Looking Away marque un moment de sincérité rare, où chaque note semble capter ce qu’on tait souvent. Derrière la douceur mélodique, c’est une émotion brute qui s’invite, un face-à-face avec soi-même, sans filtre ni détour. Le clip tourné dans le désert de Joshua Tree accentue cette sensation de solitude habitée, de questionnement suspendu dans l’air sec. Monotronic y livre un fragment de vérité, un instant suspendu qui prend aux tripes et ne relâche pas. Groupe indie rock basé à Los Angeles, Monotronic est né à New York en 2016 sous l’impulsion du guitariste et producteur Ramsey Elkholy. Le projet réunit des musiciens venus d’horizons variés, mêlant rock indé, électronique et influences world dans un style singulier, souvent remarqué pour son intensité scénique et son exigence artistique.

Une prise de conscience explosive sur notre place dans l’univers

Monotronic propose avec Looking Away un regard désenchanté, mais profondément lucide sur les lignes de faille de l’existence. Ici, les émotions ne sont pas hurlées, elles affleurent en surface, comme si elles émergeaient lentement d’un paysage intérieur troublé. Ce qui frappe, c’est cette manière douce-amère d’évoquer la fuite, l’attente et la mémoire, en mêlant contemplation et désorientation. Le choix de métaphores liées à l’espace ou à l’invisible – le temps, le destin, la lumière – confère à la chanson une dimension quasi cosmique, comme si les sentiments n’étaient lisibles qu’en scrutant l’infini. C’est une chanson sur la dérive, mais une dérive silencieuse, élégante, presque nécessaire.

Ce qui distingue Looking Away, c’est justement cette pudeur dans l’expression, cette manière d’évoquer la douleur sans la nommer. Les éléments naturels et cosmiques y deviennent des repères émotionnels : le rivage, le ciel, la lumière, le temps qui naît. Tout est dans la nuance, dans le flottement entre les regrets et le besoin d’un ailleurs. Il n’y a pas de jugement ici, juste la navigation intérieure d’un être conscient de ses manques, de ses erreurs, mais sans amertume excessive. En filigrane, Monotronic dessine une cartographie de l’âme contemporaine, faite de contradictions et de silences. La chanson ne cherche pas à plaire, elle cherche à dire vrai – et c’est là qu’elle touche.