Écrite et enregistrée en une seule journée, Crack in the Screen est une chanson brute, directe, née d’une rupture encore fraîche. Girl Time y livre un moment suspendu, où l’émotion affleure sans fard, portée par un solo de guitare signé Aaron Mullan, venu renforcer l’intensité à mi-parcours. L’univers visuel, imaginé par Milana, la sœur du chanteur, complète ce tableau intime. Originaire de Californie, le duo frère-sœur mêle avec subtilité dream pop, lo-fi et indie rock, avec des harmonies aériennes et des riffs simples, mais poignants. Une musique où chaque détail résonne longtemps.

Une rupture entre douceur lo-fi et tensions grunge : Girl Time frappe juste avec Crack in the Screen

Il y a dans cette chanson une manière pudique, presque désabusée, de parler de la douleur sans jamais tomber dans le larmoyant. Girl Time choisit ici une posture étrange, où l’émotion est palpable, mais filtrée par une sorte de voile grunge : une distance froide, rugueuse, qui évoque cette époque où même les cris étaient chantés à voix basse. Les guitares, discrètes, mais chargées, rappellent cette version de The Man Who Sold the World par Nirvana : un calme électrique, un chaos maîtrisé. Ce n’est pas une plainte, c’est une brèche. Et dans cette brèche, une sincérité brute, sans mise en scène.

Ce qui frappe, c’est la manière de traiter les sentiments comme des échos flous, presque enfouis, qu’on ne nomme jamais vraiment, mais qui s’imposent malgré tout. On n’est pas dans l’exposé, on est dans le glissement. Dans cette chanson, la culpabilité, le deuil d’une relation, les attentes déçues sont évoqués sans qu’on sache vraiment si l’on doit compatir, s’en vouloir ou juste se taire. L’écriture suit ce même flou : des images concrètes, comme autant de petits bugs du quotidien, viennent prendre la place des grands discours. Et c’est là que réside sa force : dans cette façon unique de dire l’indicible en refusant le pathos, mais en l’assumant pleinement.

Un vrai coup de cœur pour cette proposition digne d’une soirée de mélancolie adolescente !