Pedro Pascal est passé du chouchou des réseaux au nouveau bouc émissaire. Adulé hier, critiqué aujourd’hui pour une poignée de gestes anodins. Entre effet de saturation médiatique et chasse à l’homme 2.0, le syndrome Jude Law est de retour. Décryptage.
Pedro Pascal, ce n’est plus un nom, c’est un phénomène. Héros tour à tour de l’écran télé, des mèmes Instagram et des salles obscures, il était devenu en quelques années l’homme idéal de la génération Z. Père spirituel, amant fictif, ami rassurant, il cochait toutes les cases. Mais comme toujours avec Internet, l’amour dure ce que durent les algorithmes. Il suffit d’un geste, d’une image ou d’un “trop” pour enclencher la machine à détruire
Pedro Pascal, de star adulée à cible mouvante
À force de vouloir des figures rassurantes, on les transforme en saints, puis en sorcières. Pedro Pascal, ex-golden boy des séries et héros bankable du cinéma, paie aujourd’hui le prix d’une surexposition calculée. L’acteur, pourtant exemplaire, cristallise malgré lui toutes les contradictions d’un système qui crée ses propres martyrs. Trop vu, trop aimé, trop parfait : sur Internet, ça se paie. Après Jude Law dans les années 2000, c’est au tour de Pedro Pascal de vivre le revers brutal de la médaille. Il est partout, et c’est bien là le problème. À vouloir un père pour chaque génération, on oublie qu’on finit toujours par le crucifier.
Pedro Pascal, on le voit partout – comme Jude Law à son époque
Il y a vingt ans, Jude Law dominait l’imaginaire cinématographique. Trop beau, trop bon acteur, trop parfait pour durer. Pedro Pascal, c’est le même syndrome, version 2025. En un mois, il a enchaîné Eddington, Materialists, Les 4 Fantastiques… Trois rôles aux antipodes, trois styles, mais un seul visage à l’affiche. Ajoutez à cela The Mandalorian, The Last of Us, et des apparitions saluées dans des séries cultes, et vous obtenez un cocktail de surexposition redoutable. Ce qui faisait sa force – la diversité, l’intensité, l’omniprésence – devient peu à peu son talon d’Achille. À trop vouloir le voir, certains finissent par ne plus le supporter.
L’effet “burning” des médias : une vieille recette qui marche encore
Dans la musique, on appelle ça le burning : quand un morceau est trop diffusé, il devient insupportable. Dans les médias, le mécanisme est identique. Pedro Pascal est aujourd’hui victime de ce trop-plein : chaque apparition, chaque geste, chaque sourire devient suspect. Une vidéo anodine, un contact physique jugé “trop proche” avec Vanessa Kirby… et voilà Internet en feu. Rien de grave, aucun fait répréhensible. Juste un corps trop vu, trop commenté, trop parfait pour être vrai. L’humanité se noie dans l’analyse en boucle, et la machine médiatique finit par broyer ceux qu’elle a encensés. Les haters n’ont même plus besoin de preuves, seulement d’un prétexte.
L’artiste starisé, lissé, surexploité… pour une durée de vie de 3 ans, comme l’amour ?
On aime vite, on aime fort, et puis on oublie. L’industrie du divertissement fonctionne désormais à la vitesse d’un swipe. L’amour médiatique, comme l’amour tout court selon certains auteurs, durerait trois ans. Trois ans pour briller, trois ans pour exister, avant la phase d’usure, puis de rejet. Pascal n’a rien fait de mal, sinon d’exister au mauvais moment dans un monde qui ne sait plus attendre. Entre trolls masculinistes et chasse aux sorciers modernes, il incarne une nouvelle forme de crucifixion publique : celle du bon gars devenu trop visible, trop engagé, trop humain pour être lisse. Et ça, dans un monde numérique qui ne pardonne rien, c’est déjà trop.
On aime, on déteste et on next
Le plus amer dans cette histoire, c’est que Pedro Pascal ne coche même pas les cases habituelles du scandale. Ni agression, ni propos douteux, ni abus de pouvoir. Juste un homme qui a touché une collègue enceinte à la taille, devant des photographes. Un geste de soutien, devenu dans les yeux d’Internet une arme de soupçon. Et derrière cette cabale, on trouve de tout : trolls misogynes, masculinistes frustrés, tweets accusateurs gonflés aux fantasmes, et théories toutes faites sur “les hommes beaux” et leur impunité.
Ce que beaucoup oublient, c’est que Pedro Pascal n’a jamais joué le jeu viriliste qu’on attendait de lui. Il a soutenu Bella Ramsey face aux attaques transphobes, dénoncé publiquement J.K. Rowling, et affirmé sans détour son engagement LGBTQIA+. Il n’a pas cherché à séduire la fanbase testostéronée de Narcos ou The Mandalorian – il a fait un pas de côté, préférant l’humanité aux postures.
Et c’est peut-être ça, le vrai problème : dans une époque saturée d’images et d’ego, un homme sincère, doux, affectueux, et engagé ne rentre dans aucune case. Il dérange. Il est ce caillou dans la chaussure des conservateurs comme des trolls progressistes. Et aujourd’hui, on l’accuse sans preuves, parce que sa simple existence leur résiste.
Alors, qui veut la peau de Pedro Pascal ? Peut-être ceux qui n’ont jamais su quoi faire d’un homme bon. Un sacrifice pour la récolte et la moisson ? (South Park)
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