Måneskin – Torna a Casa : l’amour, la foi et la rédemption


Torna a Casa est un hymne à l’amour rédempteur. Marlena, figure féminine christique, guide le narrateur dans une fuite intérieure mêlant passion, douleur et renaissance. Une ballade moderne à la frontière du sacré et de l’interdit, marquant un jalon fort dans l’ascension de Måneskin.

Avant même leur triomphe à l’Eurovision, Måneskin avait déjà conquis l’Italie avec Torna a Casa. Derrière ce titre emblématique, une prière douce-amère, se cache une chanson d’amour mystique portée par la figure énigmatique de Marlena. Entre passion, douleur et élévation, le texte explore le salut à travers l’amour, jusqu’à convoquer les symboles du Christ et de Marie-Madeleine.

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Le groupe italien Maneskin a connu une ascension fulgurante sur la scène musicale internationale grâce à leur victoire à l’Eurovision 2021 avec leur titre « Zitti e buoni ». Avant leur participation à l’Eurovision, le groupe avait déjà connu un certain succès en Italie avec leur album « Il ballo della vita » en 2018. Cependant, leur participation et leur victoire à l’Eurovision leur ont permis d’attirer l’attention du public international et de se faire connaître dans le monde entier.

Leur chanson « Torna a Casa », sortie en 2017, a également joué un rôle important dans leur ascension. La chanson a été utilisée dans la série télévisée italienne « Baby » diffusée sur Netflix, ce qui leur a valu une reconnaissance internationale précoce. « Torna a Casa » est rapidement devenue un succès, atteignant la première place des charts italiens. La chanson a également été utilisée dans des publicités télévisées et dans des films, renforçant encore la notoriété de Maneskin en Italie et au-delà. Grâce à ces succès, Maneskin est aujourd’hui un groupe très populaire et très apprécié, avec une base de fans internationale en constante expansion.

Torna a casa, le single qui reste en tête

Torna a casa de Måneskin est bien plus qu’une chanson d’amour : c’est un chant de rédemption porté par une figure quasi christique féminine. À travers l’imagerie religieuse et les métaphores du salut, le narrateur met en scène un amour transcendant, mystique et libérateur.

Figure religieuse et passion sacrificielle

Dès les premiers vers, la chanson s’imprègne d’une atmosphère biblique : le narrateur erre, meurtri, « couvert de spine », image directe de la couronne d’épines du Christ. Il évoque les morsures de serpents – symbole de tentation et de souffrance – et l’hostilité du monde (« bastardi e il loro maledire »). Marlena surgit alors comme une figure rédemptrice, image féminine du Christ inversé ou, peut-être plus subtilement, d’une Marie-Madeleine réhabilitée. Elle ne le juge pas, ne l’interroge pas, elle le touche du regard et le relève. Le sang sur les mains évoque à la fois la culpabilité du passé et le sacrifice nécessaire pour atteindre un sommet purificateur. Cette femme incarne le pardon, la résilience, l’acte christique de tendre la main à l’abîme. L’amour, ici, devient un acte sacré : il transcende le péché, défie la peur, et mène à une forme de salut par la douleur, comme un chemin de croix réinventé.


Choix du point de vue subjectif

Le texte tout entier épouse le regard du narrateur, offrant un prisme profondément intérieur, douloureux et sensible. Il ne s’agit pas d’un récit linéaire, mais d’une suite de sensations, de souvenirs, de visions. Le monde extérieur (le vent, les portes closes, la ville figée) est perçu comme hostile, alors que Marlena devient le seul point fixe, la seule chaleur. Le point de vue subjectif permet d’explorer avec acuité les blessures psychiques : on entend l’homme brisé, en rémission, qui ne tient plus debout que par la grâce de cet amour. Le style est marqué par l’anaphore (« Quindi Marlena torna a casa… »), qui agit comme une supplique, une prière, un besoin vital de son retour. Le choix narratif de la première personne renforce cette urgence émotionnelle et plonge l’auditeur dans un dialogue intime, presque confessionnel.


Une histoire d’amour mystique et transgressive

L’amour entre Marlena et le narrateur échappe aux codes traditionnels. Il ne s’agit ni d’une romance légère, ni d’un amour idéalisé, mais d’un lien viscéral, total, presque interdit, car il semble naître de la douleur, du rejet et de la marge. Le narrateur était « un pazzo », marqué dans sa chair, et elle l’a relevé. Ensemble, ils défient la logique du monde : ils fuient « ceux qui ont soif de vengeance », transgressent l’immobilisme de la société. Comme Roméo et Juliette mystiques, ils marchent vers un ailleurs qui leur appartient, hors des règles, des jugements. L’amour devient sacrilège pour ceux qui ne comprennent pas, mais sacré pour ceux qui savent lire entre les lignes : une foi commune dans le dépassement de soi, dans la beauté d’un lien sans condition.


La femme qui sauve l’humanité : Marlena en Marie et Marie-Madeleine

Dans ce chant de douleur et de rédemption, Marlena s’impose comme une figure féminine aux multiples visages bibliques. Elle est Marie, mère consolatrice, tendant la main à l’enfant brisé. Elle est aussi Marie-Madeleine, femme stigmatisée, mais première témoin de la résurrection. Le narrateur est « recueilli de terre », comme un corps sans vie, couvert de symboles du martyre : les épines, le sang, les chaînes. Marlena, elle, ne juge pas. Elle pose une main douce sur sa joue, geste maternel et sacré. Le thème des « épines », récurrent, symbolise à la fois la douleur traversée et la couronne que l’on accepte de porter par amour. Elle est l’unique capable de transformer cette passion souffrante en élévation. Par elle, il apprend à « pardonner toutes ses fautes », rappelant la démarche du pénitent. Et lorsqu’il parle de « renaissances » au pluriel, on comprend que son salut ne passe ni par une Église, ni par un dogme, mais par cette femme qui incarne à la fois la chair, l’amour et le sacré. Elle est l’humanité dans ce qu’elle a de plus fragile et de plus lumineux, capable de ressusciter même les cœurs les plus sombres.

L’ange qui découvre la peur de mourir

L’un des vers les plus troublants de Torna a Casa reste : « Perché anche gli angeli, a volte, han paura della morte. » Cette phrase cristallise tout le basculement du héros. À l’instar de l’ange dans Les Ailes du désir, il quitte une forme d’éternité froide pour entrer dans la chair, dans l’amour, dans la vie avec ses tremblements. Par la rencontre avec Marlena, figure d’amour incarnée, il devient vulnérable. Il ressent la peur, la douleur, l’attente, le froid — tout ce que l’immortalité angélique tenait à distance. La femme devient alors celle qui offre la chute et le salut : chute dans la condition humaine, mais salut par la beauté d’un amour total, sensible, imparfait. C’est une humanisation par la grâce. Le narrateur, tel l’ange de Wim Wenders, accepte le risque de mourir pour enfin vivre, pleinement, intensément, au prix d’une angoisse inconnue, celle de perdre ou d’être perdu. Un bouleversement mystique d’une douceur poignante.


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