Le duo mystérieux venu des États-Unis, Bad Flamingo, revient hanter nos nuits avec “Hold Up the Lighter”, un titre aussi envoûtant qu’élégamment vénéneux. Ici, l’indie rock se teinte d’un groove lent et hypnotique, caressé par des guitares brumeuses et une voix soyeuse, presque spectrale. On y retrouve ce mélange de sensualité trouble et de minimalisme maîtrisé qui fait la signature du groupe, mais avec une intensité plus crépusculaire encore. Exit les grands paysages de l’Ouest américain : place à une ruelle moite, où l’on attend à minuit, cœur à vif et briquet levé.
« L’amour est un poison, une maladie qui ne se transmet pas » chantait Matt Matteo dans J’aimerais voir le monde. Ici, il ne soigne pas, il fait mal comme une blessure lente et infectée.
La chanson « Hold Up the Lighter » de Bad Flamingo est une lente morsure, une caresse obscure où l’amour et l’obsession se fondent dans une nuit sans fond. Elle explore la pulsion sentimentale non pas comme une émotion douce ou romantique, mais comme une fièvre, un besoin viscéral qui rôde. L’image du vampire n’est pas une simple métaphore esthétique : elle évoque cette manière qu’ont certaines passions de ronger, de hanter. L’autre devient une dépendance, une fixation nocturne, un feu qu’on alimente soi-même, même quand il brûle trop fort. On n’aime pas ici, on désire au bord du gouffre.
Ce qui rend ce morceau singulier, c’est qu’il ne cherche pas à guérir ou à expliquer : il constate. Il met en scène une silhouette figée dans l’attente, dans l’ombre, entre attirance et damnation. Le sentiment amoureux n’est pas idéalisé : il est brut, presque animal. Comme chez Baudelaire, la passion prend la forme d’un poison délicieux, d’un fléau volontairement entretenu. Le « vampire bite », c’est la marque laissée par un lien qu’on ne maîtrise pas, mais qu’on continue de chercher. Et dans ce clair-obscur où la lumière d’un briquet devient le dernier refuge, Bad Flamingo signe une chanson qui dit ce que beaucoup taisent : que certains sentiments sont plus forts que la volonté, et qu’on les embrasse même quand ils nous consument.
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