A la découverte de Great Horned Owl avec It Wasn’t Anything et Longyear


« It Wasn’t Anything » et « Longyear » sont deux titres phares du nouvel album éponyme de Great Horned Owl, projet folk-indé porté par Vanderson Langjahr. Originaire de Portland, il façonne une musique à la fois intime et organique, nourrie par les paysages brumeux du nord-ouest américain. Entre dépouillement acoustique et arrangements plus indie rock, ces deux morceaux révèlent une écriture sensible, suspendue entre souvenirs fragiles et douleurs persistantes. Une exploration fine des émotions, qui donne toute sa force au disque.

“Longyear” est une chanson suspendue entre mémoire vive et deuil discret, où chaque vers semble traversé par l’empreinte d’un lien perdu, mais jamais effacé. Ce n’est pas un récit linéaire : c’est une succession d’échos intérieurs, une cartographie sensible de ce qui a été et ne reviendra peut-être plus. Dans cette manière de poser les émotions, Great Horned Owl évite les grands élans ou les déclarations frontales. Il parle de la douleur comme on parlerait d’un endroit que l’on connaît trop bien pour encore y mettre des mots. C’est une chanson qui regarde le passé comme on regarde quelqu’un s’éloigner, sans faire de bruit.

Ce qui frappe, c’est la manière dont l’artiste tisse des repères – géographiques, temporels, presque rituels – pour faire tenir ensemble les ruines d’un lien et les reflets de soi. On n’est jamais tout à fait dans la rupture, ni dans le regret, mais dans un entre-deux fragile où les émotions flottent, nues, sans vernis. Longyear crée une filiation à travers le souvenir, une tentative de redonner du sens à ce qui a vacillé. Cette écriture-là, pudique et vibrante, parle à celles et ceux qui savent que l’amour, la perte et la mémoire ne sont jamais des lignes droites. La chanson devient alors plus qu’un exutoire : un espace où l’on apprend à cohabiter avec ses tempêtes.


Nous avons un second coup de cœur : It Wasn’t Anything

Ces deux chansons de Great Horned Owl parlent d’attachement, de mémoire et de ce qu’il reste quand tout semble s’être dissipé. Mais là où Longyear donne voix à une perte fondatrice, quasi mythologique dans le parcours intime, It Wasn’t Anything se tient sur le fil d’un souvenir plus ténu, presque évaporé. On passe d’un effondrement ressenti au cœur à une scène contemplative, distante, comme si le narrateur minimisait ce qu’il a vécu pour mieux s’en protéger. C’est un autre registre émotionnel : plus flou, plus calme, mais tout aussi chargé.

Longyear décrit une implosion – l’année où “le monde s’est arrêté”, l’amour perdu qui continue de vibrer dans les gestes quotidiens. It Wasn’t Anything, elle, déplace l’attention : c’est la mémoire qui fait défaut, les mots qui n’ont laissé que leur trace.

Le lien à l’autre s’efface presque dans le paysage. Pourtant, ces deux morceaux se répondent dans leur manière de représenter les sentiments : jamais figés, toujours en mouvement, comme les ciels ou les arbres qu’ils invoquent. Ils ne décrivent pas seulement des histoires : ils traduisent une manière sensible d’habiter ses émotions, avec pudeur, poésie, et une humanité désarmante.

Avec Longyear, Great Horned Owl crée un univers touchant et sensible, où chaque mot semble surgir du silence de ceux qui n’ont jamais su dire. C’est une musique qui murmure ce que l’on tait, qui trouve les mots quand les nôtres s’éteignent. On revient à ces chansons quand les journées deviennent grises, quand un vide se fait sentir, ou qu’un visage nous manque. Dans la voix de Vanderson Langjahr, il y a quelque chose de profondément humain : une pudeur, une douceur, une douleur discrète. Et c’est précisément cela qui fait toute la beauté de son œuvre. Retrouvez le reste de l’opus sur Spotify.

English version

Longyear and It Wasn’t Anything stand out as the emotional core of Great Horned Owl’s latest album. Crafted by Portland-based singer-songwriter Vanderson Langjahr, both tracks reveal a raw, intimate approach to storytelling. Longyear, the album’s title track, begins with stripped-down vocals and guitar before expanding into a soft indie rock anthem that navigates loss and memory with quiet strength. It’s a song about emotional implosion, about the year when everything broke — a haunting but gentle exploration of what it means to remember someone who shaped you deeply.

It Wasn’t Anything, on the other hand, feels more fleeting. Built only on acoustic guitar and voice, it captures a moment blurred by time and distance. The narrator reflects with detachment, as if trying to diminish the weight of what once was. Yet, both tracks reveal a profound sensitivity in the way emotions are portrayed — never grandiose, always delicate and truthful. Vanderson’s voice carries an understated vulnerability, allowing listeners to project their own experiences into his poetic vignettes.

These songs speak for those who’ve struggled to find the right words for love, loss, and longing. They’re for grey days, quiet nights, or moments when a specific absence feels louder than anything else. With Longyear, Great Horned Owl delivers not only a record but a refuge — a space where feelings are allowed to breathe, evolve, and find their own form.


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