Superman : James Gunn signe une relecture humaine et lumineuse du mythe


SUPERMAN est de retour, mais pas celui que l’on croyait connaître. Dans cette nouvelle version signée James Gunn, le héros à la cape rouge abandonne les postures divines pour renouer avec sa part la plus humaine. Dans un monde désabusé, Kal-El se débat entre compassion, devoir et solitude. Loin des récits d’origine mille fois racontés, le film plonge d’emblée dans le cœur du conflit intérieur : comment être un symbole quand l’époque ne croit plus aux symboles ? Le réalisateur livre une relecture sensible, ancrée dans l’émotion et la foi en l’humanité, portée par un casting solide et un sens aigu du détail visuel. Un pari risqué, mais sincère.

Malgré plusieurs articles publiés en amont, témoignant d’un réel engagement autour du film, nous n’avons pas été conviés à la projection presse. Cette chronique a donc été rédigée en toute indépendance, sans accompagnement studio. Parfois, la cape d’un super-héros ne suffit pas à s’élever au-dessus des logiques d’un système verrouillé. Nous nous efforçons ici de rester les plus factuels possible.



La carte de la nostalgie jusqu’au bout

Le film propose des clins d’œil dès l’ouverture, avec la musique emblématique des premiers films.
La Forteresse de Solitude expose fièrement  sur sa porte d’entrée le blason des El. Ce refuge est très présent dans le film, il est vivant et il n’est pas juste un vestige de Krypton. Cela devient un vrai lieu de vie, un endroit où Superman/Kal-El vient pour se reposer, voir des films, des archives lui rappelant son humanité et ses choix.

Quant à Lex Luthor, son ambition scientifique prend ici une forme visuelle marquante : un portail massif, circulaire, strié d’anneaux lumineux, rappelant sans détour celui de Stargate. Ce clin d’œil ne tient pas seulement du gadget nostalgique, il dit quelque chose du personnage. Là où Kal-El se replie dans un sanctuaire organique, Lex construit un passage technologique, froid et mécanique — symbole d’un esprit qui cherche à plier l’espace à sa volonté. Deux visions opposées du pouvoir, du progrès, et de la solitude.

Un Superman qui s’accroche à l’humanité qu’il a acquise, il se déclare être très humain, il a peur, il a des doutes, et vit avec sa plus grande force : celle de l’espoir de pouvoir rendre ce monde meilleur. Le film pose beaucoup de problématiques comme les guerres, la sociopolitique, et comment le monde réagirait si quelqu’un d’assez puissant pouvait intervenir, quelqu’un ne répondant à aucune loi ni à aucun pays.

Superman - Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.
Superman – Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Notre avis : Entre nostalgie, clins d’œil et sauvetage de licence

Verdict : le film s’en sort bien… Mais on n’a pas pleuré, ni comme ce fut le cas devant le premier film avec Christopher Reeve, ni devant celui avec Brandon Routh. Bien que Superman Returns ait été sacrifié, il avait su trouver l’écho d’une certaine nostalgie, même s’il s’était totalement perdu dedans.

Ici, c’est joli, c’est comics… Mais la petite larme n’est pas venue une seule fois. Cependant, on rit et on passe un moment sympathique. Donc, un sentiment moyen nous habite à la sortie du film. On sent cependant que le réalisateur a travaillé longuement son sujet, au point de sortir des pépites pour expliquer comment on ne reconnaît pas Superman en Clark Kent. De même, il explique, pour les non-initiés, pourquoi le soleil est si important pour lui, et le fonctionnement de ses pouvoirs.

Nous regrettons l’arrivée plus qu’anecdotique de Supergirl. La relation Clark Kent–Lois Lane se dessine de manière très contextuelle, sans pour autant aller au fond. Beaucoup comparent l’ambiance à celle de Lois & Clark, la série télévisée des années 90, mais nous n’avons pas réellement retrouvé cela. Il y a certes une certaine tension dominé–dominant — une forme de complicité unique entre les deux personnages —, mais le film, se voulant créer une entrée en matière, donne beaucoup d’infos et ne laisse pas le temps à l’immersion. Par chance, on évite ainsi de faire l’erreur de Man of Steel : chercher Superman comme on chercherait Charlie.

Le film a un point positif : le travail des détails et des personnages secondaires. On a un vrai Jimmy Olsen, on a Kat Grant, et surtout Krypto ! Ce n’est pas juste une anecdote, mais un personnage à part entière.

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Note : 3 sur 5.

9 juillet 2025 en salle | 2h 09min | Action, Aventure, Science Fiction
De James Gunn | 
Par James Gunn
Avec David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nathan Fillion

L’écriture et la réalisation selon James Gunn

James Gunn ne signe pas seulement une relecture de Superman, il réécrit le mythe à hauteur d’homme. Très tôt dans l’écriture, une scène cristallise sa vision : Superman, blessé, ramené dans sa Forteresse de Solitude par un Krypto maladroit et survolté. Ce moment tendre et presque burlesque pose les bases d’un récit où l’extraordinaire s’enracine dans l’intime. Pour le cinéaste, l’enjeu n’est pas de rappeler combien Superman est fort, mais combien il est bon — et cette bonté, dans un monde cynique, devient révolutionnaire.

Loin des récits sombres à la Snyder, Gunn choisit une ligne claire, presque rétro, influencée par All-Star Superman de Grant Morrison. Il réduit les pouvoirs de Kal-El : ici, il peut saigner, échouer, douter. Et c’est précisément dans ces failles que le personnage se révèle fascinant. La mise en scène alterne séquences spectaculaires et instants suspendus, parfois drôles, parfois poignants, toujours centrés sur l’humain. James Gunn insuffle une atmosphère lumineuse, inspirée de l’imaginaire des années 80 et 90, mais avec la modernité d’une narration introspective et fragmentée.

Superman - Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.
Superman – Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

La dualité Clark-Kent, Kal-El perdu en Superman

Le tournage lui-même reflète cette dualité. La Forteresse de Solitude a été filmée à Svalbard, en Norvège, dans des conditions polaires réelles, afin de capter l’authenticité du froid et de la lumière naturelle. Le réalisateur voulait que les vapeurs d’haleine des acteurs soient réelles, que la glace crisse sous leurs pas. Autre anecdote révélatrice : le chien Krypto, figure aussi drôle qu’attachante, est inspiré du propre chien de réalisateur, Ozu, un compagnon cabochard qui lui mordait les pieds. Le réalisme magique du film s’ancre dans ces souvenirs tendres, et parfois absurdes.

Troisième pépite de fabrication : la manière dont les scènes de vol ont été abordées. James Gunn et son équipe se sont inspirés des manœuvres d’avions de chasse comme le F-22 pour créer un style de vol viscéral, réaliste, aérien. Les mouvements de caméra donnent l’impression que l’objectif lui-même fend les airs aux côtés de Superman. David Corenswet, qui incarne le héros, a suivi un entraînement spécifique en harnais sur un dispositif surnommé le « diapason », une structure de sept mètres suspendue au plafond qui permettait des mouvements amples et crédibles.

On aura que peu parlé de Lex Luthor, pourtant pivot du récit, ou encore du rôle des méta-humains et de l’équipe du Daily Planet, qui donne au film sa texture de feuilleton héroïque. Mais à travers cette galerie de personnages et ce souffle pulp, ce Superman prend position : faire le bien reste un choix radical.
Ici, ce Lex Luthor est quelqu’un qui a peur, qui désire beaucoup, et qui rêve un peu trop. Entre mégalomanie et démesure, il veut marquer l’Histoire et qu’on ne voie que lui. Loin d’un Prométhée voulant apporter la lumière, il veut être celui que l’on regarde !


Ce qu’on doit retenir du film

Ce Superman ne cherche pas à surpasser ses prédécesseurs. Il cherche à réconcilier. À mi-chemin entre la nostalgie du film de Richard Donner et la modernité des récits post-snap de Marvel, ce film s’impose comme une déclaration d’intention : celle de raconter un monde où l’héroïsme ne réside pas dans la puissance, mais dans le choix constant de faire le bien.

James Gunn offre une fresque à la fois spectaculaire et pudique, où les scènes d’action ne sont jamais gratuites et les dialogues — souvent drôles — viennent questionner l’époque. En recentrant Superman sur son dilemme intérieur (être de Krypton ou homme du Kansas), il touche à l’essence même du personnage. Ce n’est plus un dieu en collants bleus, mais un homme qui veut croire en l’homme. Un bilan pour nous en demi-teinte, on espère une suite pour peut-être trouver l’émerveillement, qui n’était pas au rendez-vous.

Superman - Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.
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