Reflet dans un diamant mort est un hommage à une époque et aux Eurospy. C’est un collage hypnotique de références, un jeu de miroirs fragmentés où la mémoire décline et la réalité vacille. Le film brille par son esthétique kaléidoscopique, entre illusions d’Op Art, écriture stéréoscopique à la Satoshi Kon et mélancolie cinéphile. Fabio Testi incarne un passé décomposé, tandis que la Côte d’Azur devient le théâtre de toutes les perceptions. Un objet sensoriel rare, entre hommage et hallucination.
« Reflet dans un diamant mort » est un hommage à une époque et aux Eurospy. C’est une suite de pastiches et de scènes vues et revues, mais montrant aussi une mémoire qui décline et les troubles de la perception de la réalité.

Présenté en compétition à la dernière Berlinale, le film marque le retour du tandem Cattet–Forzani, onze ans après Laissez bronzer les cadavres. Fidèles à leur univers baroque et sensoriel, les deux réalisateurs poursuivent ici leur quête du cinéma-caméléon, qui ne copie jamais, mais reflète, détourne, fracture — comme un diamant aux mille facettes. Car ce diamant du titre n’est pas qu’un symbole ; il est aussi la structure du film : chaque angle en révèle une perception, chaque face reflète une époque, un genre, une illusion.
Le film assume ses racines : celles du cinéma d’espionnage européen des années 60, entre James Bond et ses dérivés transalpins, les fameux « Eurospy ». Mais le pastiche se teinte d’un regard plus mélancolique, presque spectral. Fabio Testi, icône vieillissante au regard fendu de souvenirs, incarne cette mémoire fragmentée. Son costume blanc évoque Sean Connery autant que Dirk Bogarde dans Mort à Venise. La Côte d’Azur, envoûtante et irréelle, devient à la fois décor et personnage, théâtre d’un effacement progressif, d’une perte de repères.
L’écriture stéréoscopique, inspirée de Satoshi Kon, déconstruit la linéarité du récit pour faire jaillir des strates mentales et oniriques. On pense aussi à The Father de Florian Zeller dans la manière dont la désorientation du héros devient expérience sensorielle pour le spectateur. L’illusion se prolonge jusque dans l’esthétique : jeux d’optique issus de l’Op Art, inserts cliniques et chorégraphies déstructurées, notamment avec Serpentik (Thi-Mai Nguyen), issue du hasard, mais parfaitement fusionnelle à cet univers.
Un film sensoriel où tout semble envahissant comme le toucher ou encore les bulles qui pétillent devenant aussi séduisante qu’une jeune femme fantasmée par un héros sur le départ.
Entre hommage, hallucination et désintégration, ce quatrième film signe à la fois la continuité et la mue d’un duo qui explore depuis toujours les confins du regard. Hypnotique, instable et résolument cinéphile.
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25 juin 2025 en salle | 1h 27min | Action, Thriller
De Hélène Cattet, Bruno Forzani |
Par Hélène Cattet, Bruno Forzani
Avec Fabio Testi, Yannick Renier, Koen De Bouw
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