Buffalo Kids, l’épopée animée pour petits et grands


Au début du XXe siècle, Mary et Tom, deux jeunes orphelins irlandais, débarquent en Amérique dans l’espoir de retrouver leur oncle. Accompagnés de Nick, un garçon en fauteuil roulant, ils traversent les vastes paysages de l’Ouest américain, rencontrant sur leur route autant de héros bienveillants que de bandits redoutables. Buffalo Kids est un film d’animation signé Pedro Solís et Juan Jesús García Galocha, une œuvre qui mêle aventure, humour, et émotion, tout en portant un message inclusif fort, fidèle à l’univers déjà initié avec le court-métrage Cuerdas. Avec ses 1h22 de péripéties rythmées, ce western familial aux accents poétiques célèbre l’amitié et la résilience.


Une ambiance pour les nostalgiques voulant partager une aventure avec leurs enfants

L’atmosphère de Buffalo Kids évoque immédiatement les souvenirs des matinées passées devant Tom Sawyer ou Heidi, ces récits d’aventure où les paysages grandioses et les liens d’amitié faisaient naître des vocations de rêveurs. Le film de Pedro Solís et Galocha parvient à raviver cette magie en l’adaptant au goût d’aujourd’hui. Loin d’un simple hommage figé, Buffalo Kids construit une épopée tendre et palpitante, taillée sur mesure pour réunir plusieurs générations autour de la même histoire.

Les enfants s’attachent instantanément aux jeunes héros, tandis que les parents retrouvent les valeurs fondatrices du récit d’apprentissage : le courage, la solidarité, et cette petite touche d’impertinence qui rend les films d’animation inoubliables. La force du film est dans cette capacité à montrer une époque plus ou moins idéalisée tout en offrant une dynamique dans le récit qui respecte le ton des films contemporains.

Chaque rencontre devient une leçon de vie, et chaque détour de la route un prétexte à l’émerveillement. L’inclusivité du récit, portée par le personnage de Nick, renforce cette volonté de transmettre des valeurs positives tout en parlant aux enfants d’aujourd’hui sans jamais les infantiliser.

Buffalo kids film 2025  ©  2024 - 4 CATS PICTURES S.L.U.
Buffalo kids film 2025 © 2024 – 4 CATS PICTURES S.L.U.

Une histoire utilisant les codes et les archétypes du Grand Ouest américain

Buffalo Kids assume pleinement son héritage westernien. Les codes du genre sont là, tous convoqués avec tendresse et ingéniosité : des attaques de trains aux courses-poursuites en diligence, en passant par les bisons majestueux, les grandes plaines et les figures emblématiques des peuples amérindiens. Le choix de placer l’action dans le nord des États-Unis, du Wyoming jusqu’aux geysers de Yellowstone, renouvelle le mythe du Far West en y injectant des couleurs inédites — un Ouest plus vert, plus vivant, plus féerique.
Le film fait dialoguer le cinéma populaire et la grande histoire : les orphelins du New York du XIXe siècle, la statue de la Liberté en toile de fond, les débuts des chemins de fer… autant d’éléments réels intégrés dans un récit palpitant et initiatique.

On y retrouve aussi une approche respectueuse des cultures autochtones, avec des personnages Cheyennes joués par de véritables acteurs Cheyennes, et une bande originale intégrant des musiciens issus de ces communautés.

L’écriture, signée Jordi Gasull et Javier Barreira, mêle avec habileté l’action, la tendresse et l’humour. Le trio d’enfants, tous portés par un but commun, incarne une forme de fraternité universelle. En revisitant le western à hauteur d’enfant, Buffalo Kids redonne ses lettres de noblesse à un genre parfois mis de côté, en lui insufflant fraîcheur et authenticité. Le voyage devient alors un véritable rite de passage, et chaque obstacle sur leur route permet aux héros de grandir, de s’affirmer et de comprendre que le véritable trésor n’est pas d’or, mais fait de liens humains.


Un coup de cœur pour l’animation

Dès les premières minutes, Buffalo Kids séduit par sa direction artistique. Les personnages ont un design expressif, à mi-chemin entre cartoon et réalisme, rappelant celui du jeu vidéo Lucky Luke sur PlayStation sorti en 1997. Ce clin d’œil graphique parlera sans doute à toute une génération de parents.
Les paysages, quant à eux, sont somptueux. On est loin de l’aridité d’un western classique : ici, les montagnes verdoyantes, les forêts profondes et les rivières limpides composent un Far West plus proche de Princesse Mononoké ou du Seigneur des Anneaux que de Rango. Un pari audacieux, mais réussi, grâce au travail du studio Core Animation.

L’animation est fluide, dynamique, et sert parfaitement le rythme du récit. Mention spéciale pour la gestion des scènes d’action, qui parviennent à rester lisibles tout en conservant une tension dramatique très efficace.
Enfin, la bande originale signée Fernando Velázquez (compositeur pour Bayona ou Guillermo del Toro) est un véritable bijou : les sonorités celtiques et folkloriques qu’il insuffle à l’univers renforcent l’ancrage émotionnel de l’histoire, tout en soulignant les moments de bravoure ou d’émotion. L’ensemble donne un film cohérent, émouvant, et graphiquement enchanteur, qui pourra aussi bien toucher les plus jeunes que faire vibrer les cœurs d’adultes nostalgiques.

Buffalo kids film 2025  ©  2024 - 4 CATS PICTURES S.L.U.
Buffalo kids film 2025 © 2024 – 4 CATS PICTURES S.L.U.

On aime, on adore ce film, car il propose une aventure façonnée par le respect et l’élégance humaine

Ce qui distingue ce film, au-delà de sa forme soignée, c’est la qualité de son geste. Dès sa conception, le projet s’est construit dans un esprit de confiance et de transmission. Pedro Solís, qui aurait pu signer seul la réalisation, a choisi de s’entourer de Juan Jesús García Galocha, dit Galo, avec qui il partage depuis des années une complicité artistique. Leur collaboration donne au film une double sensibilité, alliant exigence narrative et poésie visuelle. Ce duo n’est pas qu’un choix technique, c’est une réponse à une histoire personnelle : celle d’un père confronté à la maladie et à la perte de son fils, et d’un ami capable de transformer cette épreuve en force créative. Le résultat est un film qui regarde l’enfance avec sincérité, sans jamais céder au pathos. Il montre un enfant qui veut vivre, qui veut découvrir le monde et qui va réussir à tisser des liens avec deux camarades.

Ce même engagement se retrouve dans la manière dont les cultures amérindiennes sont intégrées au récit. Buffalo Kids ne se contente pas de les évoquer : il les fait participer. Acteurs et musiciens Cheyennes prennent part à l’œuvre, avec l’assentiment direct des représentants de leur nation, rencontrés par le scénariste Jordi Gasull. Ce souci d’authenticité va de pair avec un choix de décor atypique : les forêts du Wyoming et les terres humides du Nord remplacent les classiques paysages désertiques. Cette orientation esthétique renforce l’originalité du film, tout en restant fidèle aux réalités géographiques de l’époque. Enfin, la musique de Fernando Velázquez, imprégnée de traditions celtiques, tisse un lien discret, mais puissant entre les origines des enfants et la terre qu’ils traversent. C’est dans cette alchimie entre respect, imagination et mémoire que réside la force tranquille de Buffalo Kids.

Buffalo kids film 2025  ©  2024 - 4 CATS PICTURES S.L.U.
Buffalo kids film 2025 © 2024 – 4 CATS PICTURES S.L.U.

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Note : 5 sur 5.

9 juillet 2025 en salle | 1h 23min | Animation, Famille
De Juan Jesús García Galocha, Pedro Solis García | 
Par Jordi Gasull, Javier López Barreira
Avec Aaricia Dubois, Alisha Weir, Arthur Dubois

3 choses à savoir sur le film avant de le découvrir ou après l’avoir adoré

Une histoire inspirée d’un fait historique réel :

Le scénario de Buffalo Kids est né de la découverte d’un ouvrage sur les orphelins de New York envoyés vers l’Ouest à la fin du XIXe siècle. Ce pan méconnu de l’histoire américaine a offert aux scénaristes un terreau riche pour une aventure humaine aussi plausible que romanesque.

Nick, un personnage personnel :

Le jeune garçon en fauteuil roulant n’est pas un personnage fictif. Il est inspiré du propre fils de Pedro Solís, Nicolás, atteint de paralysie cérébrale. Déjà présent dans Cuerdas, court-métrage plusieurs fois primé, Nick porte en lui une charge émotionnelle forte, et incarne la résilience, la tendresse et la force de vivre.

Une production hors norme :

Il a fallu trois ans, plus de 200 personnes et… 972 000 heures de calcul pour mener à bien la création du film. La modélisation du fauteuil de Nick a été le tout premier objet finalisé, tandis que les dernières retouches ont concerné l’écriture du scénario. Le film a été entièrement réalisé en télétravail, preuve d’une cohésion technique et artistique impressionnante.


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