faire peur que de créer un terrain de jeu démesuré pour deux enfants débrouillards face à deux méchants gaffeurs. La mise en scène fait la part belle aux cascades « à l’ancienne », à la tyrolienne, aux pièges inventifs, et à un ours particulièrement docile qui entre dans la danse. À travers une narration simple, le film parvient à conjuguer humour, aventure et une petite leçon de vie : celle de grandir, de dépasser ses peurs… et de survivre sans smartphone.


Y’a pas de réseau © Roger Arpajou – Pathé Film

Des personnages stéréotypés au service d’une action simple, mais efficace

Pas de subtilité ici, et c’est assumé ! Maxime Gasteuil incarne Delta, un adulte lunaire au QI de courgette, qui suit son père Viking (Gérard Jugnot), malfaiteur de son état, dans une tentative de cambriolage foireuse. Les deux comédiens se glissent dans la peau d’un duo digne des Y’a-t-il un pilote dans l’avion ?, multipliant les grimaces, chutes, et dialogues absurdes avec une jubilation contagieuse.

Le film ne s’embarrasse pas de psychologie : les personnages sont taillés pour la comédie, avec des lignes claires. Les enfants sont ingénieux et pleins de ressources, les adultes maladroits et dépassés. Cette simplicité narrative permet de garder le rythme enlevé et de maximiser l’effet comique. Et dans ce genre de production, le public visé — les enfants — ne demande rien de plus. Ajoutez à cela une galerie de seconds rôles savoureux (Manon Azem, Julien Pestel, Bernard Farcy en gendarme zélé, Zabou Breitman en version verlan de Tortue Ninja…) et vous obtenez un cocktail vivifiant de situations cocasses.


Une famille recomposée face au danger

Au-delà des gags et des cabrioles, Y’a pas de réseau propose un fond un peu plus tendre qu’il n’y paraît. Jonas et Gaby, demi-frère et demi-sœur, se découvrent une solidarité inattendue. Le film explore la dynamique d’une fratrie recomposée, avec ses tensions initiales et ses moments de complicité naissante. C’est dans l’adversité que les deux enfants vont s’apprivoiser, se faire confiance et former une véritable équipe.

De la même manière, les figures parentales ne sont pas parfaites, mais présentes. Le personnage de Julien Pestel campe un beau-père maladroit mais volontaire, tandis que Manon Azem apporte une touche de douceur dans ce joyeux désordre. Sans jamais trop appuyer sur la corde sensible, le scénario permet de souder cette tribu hétéroclite autour d’un objectif commun : protéger la maison… et grandir un peu en cours de route.

Y’a pas de réseau © Roger Arpajou – Pathé Film

La culture pop des années 90 en force

L’une des réussites du film est de ne jamais cacher son amour pour les années 90. Gaby, l’ado en quête de repères, revendique fièrement son goût pour les CD-Man, les jeans taille haute, et surtout, son enthousiasme pour l’analogique. Comme pour faire un clin d’œil à l’attitude plus en phase de la génération de Nirvana. Le disque Nevermind, ultime vestige d’un père disparu, devient même un symbole : celui de la transmission, du lien intergénérationnel et de la résistance face à l’oubli numérique.

Ce culte de la musique « ancienne » sert de passerelle entre les enfants et leurs aînés. Tandis que tout le monde cherche désespérément du réseau, Gaby préfère s’immerger dans un monde analogique : celui des albums, des objets qu’on manipule, et des émotions qu’on ressent au casque plutôt qu’à travers un écran.

Dans un monde où tout va trop vite, Y’a pas de réseau ralentit le tempo. Il prend le temps de montrer des scènes de forêt, des moments suspendus, des silences. C’est aussi pour cela que le film peut toucher les adultes autant que les enfants : parce qu’il leur parle d’un monde qu’ils ont connu, et qu’ils transmettent aujourd’hui. Le CD, la jaquette, le lecteur portable… autant de petits totems devenus quasi-magiques dans l’univers des ados d’aujourd’hui. C’est aussi cela qui fait la force de cette comédie : une nostalgie douce et assumée, sans en faire trop, mais juste assez pour que les souvenirs remontent.

Y’a pas de réseau © Roger Arpajou – Pathé Film

Quelques mots sur la bande originale

Signée Alexis Rault, la musique de Y’a pas de réseau joue une partition à double détente. D’un côté, elle accompagne le rythme soutenu des péripéties avec une énergie pop et des percussions bondissantes ; de l’autre, elle injecte une dose bienvenue de douceur dans les instants plus émotionnels.

Mais la vraie richesse sonore du film, c’est cette patine rétro qui vient habiller les scènes-clés. On sent l’amour du réalisateur pour la musique des années 90, mais aussi des films familiaux américains de l’époque. Certains arrangements font écho à Home Alone (Maman, j’ai raté l’avion), avec leurs petites notes de xylophone et leurs glissades orchestrales. D’autres passages plus acoustiques soulignent le lien entre Jonas et son père disparu, notamment lors d’un moment fort autour d’un vieux CD retrouvé.

La musique n’est jamais illustrative : elle soutient le récit, sans jamais le surligner. Elle agit comme un fil invisible qui relie les générations, les personnages, et même les spectateurs. Car si le film amuse, il sait aussi — par moments — émouvoir subtilement.

Le générique de fin de Y’a pas de réseau réserve une dernière surprise musicale pleine de tendresse et d’ironie : une reprise chorale de « Mon papa à moi est un gangster », interprétée par la Chorale Miangaly de Madagascar. Loin de la version originale de Stomy Bugsy, ce réarrangement aérien donne au morceau une nouvelle profondeur, presque émotive, en miroir du parcours de Jonas et du thème latent de la paternité. Ce choix final fonctionne comme un clin d’œil audacieux au duo Jugnot/Gasteuil, figures paternelles dissonantes, mais également comme une signature musicale décalée qui prolonge l’humour du film au-delà du dernier plan. Cette reprise douce-amère, inattendue dans ce contexte, transforme un tube des années 90 en berceuse post-burlesque. Un pari réussi qui reste en tête bien après la sortie de la salle.


Sans prétendre révolutionner la comédie française, Y’a pas de réseau remplit parfaitement sa mission : divertir petits et grands avec cœur, humour et sincérité. Édouard Pluvieux signe ici un film généreux, porté par une équipe soudée et deux enfants formidables. Loin du cynisme ambiant, cette aventure estivale assume son ton premier degré, son humour potache et son hommage appuyé aux années 90. On rit, on sourit, on soupire parfois d’émotion, et surtout… on passe un bon moment. Et au fond, c’est déjà beaucoup. Ici, ce ne sont les cambrioleurs qui profitent de l’absence des parents, mais la coupure de réseau qui leur donne toute la puissance – enfin… ils essaient et c’est pour notre plus grand divertissement.

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Note : 4.5 sur 5.

6 août 2025 en salle | 1h 20min | Comédie
De Edouard Pluvieux | 
Par Edouard Pluvieux, Olivier Ducray
Avec Gérard Jugnot, Maxime Gasteuil, Julien Pestel


Cet article a été rédigé en toute indépendance, sans accompagnement du distributeur du film ou des agences de presse. Cependant, le label en charge de la distribution de la bande originale nous a fourni l’ensemble du matériel et outils nécessaires à la réalisation de l’article sur sa partie phonographique. Nous nous efforçons ici de rester les plus factuels possible. Un grand merci à l’équipe de Sony Music France et Milan Records.

🎬 Le saviez-vous ?

Le film Y’a pas de réseau devait initialement mettre en scène deux frères cambrioleurs, mais c’est finalement un duo père/fils — interprété par Maxime Gasteuil et Gérard Jugnot — qui s’impose, ajoutant une lecture plus touchante sur la paternité. Un thème central du film, incarné aussi par Jonas, dont le parcours personnel structure tout le récit : de petit garçon protégé à mini Bruce Willis, le film commence et se termine avec lui.

Les jeunes comédiens, Roman Angel et Roxane Barazzuol, impressionnent autant par leur jeu que par leur engagement physique : entraînements en cascade, scènes tournées avec un véritable ours, tyrolienne… peu de doublures, beaucoup de naturel. Fidèle à l’esprit des années 90, le réalisateur Édouard Pluvieux a préféré tourner les cascades « à l’ancienne », sans effets numériques, avec chutes réelles et décors 100 % authentiques, dans la forêt de Luchon, en Haute-Garonne — la maison dans les arbres existe vraiment, transformée pour l’occasion. Et pour prolonger l’univers, une suite est déjà en préparation : la franchise est lancée. Petite touche finale ? Le personnage de Zabou s’appelle Mme Tutor, clin d’œil en verlan à… Tortue Ninja.


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