Il est des films qui ne se contentent pas de divertir : ils réveillent en nous des souvenirs enfouis, des samedis matin en pyjama devant le poste, des albums coloriés au feutre usé. Les Schtroumpfs 2025 appartient à cette catégorie rare. En conjuguant la modernité de son animation à une profondeur inédite dans son récit, il renoue avec la magie de Peyo tout en insufflant une énergie nouvelle. Surtout, il offre un retour aux sources chargé de tendresse et de clins d’œil complices. Entre la présence de Dorothée et le retour d’une voix iconique, la version française devient un véritable hommage aux années 80-90. Une madeleine de Proust… toute bleue.
Une dynamique inédite grâce à un véritable méchant
L’un des choix les plus audacieux de Les Schtroumpfs 2025 réside dans sa rupture avec la tradition comique et bon enfant des anciens récits. Si Gargamel reste un incontournable de la saga, il a souvent été cantonné à une figure grotesque, maladroite, presque attendrissante dans son incompétence. Le film de 2025, lui, introduit un antagoniste au profil plus inquiétant, complexe et tangible, qui redistribue toutes les cartes de la narration.
Ce « vrai méchant », dont l’identité reste soigneusement tenue secrète dans les premières bandes-annonces, impose une tension dramatique réelle. Fini l’opposition binaire entre gentils bleus et méchant râleur : ici, le mal prend une consistance psychologique, des motivations crédibles et une présence quasi magnétique. Les Schtroumpfs ne combattent plus seulement un danger extérieur risible, mais une menace intérieure, capable de les diviser, de les pousser dans leurs retranchements. Ce changement insuffle au récit une épaisseur nouvelle, transformant l’aventure en une véritable quête initiatique.
Effectivement, débarque dans leur monde un camarade sans nom, sans attribut qui va devoir se définir. Tout comme la Schtroumpfette qui fera face à un retour de son passé. Le film montre que chacun doit faire ses choix et ses preuves pour trouver sa place dans la société.

Le rythme du film s’en trouve lui aussi transformé. Les séquences de tension alternent avec des moments de solidarité intense, où chaque Schtroumpf doit réaffirmer les valeurs du village : l’entraide, le respect, le courage et l’humour. Cela crée une narration plus serrée, plus vivante, où l’émotion prend parfois le pas sur la simple comédie. Les enfants y trouvent leur lot d’émerveillement, mais les adultes, eux, y retrouvent des enjeux plus profonds, plus universels. Le film ne renie jamais son héritage, mais choisit de le faire évoluer, et c’est en cela qu’il marque un tournant audacieux dans la saga.
La version française, une ode à la nostalgie
S’il est une version qui risque bien de tirer une larme aux spectateurs d’un certain âge, c’est bien la version française. La production a misé sur l’émotion patrimoniale, et le résultat est particulièrement réussi. Le coup de génie ? Avoir fait appel à Dorothée, icône absolue du divertissement jeunesse des années 80-90. Sa voix, reconnaissable entre mille, transporte instantanément le public dans l’époque du Club Dorothée, où les Schtroumpfs figuraient parmi les héros phares du petit écran.
Sa simple présence crée un lien émotionnel immédiat, une sorte de continuité affective entre l’enfant qu’on était et l’adulte qu’on est devenu. Elle agit comme un passeur de mémoire, transmettant aux jeunes générations cette magie simple, mais inaltérable. Et ce n’est pas tout : la voix du Grand Schtroumpf, dans sa version française, retrouve ici ses accents les plus emblématiques grâce à Gérard Hernandez, reprenant celle qui avait bercé toute une époque. Un choix fort, presque sacré pour les puristes.
Au-delà des voix, c’est toute l’adaptation française qui joue avec finesse sur les ressorts de la nostalgie : les expressions, les jeux de mots, les références culturelles propres à l’Hexagone sont autant de petits clins d’œil à ceux qui ont grandi avec les Schtroumpfs. La musique elle-même mêle habilement les thèmes originaux à de nouvelles compositions, renforçant l’effet « retour au bercail ». Loin de n’être qu’un doublage fonctionnel, cette version devient une expérience sensorielle et affective à part entière.

Un casting vocal prestigieux entre générations et continents
Le film Les Schtroumpfs 2025 s’offre un double casting vocal haut de gamme, à la hauteur de son ambition intergénérationnelle. Côté francophone, on retrouve Sofia Essaïdi dans le rôle central de la Schtroumpfette, entourée d’un véritable panthéon de figures populaires : Gérard Hernandez, fidèle au poste dans la peau du Grand Schtroumpf, Dorothée en grimoire malicieux, Patricia Kaas, Virginie Hocq, Jérôme Commandeur, François Damiens, Philippe Katerine… Des voix familières, aimées, presque tutélaires, qui confèrent au film un accent de tendresse et de nostalgie.
Le casting anglophone, quant à lui, aligne une distribution tout aussi impressionnante : Rihanna (également productrice et autrice des chansons originales) incarne la Schtroumpfette, John Goodman donne corps au Grand Schtroumpf, Nick Offerman, Sandra Oh, Dan Levy, Amy Sedaris, Octavia Spencer, James Corden, J.P. Karliak ou encore Hannah Waddingham prêtent leurs talents à un village schtroumpf plus vivant que jamais. Un choix assumé de voix fortes, marquantes, capables de séduire à la fois les enfants et les parents.
Une production ambitieuse et un retour aux sources assumé
Développé depuis plusieurs années, Les Schtroumpfs 2025 s’inscrit dans une volonté de relancer durablement l’univers imaginé par Peyo, avec une série de longs métrages inédits produits par Paramount Animation et la Peyo Company. Initialement imaginé comme un film musical par Nickelodeon Movies, le projet a évolué en cours de route, notamment après le retrait du studio au profit d’une co-production à grande échelle.
La mise en scène a été confiée à Chris Miller (connu pour son travail chez DreamWorks), sur un scénario signé Pam Brady. L’animation, prise en charge par Cinesite, s’inspire directement du trait de Peyo : lignes d’action, bulles façon BD, dynamique cartoon… tout a été pensé pour retrouver l’âme des albums, tout en proposant une esthétique moderne et expressive. La production a également bénéficié de l’apport artistique de Rihanna, qui a composé plusieurs chansons originales, participant à l’ancrage pop du projet. Avec un mélange d’animation 3D, de prises de vues réelles, et un souffle international, ce nouveau Smurfs s’impose comme une relecture ambitieuse, fidèle et festive d’un classique de la bande dessinée européenne.
Les Schtroumpfs 2025 ne se contente pas de schtroumpfer nos écrans avec brio : il réussit l’improbable alchimie entre renouveau et fidélité. En osant un méchant crédible, une tension palpable et une réalisation techniquement ambitieuse, il redonne souffle à une licence parfois enfermée dans le cartoon bon enfant. Mais c’est dans sa version française qu’il touche le cœur : Dorothée, Gérard Hernandez, et ces clins d’œil discrets mais puissants font de ce film une passerelle intergénérationnelle. Qu’on ait 7 ou 77 ans, impossible de ne pas vibrer à cette grande aventure… bleue.
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16 juillet 2025 en salle | 1h 32min | Animation, Comédie, Famille
De Chris Miller (LX) |
Par Pam Brady
Avec Sofia Essaïdi, Rihanna, Jérôme Commandeur
Titre original Smurfs
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