Avec Sunshine, le collectif berlinois 5ON5 propose bien plus qu’un single estival : un OVNI musical aux allures ludiques qui dissimule une finesse émotionnelle inattendue. Entre ritournelle enfantine et odyssée intérieure, le morceau entremêle pop décalée, harmonies multiples et groove hypnotique. Inspirée par l’univers visuel de Vaughn Spann, cette histoire d’amour abstraite prend vie dans un bain de nostalgie 80s–90s, rattrapée par une production contemporaine d’une précision chirurgicale. Une ballade fantomatique où chaque “Ha hoo” résonne comme une incantation douce-amère, hantée, mais lumineuse.
Une chanson entraînante et qui donne envie de découvrir l’univers autour de ce single.
Sous ses airs de farandole pop, Sunshine agit comme une porte d’entrée vers un monde parallèle, à la fois naïf et vertigineux. Loin des formats lisses, le groupe déploie un langage sonore atypique, fait de rebonds rythmiques, de nappes vaporeuses et de surprises mélodiques. Chaque élément semble dialoguer avec un souvenir ou une sensation enfouie. Le fantôme au centre du récit, farceur et mélancolique, devient presque une métaphore de l’artiste lui-même : insaisissable, libre, hors des cases. On sort de cette écoute un peu déboussolé, mais curieusement touché, avec l’envie de suivre ces voix jusqu’au bout du labyrinthe.
La chanson navigue sur une ligne de crête entre introspection et éclats de lumière. Derrière ses allures enfantines, presque incantatoires, le morceau camoufle une traversée existentielle intense. Le texte glisse entre perte de repères, mirages affectifs, et quête de renaissance. Chaque image naturelle – soleil, arc-en-ciel, ciel – devient une projection émotionnelle, traduisant les états d’âme mouvants de l’artiste. Le sentiment ici n’est jamais figé : il palpite, s’étire, vacille. La chanson refuse les codes traditionnels du récit linéaire ; elle capte plutôt les vibrations d’un esprit qui cherche à transformer la douleur en couleur.
Ce qui frappe, c’est cette manière presque organique de traduire la confusion intérieure. Le langage est flou, répétitif, parfois fragmenté – comme un rêve lucide. C’est cette abstraction contrôlée qui rend Sunshine unique : elle parle de solitude, de rédemption, de fantômes intimes sans jamais forcer le trait. Elle évoque la chute autant que l’espérance, et la lumière n’est jamais gratuite. Elle surgit après le chaos, jamais avant. La nature ici n’est pas décorative : elle est témoin, miroir, ou remède. En refusant toute narration classique, 5ON5 redéfinit l’expression des émotions : non pas les décrire, mais les faire ressentir de l’intérieur.
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