Emmanuel Macron reconnaît l’État de Palestine : un tournant diplomatique aux répercussions mondiales


Emmanuel Macron annonce la reconnaissance officielle de l’État de Palestine en septembre 2025. Un acte politique fort, qui place la France au cœur d’une nouvelle dynamique diplomatique et réveille des tensions anciennes autour de Jérusalem.

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In September 2025, French President Emmanuel Macron will officially recognize the State of Palestine during the United Nations General Assembly. This declaration marks a historic shift in France’s foreign policy and places the country at the forefront of European diplomacy on the Israeli-Palestinian issue. France will become the first founding member of the European Union and permanent UN Security Council member to take this step, joining over 140 nations that have already acknowledged Palestine’s statehood. Macron’s speech highlights the urgency of reviving the two-state solution and reasserts France’s role as a mediator for peace in the Middle East. For Palestinians, this recognition is both symbolic and strategic, reinforcing their political legitimacy and aspirations for sovereignty. For others, particularly in Israel and the United States, it is seen as a risky move that could deepen regional divisions and reward extremist factions. Nonetheless, Macron’s gesture is grounded in a vision of diplomacy over violence and negotiation over stagnation.

This announcement also brings renewed attention to the unresolved status of Jerusalem, a city sacred to Jews, Christians, and Muslims alike. For Jews, Jerusalem is the eternal capital, home of the ancient Temple and the spiritual heart of their faith. For Christians, it is the city where Jesus Christ was crucified and resurrected, a place of redemption and pilgrimage. For Muslims, Jerusalem—referred to as Al-Quds—is the site of the Prophet Muhammad’s night journey and a symbol of resistance and devotion. The city remains a contested space where historical grievances and theological claims clash with national identities and political agendas. Its Old City is divided into Jewish, Muslim, Christian, and Armenian quarters, embodying a fragile coexistence that often tips into tension.

Before the establishment of Israel in 1948, Jerusalem was a patchwork of communities living side by side under British mandate, with rising tensions between Zionist ambitions and Arab nationalism. The war of 1948 split the city into East and West, creating a socio-political rift that persists today. While some idealize the pre-1948 period as a time of coexistence, the reality was marked by growing segregation, rising communal violence, and a colonial structure that exacerbated divisions.

At the heart of the conflict lies the instrumentalization of religion for political purposes. Leaders on all sides often invoke divine entitlement to justify territorial claims, leaving little room for compromise. Macron’s decision to recognize Palestine is an attempt to shift the narrative from sacred land to shared responsibility. It is an appeal to international law and collective memory rather than mythic ownership. But this effort is fragile. The battle over Jerusalem is not just about land. It is a struggle of narratives, of who gets to tell the story and define the future. Unless all sides can accept that their truth may coexist with another’s, peace will remain elusive. For now, Macron’s announcement is both a diplomatic gamble and a call for moral clarity in one of the world’s most entrenched conflicts.

C’est une annonce qui a résonné comme un séisme diplomatique : Emmanuel Macron, président de la République française, a confirmé devant l’Assemblée générale des Nations unies que la France reconnaîtrait officiellement l’État de Palestine en septembre 2025. Ce geste symbolique, longtemps attendu par une partie de la communauté internationale, bouleverse le climat politique mondial, mais également les équilibres historiques, religieux et géopolitiques autour de Jérusalem. Cette ville, pierre angulaire des conflits au Proche-Orient, cristallise à elle seule tous les paradoxes d’un monde tiraillé entre la foi, la mémoire, le droit et les ambitions politiques. Analyse d’un tournant.

Macron : l’annonce qui bouleverse le climat politique

L’annonce d’Emmanuel Macron de reconnaître officiellement l’État de Palestine en septembre 2025 marque un tournant historique dans la diplomatie française. La France devient ainsi le premier pays fondateur de l’Union européenne et membre permanent du Conseil de sécurité à franchir ce pas, rejoignant plus de 140 nations qui ont déjà reconnu la Palestine.

Dans son discours à l’ONU, Emmanuel Macron a évoqué la nécessité de donner une perspective politique claire aux Palestiniens, dans un contexte de tensions ravivées par la guerre entre Israël et le Hamas depuis octobre 2023. En prenant cette décision, la France entend relancer la dynamique d’une solution à deux États, enterrée depuis trop longtemps par les replis identitaires, les radicalisations et l’immobilisme international.

Cette reconnaissance a aussitôt suscité des réactions contrastées : saluée par Mahmoud Abbas comme « une victoire morale pour le peuple palestinien », elle a été vivement critiquée par Israël, qui y voit une forme de légitimation du Hamas, malgré les précautions oratoires de Paris. Washington, de son côté, juge cette décision « prématurée » et met en garde contre un risque de « rupture stratégique » entre alliés occidentaux.

En France, la gauche applaudit un acte « tardif mais juste », tandis que la droite y voit une prise de position « dangereusement unilatérale ». Cette fracture politique révèle à quel point la question palestinienne reste un marqueur idéologique profond, bien au-delà des considérations géopolitiques.

Histoire d’un État jamais reconnu

Avant la création de l’État d’Israël en 1948, la Palestine mandataire était un territoire complexe, abritant juifs, musulmans et chrétiens dans une coexistence fragile mais réelle. Jérusalem était alors une mosaïque urbaine aux quartiers plus mixtes qu’on ne le croit souvent : musulmans, juifs, chrétiens, arméniens partageaient l’espace, dans une tension permanente, certes, mais aussi avec des moments de relative tolérance.

Sous le mandat britannique (1917–1948), les tensions ethno-religieuses s’intensifient. Les scrutins municipaux basés sur la confession, les transports communautarisés, et les violences sporadiques rendent cette coexistence de plus en plus difficile. La montée du sionisme d’un côté et du nationalisme arabe de l’autre polarise la société.

La guerre de 1948 divise Jérusalem : l’ouest passe sous contrôle israélien, l’est — incluant la vieille ville — sous autorité jordanienne. C’est la fin d’une forme de pluralité. Le fossé se creuse entre deux entités irréconciliables. La suite est marquée par la construction d’une mémoire sélective de chaque côté.

Ainsi, l’idée d’un « État de Palestine » demeure juridiquement floue : absent de l’ONU comme État membre, sans frontières officiellement reconnues, il n’existe que dans les discours, les aspirations, et une administration autonome aux pouvoirs limités.

Jérusalem : le paradoxe religieux et historique

Jérusalem, ville trois fois sainte, est le théâtre d’une des rivalités religieuses les plus anciennes et les plus explosives de l’histoire humaine.

Pour les Juifs, elle est la capitale éternelle du peuple d’Israël. C’est ici que le roi David établit sa royauté, que Salomon bâtit le Temple, et que les prières continuent de se tourner depuis l’exil. Le sionisme s’y ancre comme un retour au centre sacré d’un peuple dispersé.

Pour les Chrétiens, Jérusalem est la ville du calvaire et de la résurrection. C’est le théâtre du salut, le berceau d’une foi universelle. Lieu de pèlerinage plus que d’ambitions territoriales aujourd’hui, elle reste un cœur battant de la mémoire chrétienne.

Pour les Musulmans, c’est al-Qods, la noble. Le lieu du voyage nocturne du Prophète Mahomet, la première qibla, le site du Dôme du Rocher et de la mosquée Al-Aqsa. C’est une ville prophétique, politique et identitaire, au croisement du spirituel et du nationalisme palestinien.

Chacune de ces visions n’est pas seulement religieuse : elle est aussi existentielle, émotionnelle, symbolique. Jérusalem devient un miroir des peurs, des espoirs, des ambitions, une ville-fantôme où chacun projette son idéal, et où chaque pierre est un argument.

Sous la pression religieuse : instrumentalisation et impasses

Comment gouverner, négocier ou simplement vivre, dans un espace aussi chargé ? La réponse est : difficilement.

Le problème majeur, c’est l’instrumentalisation politique de la foi. À Jérusalem, on ne discute plus d’urbanisme ou de justice sociale : on parle de droit divin, de promesse biblique ou coranique, d’élection spirituelle. Or, aucun traité ne peut rivaliser avec une conviction religieuse absolue.

Les extrêmes des trois camps s’en nourrissent : les ultraorthodoxes juifs prônent l’exclusivité d’un État juif, les islamistes revendiquent une Jérusalem musulmane libérée de toute présence sioniste, et certaines factions chrétiennes activistes rêvent encore d’un retour de la chrétienté sur les lieux saints. Résultat : chaque avancée politique est perçue comme une trahison sacrée.

Les dirigeants modérés — qu’ils soient palestiniens, israéliens ou européens — sont pris entre deux feux. Ils négocient sur la base de la raison, pendant que d’autres agitent les passions. Emmanuel Macron, en annonçant la reconnaissance de l’État de Palestine, prend le pari risqué d’inverser la mécanique fatale des injonctions religieuses pour replacer le droit au centre du jeu. Un pari noble, mais fragile.

Car au fond, ce n’est pas une question de géographie. C’est une guerre de récits, et dans cette guerre, les faits historiques comptent moins que les mythes fondateurs. Pour que la paix advienne, il faudrait que chaque camp accepte non pas d’oublier, mais de renoncer à imposer son récit comme vérité unique. Ce jour-là, Jérusalem pourrait redevenir ce qu’elle a été par éclairs : une ville de foi… et non de feu.


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