Dans un monde où les super-héros sont devenus des figures sombres, torturées ou cyniques, James Gunn choisit de faire renaître Superman non pas comme un dieu, mais comme un homme. Un homme qui doute, qui tombe, mais qui choisit de se relever avec bienveillance. Loin des figures christiques ou des récits de toute-puissance, cette version lumineuse s’ancre dans une question essentielle : peut-on encore croire au bien, sans ironie ni posture ? Entre libre arbitre, attachement humain et héritage kryptonien, le réalisateur redonne au mythe une profondeur simple, mais bouleversante. Et si, finalement, le vrai courage n’était pas de sauver le monde, mais de continuer à l’aimer ?
Detailed English summary
In an age dominated by cynical anti-heroes and morally grey figures, James Gunn’s Superman dares to reintroduce hope. This isn’t a god among mortals, but a man with doubts, fears, and a fierce commitment to doing good. Gunn strips away the divine symbolism and offers a hero who chooses his path not out of destiny, but of conviction. Torn between the legacy of Krypton and the love of the Kents, Clark Kent must decide who he truly wants to be. He ultimately rejects the manipulative reinterpretation of his origins and embraces the humanity instilled in him by his adoptive parents. This Superman reclaims agency: his kindness is not a given, but a radical, conscious act in a disillusioned world.
Rather than saving the world from above, this Superman walks among us, feeling everything intensely. His strength lies not in invulnerability, but in restraint and compassion. Gunn aligns him with emotional archetypes like those in The Vampire Diaries—creatures of immense power, forever grappling with the limits of their emotions. Here, Superman learns to feel without being consumed, to care without breaking. Gone are the messianic poses and sacrificial grandeur: what remains is the quiet rebellion of believing in good. And perhaps, in a world torn by war and distrust, that is the most heroic act of all.
Choisir sa voie et ses principes
Dès les premières minutes de ce Superman réalisé par James Gunn, une chose est claire : il ne s’agit plus de revisiter pour la centième fois le mythe de Krypton ou l’enfance de Clark Kent. Le film nous plonge directement dans le dilemme le plus profond du héros : qui suis-je, et que vais-je choisir d’être ? Kal-El, être déjà reconnu dans le monde entier, est confronté à sa première vraie défaite, non pas physique, mais morale. Car dans un monde qui se méfie de la bonté, il faut du courage pour décider d’être bon.
On ne choisit pas sa famille, mais on choisit qui l’on veut suivre
James Gunn met en scène un héros qui aurait pu choisir de dominer, mais qui choisit de protéger. Un héros qui ne suit pas aveuglément ses origines kryptoniennes, mais qui les confronte. Lorsqu’il découvre le message complet de sa famille biologique, ce ne sont plus leurs mots qui le guident, mais les souvenirs simples, chaleureux, presque banals de ses parents adoptifs, les Kent. La force de ce Superman-là réside dans cette décision consciente : ne pas se laisser définir par ce qu’il est, mais par ce qu’il veut être. Il décide d’appartenir à l’Humanité, non par obligation, mais par amour.
On ne choisit pas sa famille, mais on peut choisir ses modèles. C’est exactement ce que montre le réalisateur dans son nouveau film Superman, en plaçant Clark Kent face à un dilemme intime : croire au message venu de Krypton ou à l’amour reçu sur Terre. Très tôt dans le récit, Lex Luthor remet entre les mains de Kal-El un enregistrement censé venir de ses parents biologiques, Jor-El et Lara. Bien que le message semble authentique, Lex Luthor, décrit par le réalisateur comme un génie manipulateur, l’exploite pour en proposer une lecture inquiétante. Ce glissement interprétatif sème le doute chez Clark et alimente le conflit entre ses deux identités — Kal-El, l’exilé de l’espace, et Clark Kent, le fils des Kent. Pourtant, rien dans les propos du réalisateur, ni dans les articles de presse n’indique que Jor-El et Lara aient jamais voulu que leur fils domine l’humanité. Le film souligne plutôt comment Lex Luthor se sert des zones d’ombre pour déstabiliser Superman, en le confrontant à une lecture détournée de son héritage.
Mais la vérité finit par reprendre ses droits. Dans le dernier acte, Clark Kent fait un choix fondamental : il se détourne de cette interprétation toxique de son origine kryptonienne pour se tourner vers ceux qui lui ont réellement appris à devenir un homme. Ce ne sont plus les mots venus du cristal kryptonien qui le réconfortent, mais les images de Martha et Jonathan Kent. Ses parents de cœur, ses repères. C’est en se souvenant d’eux, de leur bienveillance, de leur simplicité, qu’il retrouve la paix. « Il comprend que ce ne sont pas ses origines kryptoniennes qui définissent qui il est, mais l’homme qu’il choisit d’être. » Cette scène bouleversante scelle un thème cher à James Gunn : la bonté n’est pas un programme génétique, c’est un choix de chaque instant, un acte de foi envers l’humanité, même dans un monde désabusé.
Un boy-scout, un humain
Superman n’est jamais apparu aussi vulnérable – ni aussi humain. Si Christopher Reeve incarnait la noblesse solaire et Henry Cavill la puissance tragique, David Corenswet, lui, apporte une douceur tangible. Il ne cherche pas à briller, mais à ressentir. Le cinéaste va plus loin qu’une simple humanisation : il fait de Kal-El un homme qui choisit de ressentir, quitte à souffrir. Un peu à la manière des vampires de The Vampire Diaries, où les émotions exacerbées deviennent des failles dangereuses, Superman apprend ici à contenir ce qu’il ressent, à tracer une ligne rouge invisible, mais essentielle.
Le héros n’est pas un dieu parfait venu sauver le monde : il doute, il a peur, et il fait des erreurs. Il est en perpétuel questionnement, déchiré entre l’inaction prudente et l’engagement risqué. Ce qui le définit, ce n’est pas sa force, mais sa volonté inébranlable de croire en l’humain, même quand celui-ci se montre indigne. En cela, il rejoint l’héritage de Dean Cain dans Lois & Clark, où la force était toujours au service d’un cœur sincère. James Gunn, avec sa sensibilité d’auteur, fait de Superman un être qui revendique pleinement sa condition terrestre, sans jamais renier sa puissance d’origine.
Fin de la figure christique
Enfin, libération. James Gunn se détache définitivement du symbole christique imposé à Superman depuis des décennies. Terminés les plans où le héros plane en croix, unique fils d’un dieu stellaire envoyé pour le salut de l’humanité. Ici, pas de martyre mystique, pas de messie sacrificiel. Ce Superman n’est ni un prophète, ni un juge. Il est un homme parmi les hommes, certes doté de pouvoirs, mais surtout rempli de doutes, d’attachements, de faiblesses humaines.
Dans cette relecture, l’ADN kryptonien n’est qu’un détail technique. L’enjeu du film n’est pas de découvrir l’origine d’un messie, mais de suivre le combat d’un homme qui cherche sa place dans un monde chaotique. Cette posture ouvre un nouveau chapitre dans la mythologie du héros : celle d’un protecteur terrestre qui agit non par devoir divin, mais par amour profond pour ce qu’il observe autour de lui. Ce nouveau opus signe ainsi la fin d’un imaginaire religieux pour ouvrir la voie à une quête beaucoup plus humaine : celle du libre arbitre.
Ce que nous n’avons pas encore raconté…
Si beaucoup ont déjà parlé de la tendresse du film, de la Forteresse de Solitude filmée dans les glaces de Norvège ou du vol inspiré des chasseurs F-22, peu se sont attardés sur ce que cette version de Superman nous dit du monde contemporain. Dans un univers saturé de figures dépressives et de héros grisâtres, ce Superman lumineux devient presque un acte de résistance. Il est celui qui dit : « Je veux croire », même si tout semble l’en dissuader. Il est l’anti-Batman, non pas parce qu’il s’oppose à lui, mais parce qu’il fait le choix de ne pas s’y résoudre.
Le film ouvre aussi un dialogue avorté avec le monde réel. En explorant le rôle politique d’un être invincible dans un monde fragmenté, le réalisateur effleure des thèmes puissants : les guerres, l’interventionnisme, les limites éthiques du pouvoir. Pourtant, ces pistes ne sont qu’esquissées. Peut-être parce que le véritable enjeu est ailleurs : dans cette affirmation que le bien existe encore, même s’il est discret, maladroit, ou critiqué.
Il nous faudra la suite pour savoir si cette vision peut perdurer. Mais déjà, ce Superman marque une rupture douce, mais nette avec les codes passés. James Gunn offre une première pierre. À nous de voir si l’on souhaite bâtir dessus.
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